Vindicte populaire - Les policiers relevés de leur poste


La hiérarchie de la police annonce le remplacement des policiers postés à Maroantsetra. L’ouverture d’une enquête interne et d’une enquête judiciaire est, également, indiquée. Mesures administratives et enquêtes. Suite aux événements de Maroantsetra, telles sont les mesures prises par le commandement de la police nationale, indiquées dans une déclaration signée par le contrôleur général de police Roger Rafanome­zantsoa, ministre de la Sécurité publique. Dans cet acte donc, le ministère de la Sécurité publique affirme que rétablir le respect de la discipline, figure dans les objectifs de réforme du département. Aussi, en réaction aux événements du samedi 6 avril, « le ministère a décidé de remplacer tous les policiers en poste à Maroantsetra », rapporte la déclaration d’hier. Il est, toutefois, ajouté qu’il ne s’agit pas d’une sanction, mais d’une mesure administrative », afin de calmer la situation. « Nous réitérons que le métier de policier n’est pas un refuge pour les bandits », affirme, par ailleurs, la déclaration ministérielle qui ajoute que »tous ceux qui ont transgressé la loi dans cette affaire feront l’objet d’une poursuite. » À Maroan­tsetra, le ministre Rafanome­zantsoa, rapporte l’acte qu’il a signé, a demandé publiquement que « l’enquête soit menée par la justice. » Pour les policiers « affectés », ajoute la déclaration, »une enquête interne et une procédure de sanctions disciplinaires », seraient en cours. La mort douteuse d’un lycéen de 19 ans, gardé-à-vue au commissariat de Maroantsetra, a embrasé la ville, samedi dernier. Alors en cellule, le jeune homme se serait trouvé mal. Transféré à l’hôpital, le jeune homme est, toutefois, décédé. Selon les informations partagées par la gendarmerie nationale, un constat médical indique que le lycéen aurait succombé aux séquelles d’une violente agression physique. L’hypothèse d’une violence policière durant la garde-à-vue est prise en compte. Réflexions Suite à cet événement, le commissariat de Maroan­tsetra a été pris d’assaut par une partie des habitants. Les habitations des policiers ont été incendiées. L’émeute a fait un mort et un blessé. Une délégation gouvernementale est descendue sur place, dimanche. Des sanctions et des poursuites ont été annoncées contre ceux qui ont été la cause des événements du 6 avril. Réagissant sur les faits de Maroantsetra, hier, Christian Ntsay, Premier ministre, les ont qualifié de « vindicte populaire ». En marge d’une réunion, à Mahazoarivo, hier, le chef du gouvernement a affirmé que « nous allons sanctionner les responsables de cet événement, notamment, ceux de la police nationale. » Affirmant l’intransigeance de l’État face aux vindictes populaires, le Premier ministre ajoute, « nous savons qu’il y a des personnes malintentionnées derrière ces faits (…) ». Il est, probable, donc, que l’enquête judiciaire annoncée concerne, également, ceux qui ont pris à partie les policiers et incendié leurs résidences. Les événements de Maroantsetra rouvrent la question sur la disposition de la police nationale à se soumettre à la justice. Sur l’affaire Antsakabary, ou plus récemment, à Fenoarivo-Antsi­nanana, les enquêtes ont été à sens unique. Les civils impliqués dans les faits ont systématiquement été incarcérés, alors que l’enquête stagne sur la responsabilité des policiers. Dans certains cas, il s’agit, pourtant, d’actes qui pourraient faire l’objet d’une poursuite pénale. La demande publique d’une prise en main du dossier Maroantsetra par la justice, pourrait signifier que le ministre de la Sécurité publique serait disposé à signer une autorisation de poursuite de ses éléments. Un acte que la justice n’a pas pu obtenir, jusqu’ici, sur l’affaire Antsakabary, par exemple. Dans les coulisses de la déclaration d’hier, la crainte d’une réaction corporatiste, des syndicats au sein de la police nationale, a taraudé les esprits du commandement. Pour les analystes, les faits de samedi imposent des réflexions sur la rigueur du recrutement au sein de la police, notamment, s’agis­sant de la moralité, du respect de l’éthique et de déontologie du métier, ainsi que le respect de la loi et des droits humains dans l’exercice de leur métier.  
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