Petits-yeux voient loin, grands-yeux voient rien


Le contexte se prête à certaines réflexions sur les relations entre la Chine et Mada­gascar. Certes, généraliser, mettre tous les Chinois dans le même sac serait erroné et nous trompe nous-mêmes. Les relations entre la Chine et Madagascar ne datent pas des dernières décennies. L’histoire de notre pays, son évolution ont été indirectement liées à celle de la Chine. Notons par exemple les communautés chinoises implantées depuis des générations dans notre pays au point qu’elles se sont totalement intégrées dans la population. Il suffit de voir le métissage d’hommes et de femmes dans la partie Est et au centre de l’île. Notons également que ces familles tiennent un rôle important dans la vie sociale et économique de ces zones et de Madagascar en général. Nous pouvons aussi nous rappeler des choix politiques faits par nos dirigeants en s’inspirant du livre rouge de Mao. Aussi, l’histoire de Madagascar est directement ou indirectement liée à la Chine. Ce que notre pays représente pour ce mastodonte est une autre question car la réciprocité n’est pas toujours vraie. Que signifie la présence de la Chine pour Madagascar  ? Que veut faire la Chine à Madagascar ?  Et plus précisément : Qu’est-ce que la Chine veut faire de Madagascar   ? Bras de fer entre les politiciens concernant les projets présidentiels, la question des marchands de rue, des histoires mouvementées concernant des exploitations minières : la Chine ou plus précisé­ment certains Chinois sont dans le collimateur. On se souvient encore de ces grèves contre les conditions de travail dans des entreprises chinoises qui sont toujours d’actualité. Beaucoup d’opérateurs chinois présents dans la Grande île sont perçus comme des délinquants, sans foi ni loi. Être embauché chez des Chinois c’est se préparer à de multiples abus et aux pires conditions de travail. Différence de mœurs dira-t-on   Les Chinois sont de grands travailleurs qui ne connais­sent ni limite, ni horaires, ni normes alors que les Malgaches sont adeptes du « moramora » (doucement, procrastination). L’opinion générale est très mitigée par rapport aux nouvelles vagues de businessmen chinois car pour les observateurs ils ne suivent aucune règle : ni dans les constructions, ni dans les lois qui régissent le pays et encore moins dans les relations humaines. Contrairement aux vagues de migrants qui ont fusionné avec la population locale, ces nouveaux arrivants agiraient comme s’ils étaient en terrain conquis. Toujours au sujet de Soamahamanina, ce n’est pas le premier cas et d’autres mouvements ont existé. Rappelons par exemple les péripéties d’une entreprise chinoise qui allait saccager les tombeaux d’une des collines sacrées de l’Imerina sis à Ambohi­manambola. Ce qui se passe à Soamahamanina cristallise le ras-le-bol d’une population frustrée par rapport à des opérateurs étrangers qui se comportent comme des conquistadores. Dans une situation politique et sociale très tendue, l’affaire Soamahamanina est un baril de poudre qui risque d’exploser à tout moment. Malheureusement, les autorités malgaches semblent ne pas en prendre conscience et les autorités chinoises à Madagascar ne prennent pas toutes les mesures nécessaires pour calmer les esprits. La Chine peut si elle veut. Elle est présente dans tous les secteurs à Madagascar alors qu’elle ne se montre pas vraiment en comparaison avec les autres pays qui sont présents dans la grande île. Pour moi, elle adopte cette stratégie de l’autruche et du fantôme pour deux raisons probables: soit elle est indifférente par rapport à ce qui se passe ou par rapport à ce que deviendra ce pays ; soit ce qui se passe arrange la Chine et contribue à ses visées en Afrique. La Chine peut, si elle veut, quand elle veut. Reste à savoir ce qu’elle veut pour Madagascar.De l’autre côté, les dirigeants malgaches n’ont jamais eu un discours de partenariat envers la Chine. Les maintes dérives ici et là faites par les opérateurs chinois n’ont jamais connu de vraies réactions de notre part. Qui ne dit mot consent ! Le jour où Madagascar, par le biais des personnes qui sont censées être responsables de son avenir, aura le culot et la force de définir avec la Chine une vraie stratégie de collaboration et de partenariat, la vraie relation gagnant-gagnant pourra commencer. Par Mbolatiana Raveloarimisa
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