Dépénaliser n’est pas banaliser


Debout devant un parterre de grands bonnets de ce pays, elle avait un charisme digne d’un président de la République. Ces mots transperçaient le silence de la salle de l’Assemblée Nationale comme le tonnerre dans le ciel: ça frappe, ça brille, ça fait peur et en même temps cela subjugue. À la voir, elle n’avait pas plus de vingt-cinq ans, mais elle tenait un discours si profond qu’on se demande comment elle a pu le dire. Elle, c’est une jeune universitaire qui était là, devant nous pour défendre son texte afin de lutter contre les violences faites aux femmes à Madagascar. Elle était l’une des portes paroles de l’Université d’Antsiranana. Elle a osé dire ce qu’elle pensait et défendre ce qu’elle juge comme juste pour les femmes malgaches. Ne serait-ce que pour cela, elle mérite largement un texto. On dit que la société n’est pas prête. Pourtant, les faits sont différents. Comme elle le dit si bien. C’est une situation plutôt alarmante qui qualifie l’avortement d’acte criminel puni par la loi, plus précisément le Code pénal qui date de la période coloniale. Si nous nous référons à son article 317...quelle hypocrisie! Et dire que l’avortement est strictement pénalisé par la loi. En voilà une théorie. Toutefois des médecins font de profits en cachette pour pratiquer l’avortement clandestin non sécurisé. Une vraie source de profit pour certains, un vrai cache-cache entre la vie et la mort pour certaines. Une loi ne doit-elle pas être forcément juste ? La loi saurait-elle perdre son sens, sa valeur, sa raison d’être ? La réalité saurait-elle dépasser la loi ? Une loi qui ne colle plus aux réalités de la société n’en est plus une. Quand la société évolue, la loi doit accompagner cette évolution. Logique ! C’est ainsi que la loi interdisant l’avortement est une loi injuste. Ne connaissant aucun assouplissement, elle est restrictive de la femme à disposer de son corps. Cette loi fait plus mal que l’avortement lui-même ! Pensant protéger la santé publique par la pénalisation de l’avortement, mais ce qui se passe en réalité est le contraire. C’est empoisonner la santé publique. Cette loi, l’article 317 du Code pénale : on la nommerait la meilleure des lois, une vraie norme paradisiaque si elle n’avait pas à risquer la vie des femmes. Faute de quoi, elle n’est pas adéquaté à la réalité et n’a plus aucun sens. C’est ainsi, mesdames et messieurs, Madame la Présidente de l’Assemblée Nationale ; nous ne cherchons en aucun cas à le dépénaliser pour le banaliser. Car il s’agira toujours pour les femmes de faire le maximum pour ne pas avoir à vivre un avortement. Dépénaliser l’avortement ne s’agirait pas pour autant d’ouvrir une porte perverse naturelle à Madagascar. Mais il s’agit de protéger la femme en cas de besoin. De ne pas avoir à vivre une grossesse non désirée et pour qu’elle n’ait plus besoin de se cacher pour avorter et pour que l’opération ne s’effectue plus dans des milieux non spécialisés. Mais il s’agit ici de le dépénaliser pour mieux l’encadrer. Ainsi, il sera autorisé mais sous certaines conditions. Personnellement, j’ai adoré la force, le courage que cette jeune demoiselle a dégagé. Il en était de même pour son coprésentateur. Un grand bravo à l’université d’Antsiranana pour les perles qu’elle est en train de cultiver. Espérant qu’un jour, on aura pour de vrai dans l’hémicycle de telles puissances pour défendre réellement des lois. Des députés en herbe et cette fois ci, de bonnes herbes !
Plus récente Plus ancienne