Le Vonizongo, une région-refuge


Vaste subdivision de l'Imerina ancien  ecomprise entre l'Ikopa et la Betsiboka, le Vonizongo existe, selon la tradition écrite, avec l'arrivée d'Andrianentoarivo à l'époque d'Andrianjaka. Après quelques décades, ce noyau de pionniers rayonne vers le Nord et l'Ouest, à partir de Lohavohitra et Babay, les premiers sites fortifiés. De nouveaux villages fortifiés sont alors bâtis que se répartissent les Andrianentoarivo et qui symbolisent l'extrême division dans laquelle vivent les seigneuries à cette époque. Ces nouveaux fiefs sont Andranovelona, Ambohidroandriana, Mampitovy, Maharavoravo, Ambohitriraisana, Faravazo, Andrambazina, Fihaonana, Fierenana, Andranomasina et Miaramanjaka. D'après A. Mille, entre 1650 et 1795, une progression des groupes sociaux a lieu, mais ils conservent dans leurs déplacements les noms de leurs anciens villages d'origine. Cette expansion date de la prise en mains de Vonizongo par Andrianampoinimerina. Dans les années qui suivent, celui-ci fixe la limite nord de ce territoire à la région d'Andriba en y installant des avant-postes de colons-soldats à Mangasoavina, Andriba, Ambohitsimahafotsy, Malatsy et Imerimandroso. Le Vonizongo comprend à l’époque diverses parties difficiles à délimiter, car « les zones d'habitat sont entremêlées sous forme d'enclaves dispersant un même groupe territorial dans des régions souvent éloignées les uns des autres ». Et si un village possède en propre son « faritany », « l'ensemble du groupe apparaît disséminé et son territoire n'est pas une région hermétique ». Il semble qu'il existe sous Andrianampoinimerina des groupes sociaux coiffés par des groupements territoriaux, tels les Mangany qui englobent les Zafimanantsa et les Zanamanotrona. Pourtant bien que les frontières du Vonizongo soient imprécises, la plupart de ses chefs-lieux, même sous Andrianampoinimerina, ne dépassent guère vers le Nord la rivière d'Andranobe (affluent de l'Ikopa) qui borde le sud d'Ankazobe. Cette ville semble être le seul chef-lieu au nord de la rivière. Concernant les avant-postes d'Andriba, ils ne sont pas inclus dans les divisions du Vonizongo et doivent être considérés comme une avancée isolée. « La région comprise entre le sud d'Andriba et la rivière Manankazo était tenue à l'époque pour une zone inhabitée. » Le Guide annuaire de Madagascar de 1905 donne pour l'année précédente 41 673 habitants pour le Vonizongo et le Valalafotsy réunis sous le nom de Province de l'Imerina du Nord. Cette population dont la diversité date d'Andrianampoinimerina, comprend une majorité de Hovavao (20 109), des Hova (15 928) et des fractions de Manendy (1 383), de Sakalava (1023), de Masombika (originaires du Mozambique, 193) et de Tsiarondahy (2 825). Ces chiffres montrent qu'en dehors de certaines zones de concentrations, de vastes régions sont demeurées à peu près vides. En outre, la présence d'une forte proportion de Hovavao (esclaves andriana et hova affranchis, ou rachetés, ou enfuis) démontre que le Vonizongo est une zone refuge. « Probablement depuis l'époque des Vazimba. » Ce fait semble confirmé par l'inventaire des anciens villages à fossés de la région. « Un certain nombre de sites perchés, de type apparemment ancien, sont disséminés au nord de l'Andranobe et même au nord de la rivière Manankazo, en contradiction apparente avec les positions méridionales des chefs-lieux traditionnels dont l'extension atteignait à peine l'Andranobe au XVIIIe siècle. » Ainsi, des groupes plus ou moins indépendants en rupture avec leurs clans d'origine, peuplent sporadiquement ces régions réputées désertes. Même certains Andriana qui ont pour diverses raisons quitté l'Imerina central, se réfugient dans le Vonizongo en des endroits non précisés. « On ne saurait dire dans quelle mesure ces groupes se sont intégrés à la population en place ou s'ils se sont individualisés en créant des villages isolés. » Texte : Pela Ravalitera - Photo : Archives personnelles
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