Deux sortes de métayage dans l’Anony


Paul Ottino chercheur de l’Office de la recherche scientifique et technique Outre-mer (Orstom), à partir d’une enquête menée dans l’Anony (lac Alaotra) dans les années 1960, parle du salariat et de l’entraide dans la riziculture. Abordant le « métayage », il signale qu’il en existe deux types : le traditionnel qui revêt trois formes suivant les apports respectifs des contractants et l’importance du capital d’exploitation fourni par le bailleur ; et l’occidental généralisé dans les concessions européennes et plus favorable aux métayers. Toutefois, le métayage traditionnel est la forme la plus répandue dans cette région. Le métayer-mpiray asa apporte ses bras, éventuellement une partie du capital d’exploitation. Suivant l’importance de son apport, les parts relatives du propriétaire et du métayer varient. Il existe trois formules de base, susceptibles de variation. La première se voit fréquemment et consiste en une association mi-partie, connue sous le nom de misasa-bokatra ou partage en deux parties égales de la récolte. Si le propriétaire apporte la terre et la semence et assure le semis, le métayer se charge du labour et du hersage, de tous les travaux culturaux et de la moisson. La deuxième formule se définit en un partage un tiers pour le propriétaire et deux tiers pour le métayer. Le premier ne fournit ainsi que la terre puisque c’est le métayer qui assure tout : labour et hersage, semence, semis, travaux culturaux y compris la coupe et le battage. Dans la troisième formule, les termes du métayage sont inversés par rapport à la formule précédente. Les deux tiers de la récolte vont au propriétaire et le métayer garde le tiers. Celui-ci qui ne fait uniquement que le travail matériel, « est assimilé à un mpiasa, un travailleur non rémunéré ». Mais précise Paul Ottino, le métayage se complique quelquefois par des rapports contractuels qui se surimposent au rapport initial. Souvent, le métayer sollicite des prêts de subsistance auprès du propriétaire du terrain, qui sont remboursés à la récolte sur la base de deux mesures contre une. « Lorsqu’il n’existe aucun lien entre le prêteur et l’emprunteur, une mesure empruntée s’échange contre trois mesures remboursables à la récolte. » Ces pratiques d’avances et de prêts de subsistance peuvent aggraver la situation des métayers car elles réduisent la part qui leur revient dans le contrat. Le métayage de type occidental se pratique dans ces premières années d’indépendance sur des concessions peu mécanisées. D’après le chercheur, il apparaît plus favorable aux métayers que le genre traditionnel. Selon l’expression de l’un des enquêtés, « c’est une forme madio ». Car elle est nette, ne s’accompagne pas de prêts ou d’avances à intérêts élevés remboursables à la récolte sur leur part. Et la semence est toujours fournie par l’exploitant avec la terre, le matériel, le semis et le repiquage, tandis que le métayer se charge des travaux d’entretien, du labour, du sarclage, de la moisson, du battage. Enfin, il y a le sous-métayage et la location des terres. En fait, précise Paul Ottino, il ne s’agit pas, à proprement parler, de sous-métayage, mais d’un rapport entre locataire-exploitant et métayer. Les locations de rizière (hofan-tanimbary ou fondron-tsabo) se font de plus en plus fréquentes dans les années 1960. Car entre 1960 et 1965, davantage de Merina de Manjakandriana, anciennement travailleurs saisonniers, s’établissent définitivement dans l’Alaotra en louant des rizières. Mais seules les bonnes rizières situées dans les zones hautes, relativement protégées des inondations et des tilapias font l’objet de contrats de location.
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