Douanes - La gestion des risques s’impose


À Madagascar comme dans les autres pays, les systèmes de traitement des flux frontaliers évoluent et la gestion des risques dans un contexte douanier se complexifie. De nombreuses adminis­trations des douanes et de règlementation des frontières ont réalisé des investissements conséquents pour optimiser et moderniser leurs capacités et méthodologies afin de répondre aux exigences de l’environnement commercial international dynamique d’aujourd’ hui. Ces dernières années, les douanes ont été nombreuses à avoir mis en place des guichets uniques avec des mécanismes automatisés de contrôle d’agréments, certificats et autres autorisations exigés par les autorités publiques. Des mesures qui ont pu contribuer à réduire le temps nécessaire à la mainlevée et à promouvoir la facilitation du commerce. Mais elles ne sont pas suffisantes, selon les experts, car il est tout aussi essentiel de tenir compte d’une autre variable fondamentale : la mise en place d’un régime de gestion des risques efficace. Pour cela, les solutions technologiques aux fins de la gestion des risques pour les administrations des douanes se multiplient. Mais ces offres ne s’adaptent pas toutes aux attentes spécifiques des pays. Par exemple, une nation insulaire comme Madagascar, avec des moyens limités, ne peut pas adopter la même méthodologie et les mêmes outils qu’un grand pays entouré de nombreux voisins comme la République Démocratique du Congo. Les experts notent en outre que les contrôles aléatoires basés sur des systèmes anciens et peu sophistiqués sont appelés à évoluer. « Les sélections aléatoires aux fins du contrôle sont peu efficaces pour gérer le volume croissant de marchandises arrivant aux frontières », soutient-on. D’où la montée en puissance des processus décisionnels où la « sélectivité » est faite via l’attribution d’un pourcentage, selon lequel les envois sont acheminés dans des couloirs de différents couleurs. Dans d’autres cas, les douaniers sont souvent incités à examiner ou à contrôler toutes les marchandises en faisant preuve du même niveau de vigilance. Mais cette démarche ne s’arrime pas aux principes de gestion des risques. En plus, elle coûte cher en ressources, mobilisant le même niveau de ressources face à toutes les menaces. Elle est également limitée, dans la mesure où elle exige globalement de revoir l’intensité des contrôles à la baisse, toutes les marchandises et tous les voyageurs étant soumis à un traitement uniforme. Et elle ouvre la voie à une plus grande probabilité d’erreurs de la part du douanier. Douaniers en formation Notons qu’une délégation de l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD) est actuellement à Madagascar pour dispenser une formation sur la gestion des risques. Les formateurs ont été accueillis officiellement au début de cette semaine. Cette formation s’inscrit, selon la Direction Générale des Douanes (DGD), dans le cadre du projet baptisé « Inama » qui vise notamment à renforcer les capacités des services douaniers en matière de lutte contre la vente illégale d’êtres vivants (CITES). 15 agents issus de plusieurs bureaux et départements prennent part à cette formation. Le résultat attendu est l’amélioration des procédures douanières (contrôle et gestion des risques) et la coopération avec d’autres services hors douane (gestion coordonnée des frontières). On le sait, le commerce illégal d’espèces sauvages a des effets dévastateurs sur l’environnement et l’économie des pays touchés ainsi que sur la sécurité internationale. Pour Madagascar en particulier, la criminalité liée aux espèces sauvages constitue l’un des principaux domaines d’activités relevant de la criminalité transnationale organisée depuis les années 1990. Elle rapporte des milliards de dollars aux groupes du crime organisé impliqués dans celle-ci, et qui bien souvent se livrent aussi à du trafic d’autres produits comme les stupéfiants. Le Projet « Inama » a été lancé en 2014 avec pour finalité d’endiguer ce fléau mondial en renforçant les capacités des administrations douanières, afin qu’ elles soient suffisamment armées pour cibler et lutter contre ce type de commerce illégal. Selon toujours la DGD, la gestion des risques constitue également l’un des volets de la coopération douanière entre Madagascar et la Corée du Sud. Cette dernière qui contribue, techniquement et financièrement, à la réalisation du plan stratégique douanier de la Grande Ile. Les deux parties ont procédé à la signature de la convention sur l’ « Amélioration du système douanier à Mada- gascar » le 30 août 2022 au Novotel Convention and Spa, Antananarivo.
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