Claudine Ratsimbazafy - « Les Malgaches font le choix de devenir entrepreneur avant tout »


Enseignante de carrière, économiste de formation, spécialiste de l’entre­preneuriat et pilote de l’enquête internationale Global Entrepreneurship Monitor (GEM) pour Madagascar, Claudine Ratsimbazafy met en lumière le comportement entrepreneurial de la femme malgache, la journée consacrée aux femmes étant le 8 mars. • Que peut-on dire de la place de la femme dans le milieu entrepreneurial ? - À travers une enquête de Global Entrepreneurship Monitor, on aboutit à des indicateurs chiffrés. Cette enquête va s’accompagner de données qualitatives. Des femmes entrepreneures ont été approchées dans le cadre de l’enquête afin de voir leur perception de l’écosystème entrepreneurial. On ne devra pas parler de la place de la femme dans le domaine de l’entrepreneuriat car rien n’oblige à ce que l’on parle de l’entrepreneuriat féminin par rapport à l’entrepreneuriat masculin. La femme a une indépendance qui lui permet d’être en mesure de se prendre en charge d’elle-même. Ce qui amène à caractériser l’entrepreneuriat féminin en prenant en compte de la femme en tant qu’entrepreneure. Une femme entrepreneure est une personne bien outillée techniquement, bien armée psychologiquement et vraiment très à cheval, capable de réussir dans ce qu’elle entreprend. Une femme qui se lance en entrepreneuriat, peu importe l’échec qui peut prévaloir, a une capacité de résilience. • Quels facteurs justifient la résolution d’entreprendre chez une femme ? Ce qui n’est pas normal c’est de se voir comme salariée. L’entrepreneuriat, c’est une opportunité. Les femmes sont formées et formatées pour devenir des salariées. Traditionnellement, chaque Malgache est entrepreneur dans l’âme. Cet état d’esprit est resté dans l’inconscient de tout le monde et maintenant, c’est le moment plus que jamais de raviver cette flamme conduisant à la création de valeur. Parmi les principaux indicateurs de l’enquête GEM, se trouve le taux d’activité entrepreneuriale qui traduit l’implication de la femme dans l’entrepreneuriat en inventant une activité génératrice de revenus. Un point important à savoir, c’est qu’à Madagascar, on ne recourt pas à l’entrepreneuriat par nécessité, contrairement à ce que la théorie laisse supposer. Les Malgaches, y compris les femmes, font le choix de devenir entrepreneur avant tout. C’est lorsqu’on a peur d’échouer que l’on se replie sur des activités salariées. La décision cruciale d’entreprendre chez la population active à forte majorité de femmes interfère sur le choix de politiques à adopter pour le développement du pays. À Madagascar, les femmes bénéficient pratiquement des mêmes opportunités que les hommes, des mêmes compétences en termes d’entrepreneuriat, ce qui n’est pas le cas dans les pays où la position de la femme est marginale. Avec ces avantages, la femme acquiert un niveau de respectabilité par rapport à celui des hommes, ce qui lui permet à elle de se lancer tout naturellement dans l’entrepreneuriat. • Quelles entorses peuvent exister quant au choix d’une femme de s’orienter vers l’entrepreneuriat ? En tant que femme entrepreneure, on fait face à des défis très importants dans tous les domaines. Par rapport au cycle de vie d’une personne, généralement les filles réussissent mieux que les garçons dans les études. Une fois ces dernières terminées, le cours normal de la vie conduit la femme à fonder une famille. Avec le temps, on se marie, on a des enfants et on pense à la carrière. C’est là qu’on privilégie l’entrepreneuriat afin de pouvoir consacrer du temps pour la famille et pour ce que l’on entre­prend, ce qui n’est pas prévu pour les travaux salariés. Plus d’expériences et plus de compétences peuvent être développées au fur et à mesure que l’on s’élance dans une carrière indépendante. Il y a des pics et des creux en fonction de l’évolution de la personne dans son activité professionnelle. À voir ces réalités, rien de doit constituer un obstacle à l’entrepreneuriat pour chaque femme. Tsiory Fenosoa Ranjanirina
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