Dépenses super-flou


La réorientation des dépenses fait partie des mesures demandées par le Fonds monétaire internationale. Il s’agit, pour les autorités, de se donner des nouvelles priorités, et d’avoir des dépenses de qualité. Et les dépenses de qualité, ce sont, comme le martèle Patrick Imam, le représentant résident du FMI à Madagascar, celles qui sont « consacrées au développement des infrastructures essentielles », ainsi que celles qui sont « destinées aux secteurs sociaux tels que l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement ». Dans la future loi de finances rectificatives que le gouvernement doit absolument présenter à l’Assemblée nationale avant fin juillet, l’on s’attend donc à ce que certaines dépenses superflues, ou à tout le moins, qui ne concernent pas le plus grand nombre et la majorité soient abandonnées, ou au moins réduites. L’on s’attend aussi à ce que les budgets destinés aux dépenses prioritaires et de qualité soient augmentés. Mais les frais engagés pour les déplacements présidentiels à l’étranger font-ils partie des dépenses prioritaires ou des dépenses superflues ? D’autant qu’en louant des avions, selon ses propres termes, Hery Rajaonarimampianina doit en engager des dépenses … Si la question avait été posée au président de la République, il aurait sûrement répondu, avec sa façon bien à lui et son petit rire en coin, que ses voyages à l’étranger rapportent plus qu’ils n’en dépensent. Que cela reste des priorités parce que nous avons encore besoin de convaincre les investisseurs. A une époque, il était question de ramener le pays dans le concert des Nations, et négocier le retour de la confiance internationale. Puis, il fallait convaincre les partenaires techniques et financiers de revenir. Depuis quelques mois maintenant, il est surtout question de « roadshow économique », et d’attirer les investisseurs. Quoi qu’au début du mandat, il avait déjà été, un moment, évoqué que les voyages présidentiels visaient à séduire les investisseurs à venir à Madagascar. Mais la question n’a pas pu être posée au président de la République. Le ministre des Finances a donc dû répondre à sa place. Ne trouvant peut-être pas les arguments pour défendre les frais engagés pour les voyages présidentiels, il a préféré botter en touche, affirmant ne pas être dans son rôle pour apporter les réponses. « La présidence a son propre budget et il le gère comme il l’entend », s’est-il contenté de lancer. On ne lui reprochera pas non plus de ne pas vouloir défendre une cause perdue. Le coup des roadshows économiques et des campagnes de séduction des investisseurs ne marche quasiment plus. Le président pourra peut-être trouver l’excuse du « après le programme FEC, il faut aller partout pour faire part aux investisseurs de notre volonté et de notre capacité à entreprendre des réformes », mais il ne trompera plus que ceux qui ne veulent pas ouvrir les yeux. Quant au coup du rétablissement de la confiance des partenaires techniques et financiers bilatéraux ou multilatéraux, le prétexte est déjà complètement obsolète. Parce que s’il voulait vraiment tout cela, et promouvoir même la diplomatie économique, cela aurait fait longtemps qu’il aurait dû nommer des ambassadeurs dans les pays partenaires-clés. Mais il ne le fait pas. Préférant peut-être jouer en personne le rôle de l’ambassadeur itinérant. Ban Ki-moon avait, certes, assuré, après sa brève visite officielle, qu’il serait désormais un ambassadeur pour Madagascar. Sauf qu’on aurait aimé avoir de vrais ambassadeurs dans les principaux pays où on en a toujours eu, ne serait-ce que pour enfin mettre en œuvre la diplomatie économique. A se demander pourquoi le chef de l’Etat semble avoir du mal à accréditer des ambassadeurs auprès des autres pays. Indécision, oui. Mais encore. Pression ? Incapacité à trouver des hommes et des femmes de confiance ? Ou alors, tout simplement, la volonté de garder pour soi le rôle de représentant de Madagascar auprès des pays amis, et en profiter pour ne pas réorienter ses dépenses ? Par Lova Rabary-Rakotondravony
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