Détention préventive à perpétuité


Pourquoi pas ? L’annonce faite par le ministre de l’Environnement en conférence de presse cette semaine à la fois surpris et enchanté. Les trafiquants de faune et flore peuvent avoir une liberté provisoire contre la remise de divers équipements au ministère genre GPS, bicyclettes et costumes. Un système qualifié de transaction avant jugement et parfaitement légal selon le ministre. En quelque sorte, une liberté sous caution en nature. Pour certains genres de trafics, le code douanier prévoit des négociations avec le coupable. Le trafiquant peut rester libre s’il paie le quadruple du montant saisi s’il s’agit par exemple de devises. S’il refuse de s’acquitter de cette somme, la douane envoie le dossier au tribunal. En revanche, la transaction avant jugement semble toute neuve concernant le trafic des espèces protégées. C’est la première fois qu’un ministère a recours à cette pratique. Il faut dire qu’elle est à double tranchant. Elle peut effectivement constituer une bonne ressource en matériel pour le ministère dont le budget est juste dérisoire. Il faut donc rentabiliser les trafics surtout s’il s’agit de deux caméléons et d’une libellule à l’image de ce Chinois arrêté à Ivato et qui a dû remettre quatre-vingt-quatre bicyclettes, vingt-quatre GPS et cinquante-quatre costumes pour retrouver la liberté. L’idée du ministère est de se doter en matériel pour mieux protéger l’environnement et les espèces protégées de plus en plus menacées d’extinction. Le danger ne vient pas seulement des trafiquants mais aussi et surtout de la population locale qui détruit les forêts pour en faire des champs de culture. Dans le Sud, 4700 hectares ont été détruits dans la forêt des Mikeas et l’œuvre de la population et non pas des exploitants miniers. D’un autre côté , l’insignifiance des sanctions fait partie des causes de la multiplication des trafics. Quand on connaît combien les trafiquants vendent une tortue dans les pays d’Asie, la valeur du matériel donné en contrepartie de la partie risque de ne pas tenir la comparaison. Les tortues partent par caisse pour l’Asie sans que les trafiquants soient punis pour l’exemple. Au contraire, avec l’aide d’un scanner aveugle à l’aéroport, les tortues passent allègrement les contrôles et ne sont découvertes qu’à l’arrivée. Tant qu’à faire vaut mieux mettre un tarif forfaitaire de caution de liberté dont le montant sera le plus dissuasif possible. La caution sera directement versée à la caisse de protection de l’environnement. L’idée du ministre n’est donc pas mauvaise étant donné que de toutes les façons pour retrouver la liberté, le trafiquant s’arrangera avec un juge ou un pénitencier. Reste à savoir si le ministère a vraiment le droit de recourir à ce système de transaction avant jugement. Si tel était le cas, on aurait dû l’utiliser depuis longtemps pour désengorger les prisons. Si tous les auteurs de délit mineur avait payé une caution pour rester en liberté, on aurait pu construire des prisons dignes des trafiquants. Cela dit, il est plus que temps de méditer ce système pour régler une bonne fois pour toutes les problèmes carcéraux en l’occurrence le sureffectif, les maladies, le mauvais traitement, la détention préventive à perpétuité, le risque d’évasion massive. En attendant la construction de nouvelles prisons avec l’argent du trafic.
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