Pour l’amour de soi


Dans la société malgache et dans beaucoup de sociétés, divorcer, surtout pour les femmes, est une honte. De nombreux adages qui datent d’on ne sait plus quand véhiculent l’idée que le mariage et la vie de couple sont une croix qu’il faut porter quoi qu’il en coûte. On peut comprendre en cela que peu importe les horreurs que peuvent vivre l’un comme l’autre (surtout la femme), divorcer est hors de question. Mais hors de question pour qui ? Pourquoi ? Pour qui ? Généralement pour les parents, les membres de la famille car ce serait une honte pour eux aux yeux de la société. Pourquoi ? Car les religions, notamment les religions des livres imposent que les femmes doivent être soumises à leurs maris …peu importe le prix. Des fois, on met cela sur les dos des enfants. Quand les « grandes personnes » veulent encore plus nous culpabiliser de ne pas vouloir continuer de mourir à petit feu, il y a la fameuse phrase « Ny ankizy jerena e ! » traduit « Préservez les enfants !» Un célèbre coach sur la loi de l’attraction disait lundi dernier qu’il y a des signes qui vous disent qu’il est temps de lâcher prise et d’arrêter de se battre pour une relation. Comme lorsque vous ne pouvez plus rester vous-même et que changer est une stratégie pour ne pas empirer les choses ou éviter de froisser l’autre, les autres. Comme lorsque la seule chose qui vous retient est la peur de partir, la peur de l’autre, la peur des autres et ce qu’ils pourront dire sur vous, penser de vous. Comme lorsque vous n’êtes plus surpris de leur comportement, mais que vous êtes juste fatiguée pour vous faire entendre et faire entendre votre détresse. Ne soyez plus dans l’attente. C’est bien de vouloir sauver un bateau qui coule, mais il n’est pas question de couler avec. Aucun enfant élevé dans une famille pleine de violence et/ou d’hypocrisie ne peut s’épanouir sainement. Les enfants voient et sentent les tensions même si les parents font la mascarade, la guerre froide. Et aucun enfant ne souhaiterait voir ses parents se sacrifier et se ruiner l’âme pour être juste présents sans être vivants à leurs côtés. Si enfant, on m’a donné le choix de voir mes parents se séparer de leur plein gré et pouvoir s’épanouir sans se ruiner, j’aurais opté d’une manière lucide pour ce choix-là. Car le temps passe mais les séquelles de toutes ces violences restent et ont fait naître de très grands doutes, de très grandes difficultés sociales. Comme il est bien de voir ces parents qui, pour le respect mutuel qui s’est installé, et le reste d’amour de soi et de l’autre, ont décidé de se séparer sans trop de dégâts. Car il vient pour certains un moment où partir est la seule issue pour l’amour de soi et pour préserver l’autre. Ces personnes qui ont mal mais qui ne veulent pas se faire, faire plus de mal à l’autre encore plus. N’est-il pas temps de changer les lois sur le mariage et le divorce à Madagascar pour permettre une séparation par consentement mutuel ?
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