Dans le dynamisme de la grande effervescence politique qui secoue l’actualité, un légume qui n'a rien demandé a été propulsé à une place de choix en première page des journaux. Au milieu de ces remous, le chou-fleur a obtenu un trône, une place inhabituelle pour ce légume qui ne demande qu'à avoir le privilège d'occuper nos assiettes. Il a eu la malchance, ou la chance, de se trouver au mauvais endroit et au mauvais moment, celui qui était propice à la survenue d'une situation rocambolesque mijotée par les forces de l’ordre qui l'ont donc choisi comme ingrédient principal de la farce. Et qui aurait cru que le chou-fleur se trouverait également à acquérir le statut de sujet principal de cette chronique ? C'est ainsi que nous avons suivi, cette semaine, des épisodes du fabuleux destin du chou-fleur qui est passé d'un simple légume quelconque comme ceux qu'on trouve sur tous les étals des vendeurs de quatre saisons à un symbole d'une lutte politique. Il semble que le monde des produits de la terre l'ait choisi, malgré lui, pour être un autre avatar de l'affirmation des végétaux comme acteurs politiques subversifs. Mais pourra-t-il avoir l'aura de ceux qui l'ont précédé ? Celle qu’avait l'œillet portugais en 1974 avant de magnifier la rose géorgienne en 2003 et le jasmin tunisien, illuminé par les premières lumières du printemps arabe, en 2010. Le chou-fleur, qui aurait sûrement préféré avoir une place paisible dans nos menus au lieu des chaudes unes des journaux, est devenu, lui aussi, un protagoniste politique. Le chou-fleur a donc été happé par les événements qui ont secoué les derniers jours et qui l'ont jeté dans les rouages de l'agitation politique. Il a été comme Perséphone qui, dans la mythologie grecque, fut la victime d'un rapt spectaculaire perpétré par Hadès, alors qu'elle cueillait naïvement des fleurs dans les sereines plaines de la Sicile. Et cette starification soudaine et inattendue aurait, sans doute, suscité la surprise chez le chou-fleur, une stupeur qu'on lui attribuerait si Francis Ponge lui avait consacré un texte dans son recueil Le Parti pris des choses (1942), un ouvrage qui personnifie les objets du quotidien à travers les poèmes en prose qui le composent. Notre vedette du moment est, en tout cela, un représentant de l'absurdité de la marche du monde. Selon ce que développe Albert Camus dans Le Mythe de Sisyphe (1942), la quête de sens se heurte à la vacuité du monde qui est dépourvu de signification. Les malheurs de ce chou-fleur, innocemment acheté et élevé par un destin absurde au sommet des remous politiques, sont de nouvelles illustrations de cette absurdité qui gouverne le monde.
Dans le dynamisme de la grande effervescence politique qui secoue l’actualité, un légume qui n'a rien demandé a été propulsé à une place de choix en première page des journaux. Au milieu de ces remous, le chou-fleur a obtenu un trône, une place inhabituelle pour ce légume qui ne demande qu'à avoir le privilège d'occuper nos assiettes. Il a eu la malchance, ou la chance, de se trouver au mauvais endroit et au mauvais moment, celui qui était propice à la survenue d'une situation rocambolesque mijotée par les forces de l’ordre qui l'ont donc choisi comme ingrédient principal de la farce. Et qui aurait cru que le chou-fleur se trouverait également à acquérir le statut de sujet principal de cette chronique ? C'est ainsi que nous avons suivi, cette semaine, des épisodes du fabuleux destin du chou-fleur qui est passé d'un simple légume quelconque comme ceux qu'on trouve sur tous les étals des vendeurs de quatre saisons à un symbole d'une lutte politique. Il semble que le monde des produits de la terre l'ait choisi, malgré lui, pour être un autre avatar de l'affirmation des végétaux comme acteurs politiques subversifs. Mais pourra-t-il avoir l'aura de ceux qui l'ont précédé ? Celle qu’avait l'œillet portugais en 1974 avant de magnifier la rose géorgienne en 2003 et le jasmin tunisien, illuminé par les premières lumières du printemps arabe, en 2010. Le chou-fleur, qui aurait sûrement préféré avoir une place paisible dans nos menus au lieu des chaudes unes des journaux, est devenu, lui aussi, un protagoniste politique. Le chou-fleur a donc été happé par les événements qui ont secoué les derniers jours et qui l'ont jeté dans les rouages de l'agitation politique. Il a été comme Perséphone qui, dans la mythologie grecque, fut la victime d'un rapt spectaculaire perpétré par Hadès, alors qu'elle cueillait naïvement des fleurs dans les sereines plaines de la Sicile. Et cette starification soudaine et inattendue aurait, sans doute, suscité la surprise chez le chou-fleur, une stupeur qu'on lui attribuerait si Francis Ponge lui avait consacré un texte dans son recueil Le Parti pris des choses (1942), un ouvrage qui personnifie les objets du quotidien à travers les poèmes en prose qui le composent. Notre vedette du moment est, en tout cela, un représentant de l'absurdité de la marche du monde. Selon ce que développe Albert Camus dans Le Mythe de Sisyphe (1942), la quête de sens se heurte à la vacuité du monde qui est dépourvu de signification. Les malheurs de ce chou-fleur, innocemment acheté et élevé par un destin absurde au sommet des remous politiques, sont de nouvelles illustrations de cette absurdité qui gouverne le monde.