Baromètre des médias - Une liberté en constante dégringolade


La presse à Madagascar n’est pas libre. Le baromètre des médias présenté hier par la Fondation Friedrich Ebert l’a encore confirmé. Le Code de la communication récemment adopté est loin d’arranger les choses, en étant encore plus liberticide. Réalisés en avril, alors même que la version finale du projet de texte n’a pas encore été déposée au Parlement, les débats du baromètre ont conclu que « le paysage médiatique malgache a, certes, connu un certain dynamisme entre 2012 et 2016, mais reste sujette à des dérives, des manipulations diverses et de bien mauvaises conditions de travail ». Les panélistes consultés dans le cadre de l’élaboration du baromètre ont reconnu en avril 2016 que « la liberté d’expression, y compris la liberté des médias, est garantie dans la Constitution et protégée par d’autres lois » en donnant la note de 3,7/5 à ce critère. Ils devraient pourtant avoir changé d’avis depuis car si la liberté d’expression reste garantie par la Loi fondamentale, la dernière loi régissant la communication médiatisée, au lieu de la protéger, consacre l’autocensure et multiplie les délits de presse et d’opinion. La liberté d’expression des citoyens et des journalistes qui est loin d’être effective en avril, selon la note attribuée par le panel (2/5), se trouve encore loin de l’être avec le nouveau Code de la communication médiatisé. La moindre allusion à la vie privée d’un responsable politique expose à une amende pénale, quand bien même le fait rapporté pourrait-il avoir des liens avec la vie publique et des impacts sur la gestion du pays. Rapporter sans autorisation les débats faits durant des séances à huis clos, quelles qu’elles soient, constitue également un délit passible de lourdes peines d’amende. Inviter les gens à ne pas participer à certaines manifestations dans le cadre de la célébration de la fête nationale devient également un délit. À toutes ces interdictions légales s’ajoutent les contraintes liées à l’exercice même de la profession. Le baromètre des médias évoque également la pression des patrons de presse, les exigences des annonceurs, ou encore les mauvaises conditions de travail qui obligent certains journalistes à brader leur indépendance. Les craintes aujourd’hui, c’est qu’à force de serrer les boulons, les autorités ne parviennent qu’à aggraver la gabegie qui règne dans le secteur de la communication médiatisée, presse et réseaux sociaux confondus. La liberté deviendra  alors une anarchie sur laquelle les autorités n’auront plus aucun contrôle, à moins de verser dans le totalitarisme. Car malgré la menace de lourdes amendes sur les délits de diffamation prévus par l’article 20 de la loi sur la lutte contre la cybercriminalité, les diffamations, les insultes et les injures n’ont jamais été aussi nombreuses sur les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels. Lova Rabary-Rakotondravony
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