Mamitiana Rajaonarison - « La défiance de la population s’accentue»


Le directeur de Bianco Toliara souligne le manque de confiance de la population envers des instances locales du pouvoir, l’amenant à signaler tous faits jugés comme abusifs. LES gens tendent actuellement à signaler toute forme de situation, de faits ou de décision qu’ils jugent abusifs ou délictueux. C’est en substance l’essentiel du constat de Mamitiana Rajaonarison, à la tête de la branche territoriale du Bureau indépendant anti-corruption (Bianco) Toliara, depuis le 2 mars 2018. « Par peur d’être abusés ou se sentant déjà victimes de formes d’abus, une culture de signalement au Bianco commence à prendre place. Ils dénoncent, même si ce sont des faits n’ayant pas trait à des corruptions » explique-t-il. En 2019, sur les cinq cent cinquante doléances reçues, 31% soit cent soixante onze dossiers sont investigables, c’est-à-dire, ayant trait à de la corruption. « Un chiffre en hausse car en moyenne, les dossiers investigables se situent à 20%. Les secteurs les plus décriés concernent les Collecti­vités territoriales décentralisées (CTD), l’Education nationale, la Gendarmerie nationale, le service foncier, la Justice, les services régionaux de l’Intérieur et le secteur de l’Environne­ment » précise le directeur. Pour les CTD, les plaintes investigables retiennent les détournements de deniers publics, les corruptions ou encore le non paiement des salaires. « On remarque une hausse de doléances à l’approche des élections » fait-il remarquer. Le rapport 2019 du département de lutte contre la corruption de l’ex-province de Toliara retrace les qualités des personnes soupçonnées pour ces secteurs décriés. Des magistrats, des hauts fonctionnaires, des fonctionnaires, ceux de l’administration fiscale, des élus, des dirigeants sociaux, des ordonnateurs et comptables publics et des responsables du Dinabe y sont cités. Le directeur rapporte toutefois une nette amélioration dans les efforts des partenaires à contribuer à la lutte contre la corruption. Faire-faire « Je citerais entre autres la suite que la Gendarmerie ou encore la direction régionale de l’Education nationale, donne aux doléances transmises par le Bianco. L’université de Toliara a également fait appel à l’appui du Bianco pour assainir l’organisation des examens. Des descentes dans seize districts sur les dix-sept que compte la circonscription de la branche territoriale du Bianco Toliara, ont été réalisées. Toutefois, le grand défi pour nous reste le problème d’enclavement. Les doléances dans la région Anosy par exemple sont encore à envoyer ici à Toliara. Une situation de non- proximité décourageante pour les lanceurs de signalements » développe le directeur. Il est constaté que ceux qui se sentent abusés ou ceux qui ont ressenti des faits de corruption dans les communes éloignées tendent vers un règlement à l’amiable au sein de la communauté même. « La solution alternative reste en effet l’approche faire-faire . Une approche qui engage la responsabilité des diverses instances à organiser elles-mêmes, des actions de lutte contre la corruption sans attendre celles du Bianco. Des départements sont à pied d’œuvre pour rendre la lutte importante » détaille Mamitiana Rajaonarison. Le faire-faire dans l’opérationnalisation de comités mixte de sécurité routière dans l’Anosy et l’Androy entre autres, attend des actions concrètes.
Plus récente Plus ancienne