Administration - Trois inspecteurs d’État sur un siège éjectable


Trois inspecteurs généraux d'État accusés de non respect des règles du métier sont passés devant le conseil de discipline, lundi. Au final, leur sort a été remis à la discrétion du chef de l'État. Onze heures. C'est le temps qu'a duré l'audience du conseil de discipline (Codis), de trois inspecteurs général d'État, à Iavoloha, lundi. Les trois hauts fonctionnaires sont accusés de ne pas avoir respecté les préceptes du métier, notamment, l'obligation de réserve. « La radiation », a été proposé par le rapporteur général du Codis. « Au final, aucune des charges retenues contre les inspecteurs généraux d'Etat n'a été prouvée », a déclaré maître Willy Razafinjatovo, avocat de la défense durant l'audience d'Iavoloha. À entendre ses explications, toutefois, le conseil de discipline de lundi, devrait tout de même impacter la carrière des trois hauts fonctionnaires. La délibération à l'issue des onze heures d'échanges a décidé qu'« il est proposé que les trois inspecteurs d'État fassent l'objet d'une mutation d'office. Cette proposition sera remise au président de la République qui tranchera ». Selon maître Razafin­jatovo, la décision du conseil de discipline « convient à mes clients car, cela fait près de deux ans qu'ils demandent une affectation, ne pouvant plus travailler avec le directeur général par intérim (DGPI) de l'IGE [Inspection générale de l'État] (…) ». Le service de contrôle financier, serait proposé pour accueillir les trois inspecteurs. Dirigé par le général Roger Ralala, secrétaire général de la présidence de la République, le Codis de, lundi, s'est érigé pour statuer sur le sort de trois inspecteurs d'État, suite à la parution d'un dossier « extrêmement », sensible, paru dans la presse, en avril. Le dossier publié par certains journaux présente « une note de vérification », en date du 29 octobre 2015, selon l'entête du document, rempli à la main par les inspecteurs et relatant leur entretien avec le maire de la commune d'Ambohimaha­masina, sise dans la région Haute Matsiatra. Vérité Un rapport qui accable de manière « nominative », Solonan­drasana Olivier Mahafaly, ministre de l'Intérieur à l'épo­que et Claudine Razaima­monjy, opératrice économique réputée proche de la présidence de la République. Selon le document publié par la presse, « en 2014, une somme de 396 492 444 ariary a été versée par le ministère de l’Intérieur et de la Décentra­lisation dans le compte de la commune rurale d’Ambohima­hamasina », dans le cadre « d'une subvention exceptionnelle ». Le rapport indique qu'interrogé sur les utilisations de cette somme, le maire de la localité a déclaré : « J’ai vu cette somme transiter dans le compte [de la Commune rurale] le 20 octobre 2014 ». Dans la partie réponse du maire, la « note de vérification », rapporté par certains journaux de la capitale ajoute : « On m’a obligé à virer cette somme au profit d’une personne que je ne connais pas. J’ai refusé, mais il y a eu une pression par téléphone de la part du ministère de l’Intérieur en la personne du ministre de l’Inté­rieur et de la Décentra­lisation [le Premier ministre Mahafaly]. (…) Je tiens à préciser que c’est madame Claudine qui m’a appelé pour me dire d’effectuer le virement mais je n’ai pas accepté. C’est après que monsieur le ministre m’a sommé de respecter ses ordres ». Peu avant le remplacement du général Jean Ravelo­narivo, ancien Premier ministre, une information, selon laquelle, Claudine Razaimamonjy aurait fait l'objet d'une convocation pour comparaître devant l'IGE et a refusé de s'y soumettre, s'est fait insistante. Au lendemain de la parution du document dans la presse, Solonandrasana Olivier Mahafaly a, cependant, « formellement », démenti les affirmations des publications, soutenant qu'« il s'agit simplement d'acte de dénigrement ». Selon les explications de maître Razafinjatovo, ses clients sont soupçonnés d'avoir remis la « note de vérification », à la presse, mais aussi, de ne pas avoir respecté la procédure qui impose de remettre le rapport, entre autres, au directeur général de l'IGE. « Durant l'audience nous avons plaidé non-coupable. D'abord mes clients n'ont communiqué aucune information à la presse. Ensuite, le rapport a été remis au DG par intérim, mais également à la présidence de la République et à la primature », soutient Maître Willy Razafinjatovo. Ce dernier affirme, du reste, qu'« à aucun moment, durant le Codis, la véracité des faits relatés par le rapport des inspecteurs d'État n'a été contesté ». Garry Fabrice Ranaivoson
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