Concertation sur les Îles Éparses - L’État à la recherche d’une adhésion nationale


Jour J pour la concertation nationale au sujet des îles éparses. Plus qu’une collecte d’idées, l’enjeu pour l’État est d’obtenir une adhésion nationale dans le bras de fer engagé avec la France. Le pari est lancé. L’État a trois jours pour parvenir à fédérer la nation, du moins, ceux qui sont appelés à représenter les forces vives du pays, derrière une ligne de revendication commune dans la joute diplomatique qui se joue avec la France au sujet des îles éparses. Une quête d’une union sacrée en vue du second round des négociations au sein de la commission mixte prévu avant les fêtes de fin d’année. La concertation nationale sur ce que les Nations Unies (ONU), reconnaissent comme étant les îles malgaches de l’océan Indien démarre ce jour, au Centre de conférence internationale (CCI), Ivato. Les explications officielles indiquent qu’il s’agit de collecter les avis et propositions des représentants de chaque district et des forces vives de la nation sur la posture à tenir dans les négociations menées avec l’Hexagone au sein de la commission mixte. Au-delà d’un brainstorming national, c’est surtout une revendication nationale, univoque, que l’État compte obtenir des concertations d’Ivato. « Dans ce type de dossier, démontrer qu’il y a une vraie revendication nationale est aussi, un argument de poids », chuchote une source auprès du ministère des Affaires étrangères. À s’en tenir aux deux sorties d’Emmanuel Macron, président français sur la question, les négociations au sein de la commission mixte ne seront pas aisées. Sans ambages, le chef d’État français prêche la cogestion, avançant les enjeux écologiques comme argument. Brandissant indirectement la puissance militaire de l’Hexagone, il a laissé entendre, lors de sa visite sur la Grande glorieuse, le 24 novembre, que la présence des forces françaises aurait permis de préserver la biodiversité des îles éparses. Sur sa lancée, il a érigé le site en réserve naturelle nationale française et dans un tweet, la semaine dernière, il a affirmé son intention d’y construire un centre de recherches. Union sacrée À l’approche de la fin du mandat d’Emmanuel Macron, les îles éparses pourraient, par ailleurs, devenir un dossier politique en France. Les courants de droite pestent déjà contre une éventuelle cogestion. Du côté français toujours, l’issue des tractations au sein de la commission mixte devra être adoubée par son Parlement. Lors d’une conversation téléphonique, jeudi, la ministre Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo, porte-parole du gouvernement a affirmé que l’État plaide « la reconnaissance de sa souveraineté sur ces îles, c’est-à-dire leur restitution ». Au fond donc, le but de l’événement au CCI sera d’ériger la démarche initiée et les revendications affirmées par l’État, en initiative et exigences nationales. Au regard des paramètres précités, il ne sera pas aisé de sortir gagnant du bras de fer diplomatique. Cette union sacrée derrière la question des îles éparses, Andry Rajoelina, président de la République, en a déjà fait appel. Les déclarations et communiqués du gouvernement qui s’ensuivirent en ont fait écho. Durant l’échange la ministre de la Communication a réagi aux propos du président français en indiquant qu’ils devraient « susciter un sursaut d’orgueil afin d’unir nos forces pour revendiquer la restitution de ces îles ». Sur la forme, le brainstorming national durera trois jours. Il devrait déboucher sur une « conclusion », à remettre à Andry Rajoelina, président de la République. Deux à trois participants par district sont attendus, ainsi que ceux des représentants des forces vives de la nation. Du côté des acteurs politiques, des voix ultranationalistes affirment qu’ils seront de la partie. « Nous irons au CCI Ivato. Les îles éparses appartiennent à Madagascar, nous refusons la cogestion », affirme Raindina Liampivoarana, une figure ultranationaliste, dans une publication sur sa page Facebook. Tous s’accordent, visiblement, à revendiquer la rétrocession des îles malgaches de l’océan Indien. Seulement, est-ce que la concertation nationale permettra d’avoir une feuille de route univoque sur la manière d’y parvenir. Seule voix à sa portée, l’État s’engage dans une négociation diplomatique. Négocier implique faire des concessions, mais sur quoi, étant donné que la souveraineté est non négociable.
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