Élection présidentielle - L’Europe « prend acte » du rapport de la MOE


La nouvelle ambassadrice de l’Union européenne a présenté ses lettres de créance au président de la République, hier. Ses premiers échanges avec la presse ont essentiellement porté sur le rapport concernant les organes de gestion électorale, publié par la mission d’observation électorale la semaine dernière. P rendre acte. C’est avec cette expression hautement diplomatique que la nouvelle ambassadrice de l’Union européenne (UE), Isabelle Delattre, a répliqué à la presse, hier, au palais d’État d’Iavoloha. Une réponse donnée à la question sur le rapport d’évaluation publié par la mission d’observation électorale de l’UE (MO-UE), la semaine dernière. Il fallait s’y attendre étant donné que le sujet a fait l’effet d’une bombe. Une déflagration qui continue à faire parler au sein du microcosme politique. Le rapport de la MOE-UE a alors pris la part belle des premiers échanges entre la presse malgache et la nouvelle ambassadrice Delattre. «L’Union européenne et la délégation de l’Union européenne ne peuvent que prendre acte de ce rapport», déclare-t-elle. Une formule qui permet de ne pas prendre franchement position et ainsi éviter de froisser les sensibilités. Difficile en effet pour l’ambassadrice qui porte la voix officielle des institutions européennes d’affirmer une position franche vis-à-vis du document publié, la semaine dernière. Sans concessions et frontales, la MOE - UE n’y est pas allée par le dos de la cuillère pour affirmer ce qu’elle considère comme faille dans le système électoral. Elle souligne ses réserves quant à une réelle indépendance de la Haute cour constitutionnelle (HCC), et de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). En cause, le fait que ces entités sont présidées par des proches du pouvoir. «Bien que les nominations des présidents de la CENI et de la HCC aient été faites en respectant les dispositions constitutionnelles et légales, la présence de personnes réputées proches du pouvoir à des postes pouvant influer le résultat des élections ne renforce pas la confiance des électeurs dans le processus démocratique dans l’optique des scrutins de 2023», soutient la MOE - UE dans son rapport. Le document publié la semaine dernière porte sur l’évaluation de l’application de ses recommandations, à l’issue de l’observation des élections de 2018. Outre la remise en cause de l’indépendance de la CENI et de la HCC, la mission insiste aussi sur la révision du cadre légal des élections. «Faute de réforme du cadre juridique, les carences de la législation électorale persistent. La mission de suivi réitère l'importance d’entreprendre une révision globale du cadre légal électoral, afin de corriger les faiblesses constatées et d’assurer l’exercice effectif des droits électoraux», ajoute la MOE - UE. Beaucoup de chantier «Prendre acte», permet d’éviter de s’embourber dans d’éventuelles polémiques, avec ses portées diplomatiques. Seulement, il ne s’agit pas non plus d’une désolidarisation vis-à-vis du rapport publié par la MOE - UE. Le document a, d’autant plus, été partagé à la presse et ensuite, publiquement sur les réseaux sociaux par la délégation de l’Union européenne. Les mots de Isabelle Delattre confortent même quelques lignes du rapport de la Mission d’observation électorale. L’ambassadrice de la délégation de l’UE s’est gardée d’aborder le sujet épineux qu’est le débat sur l’indépendance de la HCC et de la CENI. Face aux journalistes, hier, à Iavoloha, Isabelle Delattre a parlé de dossiers prioritaires, dans lesquels figure le programme de gouvernance. «Dans le cadre du programme de gouvernance que nous avons, nous allons nous attacher à soutenir aussi la bonne tenue des élections que nous voulons transparente et inclusive», déclare-t-elle. Un point discuté durant son entretien avec le président de la République, à l’entendre. Sur sa lancée, la diplomate rappelle, «(...) ce que je retiens c'est que dans le cadre des élections de 2018 il y avait toute une série de recommandations qui a été faite. Elles ont été présentées, y compris à la CENI et elles ont été bien accueillies». Ces recommandations ont été formulées par la MOE - UE à l’issue de sa mission d’observation des élections de 2018. Elles les ont réaffirmées lors de leur mission d’évaluation en avril et mai. Bien que la délégation de l’UE martèle que la MOE - UE est une entité indépendante des institutions européennes, les mots de l’ambassadrice font écho à ceux de la Mission, sur certains points. Giovanni Di Girolamo, le précédent ambassadeur de l’UE, a justement multiplié les plaidoyers pour l’application des recommandations faites par la MOE - UE, surtout, sur la révision du cadre légal électoral. Il a, également, mis un accent sur la transparence et le plafonnement des fonds de campagne. Des sujets redits par Isabelle Delattre, hier, à l’issue de la remise de ses lettres de créance au Président, à Iavoloha. «Il y a beaucoup de chantiers en fait et c’est en lien avec les recommandations qui ont été faites à l’époque», indique-telle. «Qu’il s’agisse de la mise à jour du fichier électoral, ou de progrès dans le cadre légal. Que ce soit, justement, le cadre légal concernant le financement de campagne, la transparence des fonds de campagne, ou la mise en œuvre de ce cadre légal. Donc il y a pas mal de choses à faire. (...) Nous allons suivre aussi l’évolution du cadre législatif qui doit être mis en place pour assurer la transparence et la crédibilité des élections», soutient l’ambassadrice Delattre. La diplomate conclut, «donc pour moi, une des tâches qui restent à accomplir est de mettre en œuvre ces recommandations (...) J’espère qu’on pourra faire avancer quelques dossiers en vue des prochaines élections».
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