Le quinquina de Java, une plante introduite exceptionnelle


Les Notes terminent le survol des forêts malgaches par les raphias, tels qu’ils se présentent dans les années 30. Si ceux de la côte Est subissent les dégradations commises par les hommes, ceux de la côte Ouest ne sont non plus épargnés ni par les hommes ni par les feux de brousse. Selon des botanistes, c’est très regrettable, car les fibres dites « Raphia Mada­gascar type côte Ouest» sont les plus appréciées en Europe, soit du fait de leur teinte blanc crème, soit en raison de leurs grandes dimensions qui atteignent 1m20 de long et 6mm de large. Ils forment d’assez grandes taches intercalées entre les massifs forestiers et d’autant plus étendues qu’on se dirige vers l’intérieur. Grâce au développement des communications, les exploitants délaissent peu à peu les raphias côtiers épuisés, pour s’attaquer aux peuplements sains des districts de Kandreho, de Maevatanàna, d’Ambato-Boeny et de Port-Bergé. Mais à l’époque, ceux-ci commencent à s’épuiser à leur tour. C’est surtout pour eux que la règlementation spéciale est prise. En effet, elle tend à favoriser leur régénération grâce à des mises en réserves appropriées. Bien qu’en période de crise (suite de la crise économique de 1929 et menace de la seconde guerre mondiale sans compter les mouvements de revendications locaux), la Colonie exporte chaque année environ 7 000 tonnes de fibres de raphia qui représentent 20 millions francs. Cela explique la sauvegarde de ces peuplements. Pour synthétiser cette série de Notes, référons-nous, encore une fois, aux botanistes qui ont sillonné la Grande ile pour recenser la flore malgache et résument ainsi le cycle qu’ils ont accompli : « C’est une mise en  relief des variations multiples de la physionomie forestière malgache et du nombre infini des essences qu’on y rencontre. » Pourtant, ne sont énumérées que quelques espèces principales. Les botanistes s’abstiennent, en effet, de mentionner les peuplements de Tapia où l’on récolte la majorité des cocons de « landibe » (soie malgache). Ils ne forment plus, à l’époque, que trois ou quatre massifs à Miarinarivo, à Betafo, à Ambositra et dans l’Isalo, à Ranohira. [caption id="attachment_798" align="aligncenter" width="206"]Un baobab de la région du Menabe, aux alentours de Morondava Un baobab de la région du Menabe, aux alentours de Morondava[/caption]     Ils ne signalent pas non plus la flore du Centre-ouest (Ambato­finandrahana), très spéciale mais « sans intérêt pratique ». Ils ignorent « sciemment » la végétation étrangère adaptée qui supplée la déficience de la forêt locale en certaines parties de l’ile, notamment sur les Plateaux, mais on ne peut les assimiler dans la sylve malgache. Toutefois, parmi ces espèces introduites, ils en retiennent une, étant donné son importance exceptionnelle. Il s’agit du quinquina de Java (en réalité deux espèces du même genre). Les essais de culture de la plante sont entrepris sur une base sérieuse et au bout de cinq ans, ils semblent déjà donner de bons résultats dans la région d’Antsiranana. « Le rôle primordial que joue la quinine dans la médecine coloniale, commande de pousser le plus possible ces essais qui représentent l’intérêt national. » Pour conclure, les botanistes soulignent que cette énumération d’espèces parmi tant d’autres et l’indication très rapide de leur emploi permettent de donner une idée du profit que Madagascar pourrait retirer de l’exploitation de ses forêts. Mais à une condition, que celle-ci soit conduite de manière rationnelle, c’est-à-dire « par coupes réglées, après un aménagement réfléchi ». Mais dans les années 30, il n’est pas encore possible de « réaliser pleinement » le revenu du capital forestier de la Colonie. Cela exige l’emploi d’un personnel et de crédits importants, au dessus des finances locales. Texte: Pela Ravalitera- Photos : Archives personnelles
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