Or saisi aux Comores - Onze expéditions depuis septembre


Le procureur de la République du tribunal de Moroni donne des détails sur l’affaire de l’or saisi le 28 décembre. Il parle de “onze opérations illicites”, de septembre à décembre, au départ de Madagascar. Effarant. “Onze opérations illicites”, pour faire passer de l’or jusqu’à Dubaï, en passant par les Comores, “entre septembre et décembre 2021”. Telle est la révélation faite par Ali Mohamed Djounaid, procureur de la République près du Tribunal de première instance (TPI), de Moroni. Il précise que le point de départ de la cargaison de métal jaune durant ces «opérations illicites», est Madagascar. Le procureur Ali Mohamed Djounaid s’est exprimé sur l’affaire des 49 kilos d’or qui, plus précisément, ferait un peu plus de 50 kilos, le 6 janvier. Une sortie médiatique rapportée par le journal Al-watwan, samedi. Le magistrat a, notamment, parlé du mode opératoire des présumés trafiquants. Le trafic implique, vraisemblablement, un large réseau opérant à Madagascar et aux Comores. Et avant l’opération stoppée, à l’aéroport international de Moroni prince Said Ibrahim (AIMPSI), le 28 décembre, il y a eu dix autres qui se sont déroulées sans encombre, rien que sur la période de septembre à décembre 2021. Il est probable alors que d’autres exportations illicites de plusieurs kilos d’or se sont produites avant cette période indiquée. Dans la liste des trois personnes arrêtées à l’aéroport de Moroni, figurent en effet deux Malgaches déjà fichés comme présumés trafiquants d’or. Faizara Pacheco Azali et Stenny Andrianantenainambinitsoa, qui sont actuellement en détention préventive aux Comores, font l’objet d’un avis de recherche à Madagascar, depuis janvier 2020. Les deux larrons sont dans la liste des membres d’un réseau de présumés trafiquants ayant effectué la tentative d’exportation illicite de 73,5 kilos d’or saisis à l’aéroport de Johannesburg, Afrique du Sud, le 31 décembre 2020. La destination finale de cette cargaison d’or devait être Dubaï, tout comme celle saisie à Moroni dernièrement. “L’enquête déterminera si cet or vient de Madagascar ou non. Si ces personnes [qui ont été arrêtées aux Comores] ont réellement fait le va-et-vient à Madagascar ou pas”, a déclaré Herilaza Imbiki, ministre de la Justice, durant une conférence de presse, jeudi. Cependant, le procureur de Moroni affirme que «les membres du réseau dissimulent les lingots depuis Madagascar jusqu’au large des côtes à Ndzuani [Anjouan] (...) la marchandise transitant habituellement à l’aéroport de Prince Saïd Ibrahim avant d’être acheminée à Dubaï». Il parle même de «mode opératoire habituel du trafic». Le magistrat comorien indique aussi «qu’arrivé sur le sol comorien, d’autres membres du réseau de trafic d’or utilisaient une vedette rapide, réservée pour les opérations, afin de récupérer la marchandise, qui, par la suite est dissimulée dans une glacière pour faire croire qu’il s’agissait de poissons, afin d’être acheminée à Chindini, Grandes Comores, à bord d’une vedette». Un journaliste basé aux Comores ajoute qu’il a, également, été révélé qu’avant celle déjouée le 28 décembre, durant les précédentes opérations, l’or était transporté via une compagnie aérienne africaine Qui est le grand patron? Les vols de cette compagnie transitent par Addis Abeba. Les Emirats arabes unis ayant suspendu les vols provenant de la capitale éthiopienne, en raison des circonstances sanitaires, les présumés trafiquants auraient alors changé de plan. Ils ont affrété un avion privé. Selon le journal Alwatwan, le procureur de Moroni a déclaré, «il est curieux de constater que pendant toutes les opérations effectuées par les membres du réseau de trafic illicite d’or, ces derniers passaient toujours à l’aéroport tranquillement et les portiques de sécurité n’ont jamais détecté quelque chose dans les bagages». Le média comorien indique qu’à chaque opération, les présumés trafiquants graissent la patte des responsables et agents de contrôle de l’AIMPSI, pour faciliter la sortie de l’or de l’archipel. «Certains percevaient 250 euros par kilogramme et d’autres 40 à 80 euros par kilogramme», soutient le procureur de Moroni. «(...) des facilités étaient ordonnées par des hauts responsables de l’aéroport qui donnaient toujours des instructions (...) pour faciliter les formalités des membres de ce réseau de trafic illicite d’or», ajoute l’article publié par Al-watwan. Le directeur général des aéroports des Comores est, justement, sur la liste des accusés. Le magistrat Ali Mohamed Djounaid précise, par ailleurs, que vingt huit lingots d’or ont été saisis le 28 décembre. Finalement, ils pèsent un peu plus de 50 kilos, en tout. Onze personnes ont été présentées devant le Parquet du TPI de Moroni, le 5 janvier, dans le cadre de cette affaire. Dix ont été placés en détention préventive dont les deux Malgaches. Madagascar a lancé un mandat d’arrêt international contre eux et a fait une demande d’extradition auprès de la justice comorienne. Cette extradition devrait se faire dans les prochains jours. Le collègue basé aux Comores affirme «qu’une délégation malgache est attendue chez nous la semaine prochaine [cette semaine». Un précédent déplacement de représentants des autorités malgaches était déjà annoncé pour jeudi, mais ne s’est finalement pas fait. À s’en tenir aux propos du procureur de Moroni, les quelque 50 kilos d’or viendraient bien de Madagascar. Une note verbale envoyée par le ministère des Affaires étrangères aux autorités comoriennes l'atteste aussi. «Le rapatriement», des métaux précieux est, également, attendu dans ce cas, sauf complications dans les discussions entre la Grande île et sa voisine. L’extradition de Faizara Pacheco Azali et Stenny Andrianantenainambinitsoa devrait aider à faire avancer l’enquête sur les réseaux d’exportation illicite d’or de Madagascar. Il es t peu probable qu’au moins «onze opérations illicites», soient parties du territoire malgache sans complicité de dépositaires de pouvoirs publics à différents niveaux. Au début de l’affaire, la presse comorienne a qualifié Faizara Pacheco Azali comme les yeux et les oreilles «du bug boss», du réseau, «basé à Madagascar». Il devrait alors pouvoir aider à identifier qui est ce grand patron.
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