Un ancien ministre malgache « présenté » devant la chaîne pénale


Pour cause de « transfert de poste », Jean Razafindravonona, ancien ministre des Finances est passé devant la chaîne pénale, hier. En tout, ils auraient été une douzaine de personnes à comparaître. Effet boomerang. Jean Razafindravo­nona, ancien ministre des Finances et du budget du premier gouvernement de la quatrième République, est visiblement rattrapé par certains dossiers du passé. Des affaires louches du temps où il était en poste comme grand argentier de l'État. L'information a fortement circulé hier. L'ancien ministre des Finances a été entendu en tant que prévenu dans un dossier à la chaîne pénale anti-corruption, aux 67ha. Selon les précisions recueillies, l'affaire concerne « un transfert de poste ». Du fait du statut de l'ancien membre du gouvernement, la source contactée préfère dire que « l'ancien ministre a été présenté devant la chaîne pénale », plutôt que d'utiliser le mot « déférer ». En tout, ils ont été « une douzaine » de personnes à avoir été « présentées » devant l'instance judiciaire, devant instruire les affaires concernant des actes de corruption et des faits afférents. Les explications sur ce que l'accusation qualifie de « transfert de poste » sont quelque peu confuses. En essayant de simplifier le sujet, la source contactée indique, néanmoins, qu'il s'agit de transférer un fonctionnaire en poste dans un département ministériel vers un autre département. Libre « Ce qui rend l'acte illégal est que le fonctionnaire censé avoir été transféré ne travaille même pas dans le ministère de destination, mais reste à son poste d'origine tout en jouissant des revenus, avantages et privilèges inhérents à la fonction qu'il aurait dû occuper par le biais du transfert », explique-t-elle. Pour tempérer une probable polémique autour de l'affaire, la source contactée affirme que l'ancien grand argentier de l'État « n'est pas cité à comparaître comme l'auteur principal des faits. En tant qu'ancien ministre, il a juste été happé par l'affaire ». Un ancien de l'École nationale d'administration (Enam) indique, toutefois, qu'en principe « dans les cas de transfert de poste, le ministère des Finances a le dernier mot, un feu vert qu'officialise la signature du ministre, mais, une signature du ministre du département d'origine est aussi nécessaire ». Les informations qui fuitent de la chaîne pénale ne parlent pourtant pas de la présence d'autres anciens ou d'actuel responsables gouver- nementaux parmi « la douzaine » de prévenus. Quoi qu'il en soit, du fait de ses confortables émoluments et ses primes périodiques singulièrement élevés, inté­grer le ministère des Finances et du budget est considéré comme le graal par la grosse majorité des fonctionnaires. Aussi, certains semblent-ils prêts à user de toutes les voies, même illégales, pour y être intégrés. Si la première source contactée tend à tempérer l'ampleur de l'affaire, une autre est, cependant, plus directe et plus sévère dans ses interventions. « Le dossier remis à la chaîne pénale relate des trafics d'influence, de népotisme, de versement de pot-de-vin et j'en passe », affirme cette dernière. Traquer les fonctionnaires fantômes figure parmi les objectifs inscrits dans le programme de référence que Madagascar a soumis à l'aval du Fonds monétaire international (FMI). Un document qui a conduit au feu vert pour le décaissement du Fonds élargi de crédit (FEC). Les comparutions d'hier, devant l'instance des 67 ha, indiquent donc que bon nombre de méthodes sont utilisés par ceux qui veulent jouir grassement des deniers publics alloués aux fonctionnaires, sans effectuer le travail que cela implique. Peu d'informations sont communiquées sur le sujet. Ce qui est certain est que le dossier vient gonfler les rangs des affaires où les « principaux responsables », sont sortis li­bres après comparution devant la chaîne pénale anti-corruption. Reste à savoir s'il s'agit d'une « liberté provisoire », ou d'un non-lieu. Aucun détail officiel n'ayant été communiqué, les sources contactées distillent les informations. Garry Fabrice Ranaivoson
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