Filière lait - L’offre loin de la demande


Un énorme gap à combler. La production de lait est loin de répondre à la demande du marché. Les acquéreurs abondent. Les apparences sont souvent trompeuses. Au delà des contours politico-fiscaux de la manifestation d’Antsirabe, où des individus ont renversé leur soi-disant surproduction sur l’avenue de l’indépendance après la fermeture de la société AAA, pour montrer leur désapprobation, il faut savoir que la réalité est toute autre. L’offre sur le marché du lait est nettement inférieure à la demande. Il est vrai que le Vakinankaratra fournit 65 % de la totalité de la production nationale mais le besoin national en lait est loin d’être satisfait. La production oscille autour de 20 000 litres par jour alors que le besoin tourne autour de 45 000 litres par jour. Il ne peut donc y avoir du lait qui ne trouve pas preneur si la demande du marché reste à combler. Sur les 20.000 litres, les partenaires de Croissance agricole et sécurisation foncière ( Casef), un projet du ministère de l’Agriculture financé par la Banque mondiale, en fournissent 18 000 litres. Il s’agit de Socolait qui dispose de sept centres de collecte fournissant 2000 litres par jour, Ny Antsika, Eco Farm Faratsiho et Manda collectent 1000 litres par jour chacun. De petites organisations d’éleveurs à l’image des coopératives Mandroso et Sandratra produisent 400 litres par jour. En tout dix mille ménages dans le district d’Antsirabe I, d’Antsi­rabe II et de Betafo sont touchés par cet appui de la Casef. Améliorer la production La faiblesse de la production vient de la qualité des vaches laitières. Une vache de souche locale ne fournit que 8 litres de lait par jour contre 15 à 20 litres pour une race pure ou un demi-sang. Ce qui fait que Madagascar ne produit que 67 millions de litres de lait par an contre 2 milliards de litre pour le Maroc selon les chiffres de Malagasy Dairy Board, un groupement d’intérêt économique également engagé dans l’amélioration de la filière lait. Le lait reste ainsi un produit de luxe pour le Mal­gache dont la consommation moyenne est de 5 litres de lait par an et par personne contre 25 litres pour un Africain et 250 litres pour un Français. C’est justement pour améliorer la production que la Casef intervient à toutes les chaînes de valeur de la filière lait. Au niveau des éleveurs, la Casef mène des activités pour l’amélioration génétique du cheptel laitier. Plusieurs stations de monte naturelle ont été ainsi mises à niveau avec des taureaux améliorés dans le Vakinanka­ratra. Des vaches laitières de bonne race ont été offertes aux éleveurs. La maîtrise de la conduite d’élevage et de l’alimentation animale reste primordiale pour développer la commercialisation du lait. Les centres de collecte ont été mis aux normes alors que les collecteurs relais ont été équipés. Des laboratoires mobiles gérés par le ministère de l’Agriculture ont été déployés pour assurer le contrôle et la qualité du lait. Des efforts à redoubler pour donner le poids que la filière lait mérite sur l’échiquier économique.
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