CONJONCTURE - Le gouvernement rejette toute idée de Transition


La porte-parole du gouvernement affirme que l’État n’a qu’un agenda politique dans le viseur, la présidentielle. Elle balaie d’un revers les allégations concernant une éventuelle Transition avant l’échéance électorale. Un veto. Ce terme résume la déclaration de Lalatiana Rakotondrazafy Andriaton­garivo, porte-parole du gouvernement, hier, durant un point de presse, à Anosy. D’entrée, la ministre de la Communication et de la culture affirme que l’Exécutif “n’a nullement l’idée de mettre en place une Transition”. Sur sa lancée, la porte-parole affirme que toutes les allégations sur le cheminement vers une Transition, avant la présidentielle, impliquant le président de la République, les tenants du pouvoir “sont archi-fausses”. Lalatiana Rakoton­drazafy Andriatongarivo assure que le gouvernement “n’a pas d’autres agendas majeurs, sur le plan politique, que l’élection présidentielle”. Elle se réjouit, au passage, que l’agenda gouvernemental et celui de la délégation de l’Union européenne (UE), coïncident. Durant une conférence de presse, lundi, à l’occasion du lancement de la semaine de l’Europe, Isabelle Delattre Burger, ambassadrice de la délégation de l’UE, s’est exprimée au sujet de cette Transition qui se chuchote en coulisse. “Nous n’avons pas d’agenda caché. Notre seul agenda est la démocratie”, a-t-elle entre autres déclaré. En parlant de démocratie, la diplomate n’a toutefois pas précisé s’il s’agissait d’élection. Ce sont les mots de l’ambassadrice qui ont pourtant déclenché la sortie médiatique de la ministre de la Communi­cation et de la culture, hier. En réponse à la presse au sujet de cette éventuelle Transition, la diplomate a notamment soutenu, “si le gouvernement et les acteurs politiques qui sont, aujourd’hui, dans l’opposition se mettent d’accord volontairement, pas sous notre pression, ou la pression de quiconque pour une Transition ou un gouvernement d’union nationale. Ce sera le choix souverain du gouvernement et des acteurs politiques avec qui il passera un accord”. Scénarios Isabelle Delattre Burger a ajouté, “si le gouvernement estime à un certain moment que c’est le meilleur choix pour le bien de Madagascar, nous soutiendrons les efforts du gouvernement. Mais nous ne faisons pas pression pour une Transition quelconque à ce stade”. Par la voix de son porte-parole, le gouvernement balaie ainsi toute idée de Transition, ou de gouvernement de consensus. “Il n’y a aucune intention de mettre en place une Transition. Le pouvoir est focalisé sur l’organisation de l'élection”, insiste Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo, en s’interrogeant sur les motifs légaux ou légitimes qui pourraient justifier la mise en place d’un éventuel système exceptionnel. “Certes, nous traversons une crise socio-économique, comme dans le reste du monde, mais il n’y a pas de crise politique à Madagascar”, lance-t-elle. Un avis partagé par l’ambassadrice de la délégation de l’UE. Devant la presse, lundi, Isabelle Delattre Burger a en effet indiqué, “aujourd’hui on peut tout à fait critiquer certaines choses qui ne vont pas dans le pays (...) tout n’est pas rose, mais on ne peut pas dire qu’il y a une crise ouverte comme ça a été le cas durant les années précédentes”. La réponse de la diplomate à la question sur l’idée d’une Transition avant la présidentielle est toutefois troublante et anime les débats dans l’arène politique. Surtout qu’en principe, les occidentaux, l’UE en tête, plaident systématiquement pour la légalité. Seulement, il y a déjà eu un précédent. En 2018, la communauté internationale s’est déjà alignée à un accord politique ayant débouché sur un gouvernement de consensus, avant l’élection présidentielle. De sources concordantes, l’idée de mettre en place une Transition serait effectivement en discussion, “dans les rangs de l’opposition”. Le motif est “de mettre en place une Transition pour organiser une élection présidentielle acceptée de tous”. L’idée serait de garantir “la neutralité de l’administration”. À s’en tenir aux différents bruits qui résonnent, plusieurs scénarios sont évoqués chez ceux qui sont favorables à cette “Transition préélectorale”. Il y a certains qui avancent la désignation “d’un président transitoire qui dirigera le pays durant un an”. Il y a d’autres qui parlent “d’un gouvernement d’entente nationale intermédiaire pour les élections”. L’idée de base est de mettre de l’ordre afin d’éviter une éventuelle crise post-électorale, dont la refonte du cadre juridique des élections. Cette éventualité d’une révision du cadre légal électoral pourrait expliquer la posture de la délégation de l’UE. L’Europe qui insiste afin que les recommandations de ses observateurs électoraux soient appliquées. La révision des lois électorales avec en ligne de mire notamment, la transparence et le plafonnement des fonds de campagne. Seulement, un courant de la classe politique voit en une redistribution des cartes au sein de l’Exécutif, une opportunité de briguer “un siège”. L’opinion publique appréhende, justement, qu’un éventuel accord politique ne soit qu’un partage de siège, comme en 2018. Une voie qui a permis une issue apaisée de la présidentielle, certes, mais qui n’a pas permis de corriger durablement et dans l’intérêt général les failles du processus électoral. “Une Transition équivaudrait à spolier le pouvoir souverain de la population à choisir celui qui le dirigera”, plaide la ministre de la Communication et de la culture pour défendre le veto du gouvernement.
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