Covidentiel


Vide. Ce serait la racine de Covid. Le ministre de la Santé publique a beau affirmé l’année dernière qu’on était loin d’une deuxième vague et que même si tel était le cas, on serait prêt à l’affronter. Des propos à l’emporte-pièce d’un responsable qui venait d’être nommé et qui voulait faire bonne figure. Les faits lui donnent complètement tort aujourd’hui. Finalement on manque de tout. D’infrastructures pour accueillir les malades, d’infirmiers, de médecins, de matériel, de médicaments. Il a suffi de quelques jours pour que tous les hôpitaux et les centres de traitement soient pleins à craquer, pour que l’oxygène soit épuisée, pour que les médicaments soient en rupture de stock, pour que les personnels soignants soient débordés. Cette deuxième vague du variant sud-africain de la Covid-19 met à nu toutes les carences cumulées en soixante ans d’indépendance. Aucun ordre de priorité, aucune vision, aucune perspective. Quand on sait qu’il n’y a que deux professeurs épidémiologistes, on imagine mal comment on peut gagner cette grande bataille contre la Covid-19. On admire le patriotisme des paramédicaux qui ont répondu massivement à l’appel au recrutement lancé par le gouvernement. Les paramédicaux ont déjà gagné leur revanche sur l’État qui avait maté leur mouvement de grève pour réclamer des indemnités promises dans le cadre justement de la lutte contre la Covid-19. Ils ont montré leur utilité en pareilles circonstances. Reste à espérer qu’il s’agit bel et bien d’un élan spontané et patriote face au danger qui menace le pays et non d’un geste de chômeur en herbe poussé par l’appât d’un emploi « covidentiel ». Ce qui aurait pour conséquence un désastre dans le traitement des malades. C’est d’autant plus certain que la plupart de ces paramédicaux ont été formés par des instituts privés dont la plupart ne sont pas homologués par l’État. Ils n’ont donc aucune référence métier. Dans cette situation d’extrême urgence, mieux vaut avoir des retraités bourrés d’expérience que des débutants qui vont vivre leur premier fait d’arme. On ne demande qu’à se tromper. Le fait est que l’insuffisance de spécialistes et de personnels soignants oblige l’État à recruter en masse et dans le tas. La situation est la même que dans le domaine de l’éducation où l’insuffisance d’enseignants a été comblée par le recrutement massif de maîtres Fram dont la qualification laisse à désirer. On connaît où est-ce que cela a conduit le pays. En tout cas, cette initiative n’a pas aidé à réduire le nombre d’illettrés et d’analphabètes estimé à 80 % par les spécialistes. On voit les conséquences aujourd’hui avec une grande partie de la population imperméable à toute sensibilisation sur la Covid-19, sur les gestes barrières, sur la distanciation sociale. On ne peut pas leur en vouloir. Leur niveau d’éducation et de culture fait qu’ils ne peuvent rien comprendre. C’est comme si on demandait à un Chinois de lire et comprendre l’arabe. On a beau dire que la population est ingérable. Certes mais c’est plus par ignorance qu’une mauvaise volonté. Hélas, l’ignorance sert bien les politiciens en période électorale mais tue en pleine pandémie. C’est le revers de la médaille.
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