Dans les cours de l’Alliance Française d’Antsirabe émanaient des acclamations qui transperçaient les clapotis de la pluie qui s’était invitée inopinément. Comme si elle aussi, elle voulait participer, faire entendre sa voix et faire écouter sa douce mélodie. Il y avait foule à la porte de la salle de spectacle. Des jeunes gens comme des anciens jeunes et toujours jeunes dans l’âme. Des enfants accompagnés de leurs parents ont bravé la pluie. De petites frimousses sous les parapluies et les capuches pour se tenir bien au chaud. La grande «Y A Pop» du Cameroun se tenait à l’entrée des stars telle une fleur multicolore dans sa tenue en wax. Les jeunes talents de Tamatave qui allaient l’accompagner sur scène sont là aussi. Un pas dans l’agora du festival et on est transporté ailleurs. Il faisait chaud. Une folle ambiance avec une salle comble. Certains s’assoient par terre pour le feeling et parce qu’il n’y avait plus assez de chaises pour tout ce beau monde. Les petits enfants dansaient la danse des Barea et sautillaient partout. Ça chante, ça crie, ça applaudit. Les objectifs sont tout à fait atteints. La fusion entre le public et les artistes est totale. Fara Gloum monte sur scène pour faire vibrer la pièce des chants d’antan. La salle est propulsée ailleurs, quelque part dans le temps intemporel et les magnifiques paysages des Hautes Terres malgaches. Durant ce festival Angaredona du haut de sa quinzième édition, une trentaine d’artistes de Madagascar et du monde se donnent le tempo pour que par la culture, la paix et la réconciliation soient des réalités. De l’Éthiopie en passant par la Belgique, des États-Unis au Cameroun, de Zaza kanto, Mpamanga, Sova Zik à Mafonja Antsirabe a vibré durant des jours. Tenir en vie un festival au bout de quinze éditions n’est point chose facile surtout dans un pays comme Madagascar où la place donnée à l’art reste très marginale. Beaucoup de ceux qui disent soutenir de telles initiatives le font généralement par pur intérêt de visibilité. Ce qu’ils donnent ou semblent donner est tout à fait ridicule par rapport à ce qu’ils pourraient vraiment faire. Celui qui a porté cette initiative depuis tant d’années aurait pu claquer la porte face à tant de situations décourageantes. Mais il tient bon et fait de ce festival un vrai moteur de ralliement rayonnant à l’international. Il a bercé des générations entières. Il a toujours brillé autant sur la scène mondiale que dans les villages et villes malgaches. Au fil du temps, cet homme très discret est devenu une icône grâce à son travail et ses engagements pour la musique, par la musique. Lui, c’est Rajery. De son vrai nom Germain Randrianarisoa, Rajery fait de son rêve une réalité pour les artistes «du terroir». Fils de paysan, Rajery perd l'usage des doigts de sa main droite alors qu'il n'a pas encore un an. L'amputation de ce membre s'avère inévitable. Cette différence a, entre autres, construit sa force, ses visions, ses engagements. Il est la preuve vivante de l’opiniâtreté, il récuse la facilité : plutôt que de mendier, il décide de travailler. À 15 ans, il décide d'apprendre tout seul à jouer de la valiha et depuis il porte haut, dans le monde entier les couleurs de la Grande île. Angaredona, un mot malgache qui sous-entend un travail collaboratif, la force du collectif. Le festival a repris d’une manière fidèle à cet esprit. Tous ensemble, d’ici et d’ailleurs ; grâce à nos différences humaines et culturelles, collaborons pour que l’art soit vecteur de paix. Cette chose qui nous fait sourire, danser, applaudir, crier de joie, pleurer au-delà de nos origines, nos appartenances socio-économiques, nos religions, nos idéo-politiques. Un grand bravo à Rajery et à toute son équipe. Un grand remerciement à un organisateur de talent, Marcel, qui a permis que des artistes du continent participent à la grande messe musicale. Angaredona mérite plus d’appuis venant de tous, notamment venant de l’État.
