10 août 1991 - Une commémoration dans l'indifférence


Le souvenir du 10 août 1991 pourrait se dérouler dans l'indifférence générale. Des courants politiques actuels semblent, toutefois, vouloir s'en inspirer pour se hisser au pouvoir. Inaperçue. Bien que faisant partie des dates marquantes de l'histoire contemporaine du pays, cette journée du 10 août devrait se dérouler dans l'indifférence générale. Aucun événement, du moins, officiel et public n'est prévu aujourd'hui, pour commémorer « la grande marche pour la liberté », de 1991. Selon Robert Randriamanjarisoa, préfet de police d'Antananarivo, hier, « jusqu'ici aucune demande d'autorisation pour une quelconque cérémonie ou acte de commémoration de la date du 10 août 1991, n'a été reçue à la préfecture ». Ce qui indique que les acteurs politiques, eux, montrent peu d'engouement à marquer l'événement. Ce jour là marque, pourtant, le tournant du mouvement populaire conduit par le « Herivelona Rasalama », avec les Albert Zafy, Manandafy Rakoto­nirina, feu le pasteur Richard Andriamanjato et feu Jean Rakotoharison, en tête, entre autres. Une initiative dont l'objectif était de démettre du pouvoir Didier Ratsiraka, ancien président. Galvanisés par une foule immense de contestataires assidue sur la place de l'indépendance, à Analakely, les meneurs de la lutte décident alors, d'organiser « une grande marche pour la liberté », vers Iavoloha, le 10 août 1991, afin de déloger l'amiral où il s'y est fait construire un palais. Une initiative qui s'est soldée par un carnage ayant fait plusieurs dizaines, voire des centaines de morts et de blessés graves, bombardés par des grenades depuis un hélicoptère à bord duquel on entendait la voix de l’ancien président Didier Ratsiraka donnant des ordres. Discret Si la commémoration du 10 août devrait être discrète, certains courants politiques semblent, depuis  quelques semaines, vouloir s'inspirer de la démarche et du cheminement du « Herivelona Rasalama », en 1991. Cela dans l'optique d'évincer l'actuel chef d'État ou, du moins, réduire considérablement ses pouvoirs à leur profit. Lors d'une conférence de presse, vendredi, l'Amicale des anciens conseillers supérieurs et sénateurs (ACS), figurant parmi cette tendance politique séditieuse avance, par exemple, comme solution « une convention à l'instar de celle du 31 octobre 1991 pour mettre en place une nouvelle structure ». La convention de 1991 avait maintenu Didier Ratsiraka au pouvoir mais, avec des attributions grandement réduites au profit d'une Haute autorité de l'État. Face au scénario qui se dessine, actuellement, certains observateurs soutiennent qu'« il faudrait que nous sachions tirer les leçons du passé ». Lors d'un échange sur les réseaux sociaux, un analyste politique déplore le fait que « depuis 1972, en passant par 1991, 2002 et 2009, il semble que nos politiciens n'aient acquis comme culture politique que celle d'évincer des dirigeants par la force d'une révolte, de l'argent et même par le sang ». Garry Fabrice Ranaivoson
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