Nosy Be - Le phénomène migratoire s'intensifie


Suivant les explications, cette migration a pris de l’ampleur depuis 2018 et la plupart des migrants sont des gens du Sud connu sous l’appellation locale «Antandroy». Ces derniers ont quitté en masse leurs régions respectives pour se rendre à Nosy Be qui se trouve à plus de 2 000 km de chez eux. Là où ils vivent de petits boulots, comme gardien ou docker, domestique, chauffeur, marchand ambulant afin de subvenir à leurs besoins. Certains dorment à la belle étoile ou dans des logements de fortune. Une partie d’entre eux habitent dans des cases fabriquées en sachet ou des matières locales. Certes, ils sont à la recherche d'une vie meilleure, mais leurs espoirs souvent déçus. A croire la statistique avancée par un des responsables de l’Agence Portuaire et Fluviale d’Ankify, au bout des trois mois avant l’avènement de Covid-19, plus d’un millier de personnes ont été débarquées à l’aéropor t d’Ankify pour se rendre à Nosy Be par bateau. « Tous les jours, un ou deux camions karan-dalana débarquent ici une quarantaine de voyageurs en provenance du Sud » a-t-il affirmé. Même en cette période de confinement, d’autres trouvent encore des moyens pour se déplacer. Selon une petite enquête, la majorité ces migrants incontrôlés n’ont pas exactement de famille d’accueil à Nosy Be, mais ils ont suivi à l’aveuglette des camarades considérés comme pourvoyeurs d’emploi. Certains sont influencés par leurs familles qui se sont déjà installées à Nosy Be depuis des lustres, tandis que d’autres ont voulu fuir les insécurités. Les entrées sont donc davantage liées à des choix résidentiels qu’à une attractivité économique. « J’ai abandonné mes terres, mes rizières et je préfère me réfugier à Nosy Be car les dahalo sévissent chez nous, ils ont volé mon troupeau de cent bœufs. Comme je n’ai plus rien, un ami m’a proposé de venir ici » a expliqué Lemana, une jeune migrant d’Amboasary-Sud qui vient d’arriver à Nosy Be. Il faut noter en passant que les malgaches du sud assuraient à l’époque les mains d’œuvre occasionnelles dans les plantations de canne à sucre de l’usine Sirama. Ce qui justifie l’existence d’une génération innombrable des gens du sud dans l’île. Ainsi, cette migration de longue durée leur a permis d'améliorer relativement leurs conditions de vie. Conséquences néfastes La préfecture de Nosy Be ville subit actuellement cette forte pression migratoire. La migration non contrôlée exacerbe les pressions subites par les ressources naturelles. Ceux qui n’ont pas eu la chance au travail ont opté pour la forêt pour procéder à la fabrication de charbon et à la coupure illicite des bois. Par conséquent, l’environnement naturel nosibéen est actuellement en souffrance. En outre, le taux de fabrication de bidonvilles, les constructions illicites et illégales ont connu une hausse importante, sans parler la squatterisation des propriétés privées, origine des conflits fonciers, ainsi que l’occupation anarchique du domaine public comme l’emprise des routes et les canaux d’évacuation… Face à cette situation, la préfecture de police de Nosy Be a publié un arrêté permettant de contrôler les entrées des individus dans l’île mais la réalité parle autrement. D’où la nécessité de distinguer « migration » et « circulation ». Une notion véhiculée par certains politiciens habitués de populisme pour favoriser la libre circulation et le droit d’immigrer. Comme preuve, une centaine d’hectares de forêts de mangrove ont été détruites dans la partie d’Ambanja où douze personnes, originaires du sud, dont un jeune mineur ont été arrêtées et déférées au tribunal lors d’une opération de contrôle effectuée par la direction régionale de l’environnement et du développement durable en collaboration avec la gendarmerie nationale de Diana. Quoi qu’il en soit, les migrations constituent un facteur dynamique de développement pour Nosy Be si elles sont vraiment orientées sur l’agriculture, car les habitants de Nosy Be ne sont  pas habiles en cette matière..
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