ANDRY RAJOELINA - “Mon devoir est de garantir le maintien de l’ordre public”


Le président de la République a donné une interview au journal Le Point Afrique. Il a notamment défendu la mesure encadrant les réunions et manifestations politiques. L’État est déterminé à maintenir l’ordre public et à remplir ses fonctions régaliennes sans compromis”. Ce sont les mots de Andry Rajoelina, président de la République, dans une interview publiée dans les colonnes de Le Point Afrique, lundi. Dans cette interview, le locataire d’Iavoloha aborde les sujets brûlants du moment, dont la conjoncture pré-électorale. Une question porte justement sur la mesure encadrant les manifestations et réunions politiques, édictée par le ministère de l’Intérieur et de la décentralisation, en début avril. “En tant que chef de l’État, mon devoir est de garantir le maintien de l’ordre public. Bien que la liberté d’expression soit un droit fondamental, elle ne doit pas être utilisée pour mettre en danger nos concitoyens ou les inciter à la violence”, déclare ainsi Andry Rajoelina. Le président de la République défend qu’en tant que pays démocratique, les libertés fondamentales, y compris la liberté d’expression et de réunion “sont respectées”, à Madagascar. Que les manifestations politiques “sont un droit inaliénable de tout citoyen (...)”. Il insiste néanmoins sur “le respect de l’ordre public et surtout de la loi”, et défend, “comme dans tous les pays, il est important de veiller à ce que ces manifestations ne dégénèrent pas en violences ou en actes de vandalisme (...)”. Les arguments présidentiels ont été repris par Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo, ministre de la Communication et de la culture, durant un point de presse, à Anosy, hier. Une sortie médiatique, notamment, pour répliquer à Isabelle Delattre Burger, ambassadrice de la délégation de l’Union européenne (UE). Limites En réponse à la presse durant une conférence de presse, à Ankorondrano, lundi, la diplomate européenne est revenue sur le communiqué conjoint signé par huit ambassades, y compris celle de l’UE. Une missive publiée début avril, pour affirmer leurs “préoccupations”, face à la mesure édictée par le ministère de l’Intérieur et de la décentralisation. Un édit que les représentations signataires du communiqué estiment contraire au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. “Notre communiqué est très clair et nous ne changeons pas de position par rapport à ce qui a été exprimé dans ce communiqué. Selon nous, les mesures rendues publiques par le ministère de l’Intérieur font peser une menace sur la liberté de réunion publique pour les partis politiques”, a soutenu Isabelle Delattre Burger. Elle reconnaît que restreindre les libertés individuelles dans un souci de préserver l’ordre public est “un droit souverain”, d’un État. Cependant, l’ambassadrice de l’UE ajoute, “ce qui nous a interpellés, c’est le caractère systématique qui tendait à limiter la liberté de manifestation publique. Ce qui m’a aussi alerté, c’est que, certes, c’est la législation malgache, mais elle vient quand même contredire les engagements de Madagascar qui a ratifié en 1971, le pacte sur les droits civils et politiques. Or, la base juridique mise en avant par le MI est une ordonnance qui date de 1962. Pour nous, un engagement international de 1971 doit primer (...)”. En réponse au communiqué conjoint des huit ambassades, le ministère de l’Intérieur avait mis en avant une ordonnance datant de 1960, modifiée en 1962. La première dispose que des autorisations préalables sont nécessaires aux réunions publiques. La version modifiée y ajoute une définition d’une manifestation sur la voie publique. Devant les journalistes, hier, la ministre Rakotondrazafy Andriatongarivo a par ailleurs mis en avant l’article 10 de la Constitution. Cet article limite l’exercice des libertés d’opinion et d’expression, entre autres, “par l’impératif de sauvegarde de l’ordre public, de la dignité nationale et de la sécurité de l’État”. La porte-parole du gouvernement ajoute que le droit positif malgache n’est pas contraire au Pacte international signé en 1971, en relatant les limites à ces droits indiqués dans ses articles 19 à 22. “Il n’appartient pas à la communauté internationale de dire si une loi malgache est obsolète ou pas”, assène-t-elle par ailleurs.
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