Dans les cours de l’Alliance Française d’Antsirabe émanaient des acclamations qui transperçaient les clapotis de la pluie qui s’était invitée inopinément. Comme si elle aussi, elle voulait participer, faire entendre sa voix et faire écouter sa douce mélodie. Il y avait foule à la porte de la salle de spectacle. Des jeunes gens comme des anciens jeunes et toujours jeunes dans l’âme. Des enfants accompagnés de leurs parents ont bravé la pluie. De petites frimousses sous les parapluies et les capuches pour se tenir bien au chaud. La grande «Y A Pop» du Cameroun se tenait à l’entrée des stars telle une fleur multicolore dans sa tenue en wax. Les jeunes talents de Tamatave qui allaient l’accompagner sur scène sont là aussi. Un pas dans l’agora du festival et on est transporté ailleurs. Il faisait chaud. Une folle ambiance avec une salle comble. Certains s’assoient par terre pour le feeling et parce qu’il n’y avait plus assez de chaises pour tout ce beau monde. Les petits enfants dansaient la danse des Barea et sautillaient partout. Ça chante, ça crie, ça applaudit. Les objectifs sont tout à fait atteints. La fusion entre le public et les artistes est totale. Fara Gloum monte sur scène pour faire vibrer la pièce des chants d’antan. La salle est propulsée ailleurs, quelque part dans le temps intemporel et les magnifiques paysages des Hautes Terres malgaches. Durant ce festival Angaredona du haut de sa quinzième édition, une trentaine d’artistes de Madagascar et du monde se donnent le tempo pour que par la culture, la paix et la réconciliation soient des réalités. De l’Éthiopie en passant par la Belgique, des États-Unis au Cameroun, de Zaza kanto, Mpamanga, Sova Zik à Mafonja Antsirabe a vibré durant des jours. Tenir en vie un festival au bout de quinze éditions n’est point chose facile surtout dans un pays comme Madagascar où la place donnée à l’art reste très marginale. Beaucoup de ceux qui disent soutenir de telles initiatives le font généralement par pur intérêt de visibilité. Ce qu’ils donnent ou semblent donner est tout à fait ridicule par rapport à ce qu’ils pourraient vraiment faire. Celui qui a porté cette initiative depuis tant d’années aurait pu claquer la porte face à tant de situations décourageantes. Mais il tient bon et fait de ce festival un vrai moteur de ralliement rayonnant à l’international. Il a bercé des générations entières. Il a toujours brillé autant sur la scène mondiale que dans les villages et villes malgaches. Au fil du temps, cet homme très discret est devenu une icône grâce à son travail et ses engagements pour la musique, par la musique. Lui, c’est Rajery. De son vrai nom Germain Randrianarisoa, Rajery fait de son rêve une réalité pour les artistes «du terroir». Fils de paysan, Rajery perd l'usage des doigts de sa main droite alors qu'il n'a pas encore un an. L'amputation de ce membre s'avère inévitable. Cette différence a, entre autres, construit sa force, ses visions, ses engagements. Il est la preuve vivante de l’opiniâtreté, il récuse la facilité : plutôt que de mendier, il décide de travailler. À 15 ans, il décide d'apprendre tout seul à jouer de la valiha et depuis il porte haut, dans le monde entier les couleurs de la Grande île. Angaredona, un mot malgache qui sous-entend un travail collaboratif, la force du collectif. Le festival a repris d’une manière fidèle à cet esprit. Tous ensemble, d’ici et d’ailleurs ; grâce à nos différences humaines et culturelles, collaborons pour que l’art soit vecteur de paix. Cette chose qui nous fait sourire, danser, applaudir, crier de joie, pleurer au-delà de nos origines, nos appartenances socio-économiques, nos religions, nos idéo-politiques. Un grand bravo à Rajery et à toute son équipe. Un grand remerciement à un organisateur de talent, Marcel, qui a permis que des artistes du continent participent à la grande messe musicale. Angaredona mérite plus d’appuis venant de tous, notamment venant de l’État.