Réquisition contre l’ACM - L’industrie du transport aérien en péril


Le Premier ministre a signifié le directeur général de l’Aviation civile de Madagascar de délivrer une autorisation pour l’affrètement d’hélicoptère. Une décision qui risque de générer un « problème grave de sécurité » pour Madagascar. Immixtion. La politique essaie de prendre le dessus sur la technique. Dans une lettre en date du 4 octobre, Ntsay Christian, Premier ministre en tant que chef de l’Admi­nistration, a donné l’ordre à l’Aviation civile de Mada­gascar de délivrer, les autorisations d’exploitation des hélicoptères des candidats à l’élec­tion présidentielle. Ainsi, la Primature a signifié avec sommation par voie d’huissier le directeur général de l’Aviation civile de Madagascar (ACM) de immédiatement et sans délai, exécuter la présente réquisition(…). Un ordre que l’ACM n’a pas exécuté par respect des règles et des normes de sécurité des opérations aériennes. Cette décision a été largement commentée par voie de presse et dans les réseaux sociaux. Qualifié de coup bas par les partisans des candidats et d’immixtion au niveau de l’ACM. Depuis la fin de semaine, la presse a véhiculé que les candidats Andry Nirina Rajoelina, Marc Ravalo­manana ne peuvent pas utiliser des hélicoptères en provenance de l’Afrique du sud pour leur campagne. Le blocage se situerait au niveau de l’ACM. La missive de la Prima­ture indique, en effet qu’elle a été saisie par des candidats à l’élection présidentielle qui rencontrent des difficultés pour obtenir les autorisations nécessaires pour exploiter des hélicoptères sur le territoire national lors de la campagne électorale qui débutera dans quelques jours. Ainsi, le Premier ministre a sommé l’ACM de s’exécuter immédiatement car cette situation risque de porter atteinte au droit des candidats à utiliser les moyens licites à leur disposition pour circuler sur le territoire national lors de la campagne électorale. Pas de blocage politique Lors d’une conférence de presse à Tsimbazaza, hier, l’ACM a apporté des éclairages sur les péripéties des demandes d’importation d’hélicoptère. «Nous recevons des dossiers venant de compagnies aériennes. Dans le cas présent, il s’agit de la compagnie Sky services qui a demandé l’importation de huit hélicoptères. Nous ignorons à qui ils sont destinés», se défend James Andrianalisoa, directeur général de l’ACM. Dans ses explications, il écarte toute hypothèse de blocage politique et a avancé des arguments sécuritaires et techniques. Les techniciens de l’ACM expliquent ainsi les raisons du retard de la délivrance de l’autorisation à affréter des hélicoptères. La compagnie Sky service n’a pas rempli les documents requis pour la demande. «Dans la déclaration initiale, l’importateur a évoqué que ces hélicoptères seront utilisés à des fins privées. Toutefois, le 3 octobre, les autorités sud-africaines nous ont notifié que ces hélicoptères sont utilisés pour un transport public ce qui implique des normes de sécurité renforcés», explique le directeur qualité de l’ACM. Par ailleurs, il n’y a pas de convention claire entre l’importateur et le propriétaire, poursuit-il. Le délai d’octroi d’autorisation a été ramené de trois à deux mois. Or, les demandes parvenues à l’ACM datent du 11 août, du 11 septembe et du 29 septembre. Madagascar a signé la convention de Chicago sur les normes de sécurité aérienne. Les règlements de l’Orga­nisation internationale de l’aviation civile (OACI) sont très rigides. À titre d’illustration, il a fallu cinq années pour la compagnie nationale Air Mada­gascar pour sortir de l’Annexe B, sanction due au manquement des règlements de l’OACI. En tant qu’organe autonome, il est impossible pour un gouvernement de donner des ordres à l’ACM. En cas de manquement, comme plusieurs pays en Afrique, Madagascar risque d’être frappé par le problème grave de sécurité (PGS), une sanction dont le pays aura du mal à se relever
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