Procès Apollo 21 - Jour 2 : Paul Rafanoharana plaide non coupable


Place aux discussions sur le fond du dossier durant le deuxième jour du procès de l’affaire Apollo 21. Une seconde journée durant laquelle Paul Rafanoharana s’est présenté à la barre. Non coupable. En somme, telle est la posture prise par Paul Rafanoharana, lors de son passage à la barre de la Cour criminelle, hier. Catégorique, le franco-malgache réfute la principale accusation qui lui est imputée, celle de la tentative d’assassinat du président de la République. Après une décision de suspension, lundi en fin d’après-midi, le procès sur l’affaire Apollo 21 a repris à la salle 4 du palais de justice d’Anosy, hier. Après une première journée consacrée à la lecture du dossier d’accusation, suivie d’une tentative des avocats de la défense de faire annuler le procès pour cause de vice de procédure, place aux discussions sur le fond du dossier durant cette deuxième journée. Attendu par toute l’assis tance, c’est Paul Rafanoharana qui a ouvert la valse des interrogations. De 10 heures, jusqu’aux alentours de 17 heures, ponctué par une pause déjeuner, le retraité de la gendarmerie française a été soumis à une batterie de questions de la présidente de la Cour, du ministère public et des avocats de la défense. D’entrée, Paul Rafanoharana a nié vouloir attenter à la vie du Chef de l’État. Il reconnaît, néanmoins, être l’auteur du document Apollo 21, précisant qu’il en est l’unique auteur, semblant écarter la responsabilité de ses co-accusés. Si l’accusation estime que le document relate un projet d’assassinat du Président, Paul Rafanoharana se défend, pourtant, en soutenant qu’il s’agit «d’une élaboration d’un budget». Mis en avant par le ministère public, le document intitulé Apollo 21 parle bien d’un budget, estimé à 5 millions d’ariary. Seulement, il évoque des points comme «la prise», d’institutions comme la présidence de la République, la primature. L’option de financement «de commando», a été cité, hier. Devant la Cour, l’accusé a, toutefois, également nié toute intention de fomenter un coup d’État. Il explique qu’il s’agit juste «d’une réflexion théorique», niant toute volonté d’aller plus loin. Neutraliser La lettre de Paul Rafanoharana adressée au boss de la maison mère de la société Madagascar Oil, pour une demande de financement du projet Apollo 21, ou encore, l’origine des 900 millions d’ariary saisis à son domicile, lors de son arrestation ont, également, été soulevés durant l’audience d’hier. Des explications sur les noms de personnalités destinées à des postes à hautes responsabilités trouvés dans les documents qui appartiendraient à l’accusé ont, également, été requises. Devant la Cour, des éléments de preuve comme des captures d’écran d’échanges électroniques entre Paul Rafanoharana et un diplomate ayant officié à l’ambassade de France ont été présentés. Le nom «Rajoelina», est cité dans ces discussions. L’accusé affirme qu’à un moment donné, il aurait été sollicité pour être Premier ministre. Ce qui explique, selon lui, la liste des personnalités devant occuper des postes à haute responsabilité. Cette sollicitation pour siéger à la primature l’aurait, également, amené à être en contact avec des chargés des personnes à la présidence de la République, dont Yvon Randriazanakolona, dit Sareraka, chargé de mission, qui fait partie de ses co-accusés. À entendre les dires de Paul Rafanoharana, hier, sa marche vers la primature aurait été coupée court par le véto de certains dignitaires proches de la présidence de la République. Martelant qu’il n’aurait jamais eu l’idée d’assassiner le Chef de l’État, il affirme qu’au contraire, son intention était «d’aider le Président». S’employant à démontrer sa bonne foi, il indique dans ses propos que cette aide implique le fait de «neutraliser son entourage mafieux [l’entourage du président de la République]», afin que ce dernier puisse exercer ses fonctions. À une question qui lui a été posée, le franco-malgache rétorque, cependant, que «neutraliser n’est pas éliminer». À la barre, il a cité des noms. Des noms de ceux qu’ils considèrent comme faisant partie de «l’entourage mafieux », du locataire d’Iavoloha. S’il plaide non coupable sur l’accusation d’attenter à la vie du président de la République, Paul Rafanoharana reconnaît, toutefois, son intention «de neutraliser son entourage mafieux». De prime abord, c’est dans ce sens qu’il a voulu orienter les débats durant l’audience d’hier. Le troisième épisode du procès de la saga Apollo 21 se jouera aujourd’hui, toujours à la salle 4 du palais de justice d’Anosy. Sauf changement, ce sera au tour de Philippe Marc François, retraité de l’armée française de se présenter à la barre. Il fait partie des premières personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire, le 20 juillet.
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