La mine des mauvais jours


Une rentrée compliquée. Les ennuis s’accumulent pour Fidiniavo Ravokatra, ministre des Mines et des ressources stratégiques. D’abord, les grandes compagnies de l’industrie extractive tournent au ralenti. La Kraoma, avec son fardeau financier à la limite du supportable, 55 milliards d’ariary « évaporés » dans la nature et 33 autres sous forme de dettes, est à la cherche de partenaires « particuliers » pour supplanter les Russes du Ferrum Mining. Des propositions formulées par des techniciens malgaches existent et sont déjà prêtes. Simples, pragmatiques et réalistes. Pour sortir la Kraoma de la galère ou de la galerie souterraine dans laquelle elle se perd, un labyrinthe sans issue. Mais les autorités n’ont pas donné une suite favorable à cette initiative des plus louables et courageuse. De son côté, une des sociétés actionnaires majeures d’Ambatovy a l’intention de céder ses parts sociales dans le capital. Mais elle ne trouve pas preneur. La situation du nickel étant ce qu’elle est, les principaux acteurs du milieu international des affaires ne s’emballent pas outre mesure pour saisir une telle opportunité qui ne court pas les rues. En filigrane, en toile de fond(s) de cette « bouderie », de ce dédain, transparaît l’ombre horrifiante du conflit d’intérêt, d’une lutte d’influence géostratégique, opposant des puissances militaro- économiques asiatiques. Qui peut percuter de plein fouet l’économie malgache. Dans la mesure où le nickel est devenu le premier produit d’exportation de la Grande île. Rapportant des millions de dollars de recettes en devises. Bien plus que le trio traditionnel « café-vanille-girofle » ou CAVAGI. En outre, l’exploitation d'ilménite par Base Toliara au gisement de Ranobe est encore suspendue aux résultats des diverses études préalables. Comme les incontournables « impacts environnementaux ». Une décision du pouvoir central pouvant, à terme, fragiliser et faire fondre la… base politique de la mouvance présidentielle dans la Cité… du soleil. Des députés et ministres pro-Andry Rajoelina de la région adoptent des attitudes diamétralement opposées face à ce blocage d’un projet à même d’extirper une grande majorité de la population de la misère et de la pauvreté, dans lesquelles elle vit depuis des années. Comme si tout cela ne suffisait pas encore, Fidiniavo Ravokatra doit avoir un œil vigilant sur des foyers « émergents » de tension ici et là. Où la révolte des communautés autour des sites minières, comme ce fut le cas à Soamahamanina, tend à se multiplier. Le député Neypatraiky Rakotomamonjy signale avec anxiété qu’une exploitation « abusive » de saphir par une compagnie étrangère à Ilakaka a asséché un fleuve qui irrigue 6000 hectares de rizières. Vital pour les besoins en eau de nombreuses familles. Il se demande si les autorités minières vont l’écouter et l’entendre avec ce qu’il qualifie de catastrophe environnementale. Dans un autre registre du même volet, dans la commune de Vohilava, district de Mananjary, les « fokonolona » ont détruit les engins et équipements d’une « firme » chinoise exploitant de l’or. Les contestataires évoquent une invasion, un « péril jaune » par l’usage de produits chimiques à haute teneur de nocivité pour la nature et pour les hommes. Des faits similaires qui rappellent la crise de Soamahamanina. Dépoussiérer le Code minier serait-il la réponse à tous ces problèmes? Le doute est… permis là-dessus.
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