Mayotte - Une année de peur au rythme des séismes


Depuis un an, des tremblements de terre à répétition perturbent la vie des habitants. Si beaucoup sont dans l'angoisse, d'autres ont fini par s'habituer à ce phénomène nouveau. Les enfants de Katty eux, restent « traumatisés » depuis qu'un fort tremblement en juin a fait tomber le climatiseur de la maison où ils se trouvaient, causant l'incendie d'une partie de cette habitation de l'ouest de l'île, a affirmé dimanche la mère à l'AFP. Samaouia, une sexagénaire, redoute toujours les secousses qui la réveillent. « Ça vient toujours la nuit. La maison, la cuisine, tout bouge. (…) J'ai peur mais je m'en remets à Dieu », a-t-elle affirmé en shimaoré (langue locale) à l'AFP, assise en face de sa case de béton et tôle, située dans le sud. Cette sismicité nouvelle pour le 101e département français est d'origine volcanique (avec une composante tectonique), ont estimé les experts. Contrairement aux séismes ponctuels suivis de répliques, elle est constituée de tremblements de magnitude plus ou moins équivalente sur des temps resserrés. Ces secousses se produisent à un rythme quotidien, nuit et jour. Rien de dramatique Depuis le 10 mai 2018, date de début de ce phénomène « en essaim », Mayotte a subi plus de 1.800 secousses de magnitude supérieure ou égale à 3,5, selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). La plus forte jamais recensée dans l'île a été enregistrée à 5,8. Rien qu'en avril, l'île a été touchée par plus de cent trente séismes de ce type, soit environ quatre par jour, dont les épicentres se situent entre 30 et 50 km à l'est de Mamoudzou (chef-lieu). Certains se sont familiarisés avec le phénomène: « Maintenant, on a l'habitude, on vit avec », souligne Mariame, voisine de Samaouia. « Je pense que maintenant (…) la population est complètement acculturée » au phénomène, a estimé Etienne Guillet, directeur de cabinet de la préfecture, avant la période de réserve pré-électorale. Au début des séismes, une partie des habitants avait préféré dormir dehors durant plusieurs semaines. Ces secousses n'ont pour l'instant fait aucune victime. L'essentiel des dégâts matériels porte sur des « bâtis pas bien construits », a expliqué le directeur de cabinet, alors que l'auto-construction est très pratiquée à Mayotte et les habitats peu assurés. « Rien d'inquiétant, rien de dramatique », a résumé Etienne Guillet, rappelant que la zone était classée en sismicité « modérée ». Mais si les dégâts sont « assez limités (…), ça ne veut pas dire que ce n'est rien et qu'il n'y aura rien », a-t-il souligné. © JIR
Plus récente Plus ancienne