Graphite - Une belle carte pour Madagascar


Le graphite fait partie des matières premières dont la demande mondiale connait une croissance spectaculaire. Une opportunité que Madagascar doit savoir exploiter durablement. Les géants de la finance, les géologues, les entreprises d’exploration minière et presque tous les pays industrialisés portent aujourd’hui un vif intérêt à un minéral industriel qui, pourtant, a été négligé depuis des décennies. Ne vous méprenez pas, ce minéral dont il est question n’est pas le lithium ou les terres rares, mais bien le graphite. Il se trouve pourtant que Madagascar fait partie des pays dont le sous-sol est riche de cette matière qui revêt désormais une importance stratégique pour les industriels, notamment ceux qui opèrent dans la fabrication des véhicules électriques. Il n’est donc pas surprenant de voir les entreprises minières étrangères s’activer sur la Grande Ile pour passer à la phase de production. La compagnie australienne BlackEarth Minerals prévoit ainsi cette année d’achever l’étude de faisabilité définitive (DFS) pour son projet de graphite à Maniry, dans le sud du pays. Dans une annonce, la compagnie a fait état d’une opération de placement d’actions qui lui permettra de mobiliser 6,8 millions de dollars australiens (4,8 millions USD) qui serviront, entre autres, à boucler les derniers travaux de l’étude. La direction de cette entreprise minière a déclaré que suite au rapport rendu public sur l’avancement du projet Maniry, ainsi qu’à l’amélioration significative des données financières, un intérêt substantiel pour le projet de la part d’investisseurs institutionnels locaux et étrangers a été constaté. Mise en service en 2023 Le plan de développement retenu consiste en une exploitation en deux phases sur une durée de vie de 10 ans. La première phase devrait produire environ 30 000 tonnes par an de graphite au cours des trois premières années d’exploitation, tandis que la seconde portera le volume à 60 000 tonnes par an dès la quatrième année. BlackEarth Minerals programme également pour cette année l’obtention des permis réglementaires et la recherche de financement. L’entrée en service de l’usine de traitement est quant à elle prévue pour l’année 2023. De son côté, NextSource Materials accélère la cadence pour acter l’entrée en production de la mine de graphite Molo au troisième trimestre 2022. Le projet a connu un certain retard qui, selon son promo­teur, n’influe pas sur les plans à long terme dont l’objectif est de profitersur la durée du boom sur le marché des véhicules électriques.Une évaluation économique préliminaire pour la phase 2 de développement de la mine ayant déjà été effectuée. La compagnie minière canadienne table ainsi sur une production annuelle de 150 000 tonnes de concentrés de graphite SuperFlake (dont la pureté en carbone peut aller à 98 %, voire 99,97 %). La durée de vie de la mine est évaluée à vingt-six ans et pour concrétiser son potentiel, il faudra investir 155,8 millions USD. Le projet prévoit en retour une valeur actuelle nette de 612,6 millions USD après impôts, avec un taux de rentabilité interne de 32 %, sur la base d’un prix moyen de 1 231 USD la tonne. Selon l’état actuel et à moyen terme du secteur, la deuxième phase du projet Molo peut faire de NextSource le plus important producteur de graphite de Madagascar. En effet, selon les projections, sa capacité de production annuelle pourrait dépasser celles des deux autres opérateurs que son t Tirupati Graphite (30 000 tonnes dès cette année et 84 000 tonnes d’ici 2024) et Green­- wing Resources (6 000 tonnes). « Une expansion de cette ampleur positionnera NextSource comme un fournisseur mondial majeur et soutiendra notre stratégie d’intégration verticale  », s’enthousiasme l’entreprise qui collabore avec des sociétés basées en Asie qui usinent des anodes de batteries permettant de produire du graphite sphérique purifié. À savoir qu’il faut jusqu’ à 70 kg de concentrés de graphite pour un véhicule électrique. Les besoins varient de 5 g pour un smartphone à 90 g pour un ordinateur portable. Selon la plateforme africaine d’information Africa Exclusive, Madagascar a une belle carte à jouer sur l’échiquier mondial du graphite mais doit renforcer son attractivité pou r ne pas laisser les concurrents régionaux, notamment le Mozambique, le surpasser en captant davantage d’entreprises. La Grande île doit aussi trouver les moyens d’augmenter ses revenus issus de l’exploitation du graphite sans pousser les investisseurs à se tourner ailleurs.
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