LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES - Rajoelina demande de l’action


Le président de la République a pris la parole à deux reprises durant la deuxième journée de la COP 27, hier. Dans ses deux discours, il a appelé à traduire les engagements en acte, notamment, sur la question du financement climatique. Il est grand temps de passer à l’action”. Ces mots résument les deux allocutions prononcées par Andry Rajoelina, président de la République, durant la deuxième journée de la 27ème Conférence des Nations Unies sur le climat (CPO 27), à Sharm El-Sheikh, en Égypte. Un appel qui coïncide avec le thème général du rendez-vous, “Ensemble pour la réalisation”. Madagascar a eu l’occasion de faire entendre sa voix à deux reprises, hier, durant la réunion annuelle pour discuter et fixer les objectifs mondiaux face aux changements climatiques. Une première fois durant l’atelier de haut niveau sur le thème “Accélération de l’adaptation en Afrique”, qui a vu, notamment, la participation du secrétaire général des Nations Unies, de la directrice du Fonds monétaire international (FMI), et du président de la Banque africaine de développement (BAD). La deuxième fois, devant la session plénière de la COP 27. “Aujourd’hui, en 2022, nous en sommes à la 27ème édition et nous devons nous interroger sur le bilan de nos réunions et de nos actions. (...) Les constats, nous les avons faits. Agissons maintenant”, réclame le locataire d’Iavoloha. Des mots qui font écho à ses discours à Glasgow, durant la COP 26 et à la tribune des Nations Unies, en septembre, où il a insisté sur la concrétisation des engagements pris par les États en faveur du climat. Les pays en difficulté sont les premières victimes des dégâts climatiques. A Madagascar, les violents cyclones, les inondations, la désertification avec des conséquences humanitaires désastreuses sont des réalités. À cela s’ajoute la pauvreté qui fait que la protection de l’environnement est le cadet des soucis de la population. En résultent les feux de forêt d’origine criminelle, le défrichage pour l’agriculture, pour le bois de chauffe ou le charbon, l’exploitation illicite de bois et même des exploitations minières sauvages. “En résumé, notre planète brûle, nos écosystèmes se dégradent, mais nos actions et nos financements ne suivent pas. Nos peuples souffrent et en sont les premières victimes”, déplore le président Rajoelina, en ajoutant, “la situation se dégrade, mais les actions et le financement ne suivent pas l’accélération du dérèglement climatique”. L’argent est le nerf de la guerre, même dans la guerre contre les changements climatiques. Un fait confirmé par les résolutions de la COP 15, à Copenhague, en 2009. C’est à Copenhague, en effet, qu’a été décidée la mise en place du fonds vert pour le climat. Un engagement des pays riches réaffirmé durant la COP 21, à Paris, en 2015, qui consiste à allouer 100 milliards de dollars par an, pour soutenir les réformes nécessaires à la lutte contre les changements climatiques dans les pays en difficulté. Légitime À Glasgow l’année dernière, il a été convenu de doubler le financement international pour l’adaptation face aux changements climatiques. Ces mécanismes de financement découlent du constat que les pays en développement ne sont pas à même de financer par leurs propres moyens les réformes nécessaires pour répondre aux défis climatiques. Il y a aussi une question de justice climatique. La catastrophe qui s’annonce résulte, en effet, du modèle économique et mode de vie hautement polluant des pays riches. “L’Afrique contribue à moins de 3% de l’émission des gaz à effet de serre de la planète. Et pourtant elle figure au premier rang des victimes des changements climatiques. Et nous payons de lourds tributs des pertes et préjudices de l’injustice climatique”, souligne justement Andry Rajoelina. À la tribune du rendez-vous mondial de Sharm El-Sheikh, le président de la République requiert que, “la question du financement de l’adaptation doit se trouver au cœur même de notre stratégie pour lutter contre les changements climatiques. Nous n’avons ainsi d’autre choix que d’unir nos voix pour concrétiser l’accord de Paris et surtout, l’engagement de Glasgow (...)”, en ajoutant “qu’il est donc primordial d’accélérer et faciliter le déblocage des financements climatiques”. Sur son compte twitter, Andry Rajoelina qualifie de “légitime”, son appel à l’accélération du déblocage des financements climatiques. D’abord, parce que les pays vulnérables subissent déjà les conséquences dévastatrices des changements climatiques. Ensuite, des pays vulnérables comme Madagascar, s’appliquent à se conformer aux conditionnalités pour être éligibles au fonds climats. La Grande île fait partie des cinq premiers pays à avoir mis en œuvre le mécanisme de Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+). Le plan national d’adaptation aux changements climatiques de Madagascar est opérationnel depuis l’année dernière. “Sur les 100 milliards de dollars d’engagement par an, combien ont été décaissés à ce jour?”, lance cependant, le président Rajoelina. “Le thème choisi cette année, pour la COP 27, “Ensemble pour la réalisation”, nous interpelle tous. Cela ne doit tout simplement pas être un slogan, mais doit être concrétisé et c’est une urgence”, ajoute-t-il. Seulement, il est probable que la COP 27 n’apporte pas de réponse à l’appel du locataire d’Iavoloha. Il n’est pas prévu qu’il en résulte un accord formel. L’absence des présidents américains et chinois indiquent, du reste, que pour les grandes puissances, contrairement aux discours grandiloquents, les enjeux du climat ne sont pas prioritaires.
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