J’ai eu l’occasion de faire 1000 km au volant de la Toyota Prado by CFAO : 6 BVM (parce que, même si la tendance nous impose la généralisation de la BVA, jouer du levier de vitesses fait partie du plaisir automobile), 4×4 permanent avec réduction et une généreuse garde au sol (pour partir sans appréhension sur des routes nationales défoncées), moteur 3 litres de 200 CV (une «unité» désormais standard sur les voitures actuelles), boîte agréable sauf durant les premiers centaines de kilomètres où le cuir du soufflet frottait en produisant un couinement agaçant que la patine fera heureusement taire : «nahazo toerana», comme on dirait. La puissance disponible incline à caresser outrageusement la pédale d’accélérateur, mais la Prado n’est pas faite pour ça et les contraintes physiques de la force centrifuge rappellent vite à la raison. À haute vitesse, le 4×4 peut filer en survirage accompagné d’un roulis auquel invite son mètre 90 de hauteur. Des suspensions plus fermes auraient sans doute apporté plus de polyvalence. Sinon, on avale les kilomètres dans un grand confort et une belle habitabilité à bord. Le frigo, à bonne portée de toutes les mains, même celles de ceux qui voyagent à l’arrière, joue correctement sa partie et les canettes ne risquent pas de tiédir. Les ingénieurs ont accompli des prouesses sur les moteurs modernes. Célérité, puissance, souplesse, consommation, silence de fonctionnement.
Les diesel à staccato de tracteur appartiennent définitivement aux années 1970-1980. Reste à savoir si leurs successeurs des années 2020 pourraient également atteindre 300.000 km au compteur, ce dont on peut raisonnablement douter avec le choix délibéré de l’obsolescence programmée. Autrefois, les constructeurs s’enorgueillissaient de moteurs indestructibles. Aujourd’hui, les divisions commerciales et marketing imposent des renouvellements de plus en plus précoces de moteurs à jeter. Je ne suis pas du tout certain que, dans un quart de siècle, la Toyota Prado des 70 ans de la présence de Sicam à Madagascar, garde la même popularité qu’un vénérable «Toy» HDJ 100 dont la côte d’amour s’estime encore à un demi-milliard d’anciens FMG, vingt-cinq ans après son lancement, sa fiabilité sur le «grand tour» touristique faisant foi. Alors que les collaborateurs de CFAO peuvent désormais envisager une expatriation (parce que Sicam n’était pas «Overseas») au sein d’un groupe multinational, ceux qui terminent l’hiver à Antananarivo peuvent se rendre au CFAO Motors Show d’Alarobia-Ankorondrano. Ce pourrait bien être l’un des derniers prétextes festifs avant quelque temps. Vu la tournure politique. Sicam-CFAO, nommé distributeur officiel Toyota en 2019, est une filiale du groupe Toyota, qui se dispute le titre honorifique de «premier constructeur mondial» avec son concurrent Volkswagen, né la même année, en 1937. Shoichiro Toyoda, ancien patron de Toyota (de 1982 à 1999), et fils du fondateur de l’entreprise, Kiichiro Toyoda (1894-1952), vécut assez vieux, 97 ans, pour assister à ce succès planétaire. Il est décédé le mardi 14 février 2023.
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