Présidentielle - Début de campagne électorale houleux


Les choses sérieuses commencent. La campagne électorale qui démarre aujourd’hui s’annonce tendue, à l’image de la bataille sur l’autorisation des hélicoptères de certains candidats. Jour J. Comme le dispose le décret fixant les modalités d’organisation de l’élection pré- sidentielle anticipée, «la campagne électorale en vue du premier tour de l’élection présidentielle anticipée commence le lundi 8 octobre 2018 à six heures du matin et prend fin le mardi 6 novembre 2018 à zéro heure». Le coup d’envoi officiel du sprint pour la conquête de la magistrature suprême démarre, alors, aujourd’hui. Bien que la majorité des candidats ne se soient pas privés d’entamer les opérations de charme à l’endroit des électeurs depuis plusieurs semaines, l’ambiance de la précam­pagne laisse présager que les trente jours de propagande risquent d’être houleux. Déjà, au sein du gouvernement, cette période de campagne démarre avec une divergence au sujet de l’octroi d’autorisation d’utilisation d’hélicoptère, notamment. Un cas dénoncé par les partisans des candidats Marc Ravalo­manana et Andry Rajoelina. Un sujet qui aurait fait l’objet d’une discussion en conseil du gouvernement et des ministres de la semaine dernière au motif du «traitement égalitaire de tous les candidats». Confiance S’ensuivit une «injonction», du Premier ministre à l’endroit du directeur général de l’Aviation civile de Madagascar (ACM), pour qu’il délivre les autorisations aux requérants. Outre l’égalité des candidats devant les services publics et la neutralité de l’administration, «un climat politique apaisé durant cette période électorale», est l’argument avancé dans l’injonction du locataire de Mahazoarivo. Ce fait tend à confirmer ce que présageaient des obser­vateurs lors de la formation du gouvernement. Bien qu’ils soient interdits de campagne, les ministres vont, de prime abord, s’évertuer à défendre les intérêts électoraux dans les activités gouvernementales. Déjà que la plupart, dès leur prise de poste affichent de manière ostentatoire leur obédience pour un courant politique, voire un candidat même dans les activités ministérielles. Certains ont même changé les logos de leur département aux couleurs de leur formation politique. Les chefs de l’Exécutif auront fort à faire pour préserver la neutralité et l’impartialité du gouvernement et de l’administration durant cette propagande électorale. Surtout que sur terrain, la partie pourrait être sans merci si l’on se réfère aux largesses verbales, financières et légales de la précampagne. Le fait que seulement une poignée de prétendants à la présidence de la Répu­blique ait accepté de signer la charte de bonne conduite et d’intégrité des candidats est criant. Lors de la cérémonie y afférente, mercredi, des participants à la course pour la conquête d’Iavoloha ont souhaité que l’on érige en loi cette charte pour que les préceptes aient une force contraignante. Plusieurs points soulevés dans ce texte figurent, pourtant, dans les lois électorales. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a déjà affirmé qu’il suivra de près le respect de la loi durant cette campagne et n’hésiterait pas à sévir en cas d’écart de conduite des candidats et de leurs partisans. Après une impuissance reconnue durant la précampagne, à cause du silence de la loi, d’aucuns ont des doutes sur la capacité de la CENI et aussi, de la Haute cour constitutionnelle (HCC), à sanctionner les contrevenants. Dans une déclaration faite sur la Télévision Malagasy (TVM), hier, maître Hery Rakotomanana, président de la CENI, a demandé à ce que «le patriotisme, le respect des valeurs malgaches et le respect de la loi», soient les maîtres mots de cette campagne électorale. Il en appelle à la responsabilité des tous les acteurs du processus électoral pour préserver l’apaisement national. Une balise forte pourrait, néanmoins, s’avérer nécessaire pour éviter les dérapages. L’enjeu est de maintenir la confiance envers la crédibilité du processus.
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