Enchères ce jour


Petit émoi chez certains Malgaches à apprendre la vente aux enchères, ce jour, mardi 8 décembre 2020, à Londres, d’objets (photographies, lettres, documents et objets) ayant appartenu à la Reine Ranavalona III (décédée en 1917) ainsi qu’une spectaculaire robe du XIXème siècle, probablement confectionnée à Madagascar, ayant appartenu à sa tante Ramasindrazana (décédée en 1923). Ces objets font partie de la collection privée de Clara Herbert qui avait accompagné Ranavalona III tout le temps de son exil, à partir de février 1897. Ce n’est pas la première fois que des collections royales partent aux enchères. Le 12 mars 2020, la maison Drouot accueillait une vente aux enchères de pièces ayant appartenu à Louis-Philippe, le dernier «roi des Français» (1830-1848) et provenant du château d’Eu, sa résidence d’été. La pièce maîtresse de la collection était le premier service d’orfèvrerie, réalisé par Jacques-Auguste Gandais autour de 1834. Fin septembre 2015, la vente chez Sotheby’s des collections de Feus Monseigneur le Comte de Paris (1908-1999) et Madame la Comtesse de Paris (1911-2003), les héritiers du trône de France, avait rapporté 7 millions de dollars. Les collectionneurs étaient accourus de 22 pays et les grands musées (Versailles, Louvre) ne furent pas en reste obtenant quinze préemptions. Une photographie de Ferdinand 1er, de la maison de Saxe-Cobourg et Gotha, prince souverain de Bulgarie (1887-1908) et roi de Bulgarie (1908-1918), s’était retrouvée dans la collection de Léon Bourgeois, Prix Nobel de la paix 1920, et ancien président du Sénat français. De même, un ensemble de trois grands portraits photographiques de Louise de Belgique, épouse du prince Philippe de Saxe-CobourgGotha, avaient été mis en vente en novembre, 2000 en provenance de l’ancienne collection de Robert d’Orléans, duc de Chartres (1840- 1910). Notons, pour la petite histoire, qu’autour de l’an 1900, cinq trônes européens étaient occupés par un représentant de la maison Saxe-Cobourg-Gotha. Dont celui d’Angleterre. Mais, à cause de la guerre de 14-18, et l’Allemagne étant l’ennemie de l’Angleterre, les cousins anglais de l’empereur d’Allemagne, changèrent leur nom allemand de Saxe-Cobourg-Gotha en celui de Windsor. Un ouvrage collectif récent («Histoire de Madagascar. La construc­tion d’une nation», éditions Foi et Justice, 2020), présente deux versions des traditions orales: «Des légendes ont cristallisé les arrivées des Zavaka austronésiens dans la figure du géant Rapeto et l’histoire du mariage d’une reine dite «Vazimba», Rafohy («La Petite») avec un «étranger» (p.34); une autre tradition, dans un récit mythique, rapporte qu’une femme Zafiraminia, indonésienne du Nord de Sumatra, serait parvenue jusqu’à Alasora et s’y maria avec un prince Vazimba (p.72): la fôret des légendes et l’enchevrêtement des récits mythiques cachent l’arbre généalogique. Pourtant, Gilberte Ralaimihoatra s’y était essayée mais il faut se munir de surligneurs en plusieurs couleurs pour ne pas se perdre dans le labyrinthe endogamique. Et c’est ainsi qu’on arrive à Rafohy et Rangita, ces princesses Vazimba qui engendrèrent la maison Andriana. Les tombes royales du Rova d’Antananarivo avaient été prises en charge par les descendants. La réhabilitation du Rova d’Ambohidrabiby avait été réalisée à l’initiative des descendants. Une même démarche participative, en consortium, pourrait déboucher sur la constitution d’un portefeuille de projets ayant trait à l’histoire royale sur chaque «vohitra»: restauration du «vavahady» d’Amboatany ou d’Ambohitraina, sauvegarde de la maison princière de Manjakazafy, reconstruction du lapa au rova d’Ambohidratrimo. Ou le rachat en consortium des souvenirs de Ranavalona III et de Ramasindrazana en vue d’un vrai projet muséologique, autour de la Royauté et pour sauver le «Tsara va Tompoko» du folklore.
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