Remaniement - Le Président prend encore son temps


Cela fait plus de quinze jours qu'un ministère est dépourvu de ministre titulaire. Le chef de l'État affiche son habituelle nonchalance à combler le vide. Bis repetita. Cela fait dix-huit jours que le gouvernement a été orphelin de feu Rodolphe Ramanantsoa, ministre de l'Énergie. Dix-huit jours que le général Herilanto Raveloharison, ministre de l'Économie et de la planification, assure l'intérim à la tête de ce département. Dix-huit jours, durant lequel le secteur énergie est retombé dans ses travers avec le retour violent du délestage. Une situation qui amène l'opinion à estimer que nommer un ministre titulaire, ou du moins, réorganiser le gouvernement pour permettre au ministre responsable d'avoir pleine prise sur les dossiers du ministère de l'Énergie serait opportun. D'autant plus que combler un poste vacant à la tête des instances de conduite des affaires étatiques devrait être systématique quelle que soit la raison de la vacance de poste. Questionné sur le sujet, en marge d'une cérémonie concernant la Réforme du secteur sécurité (RSS), lundi, à Iavoloha, Hery Rajaonarimampianina, président de la République, a montré peu d'empressement à procéder à un remaniement du gouvernement Mahafaly. « Moi-même, je m'étonne que la presse en fasse autant sur le sujet. Comme quoi, chez nous, il y en a qui en sait plus que les principaux concernés. En tout cas, il y aura remaniement lorsqu'il le faudra », a-t-il répondu aux journalistes. Pour certains observateurs, la réaction du chef de l'État n'est pas une surprise. D'abord parce que, selon ses proches, « le Président apprécie peu qu'on lui force la main, ou qu'on lui mette la pression dans ses décisions ». Ensuite, un fait précédent indique qu'il montre peu d'empressement lorsqu'il s'agit de remplacer un ou deux ministres. Option Ça a été le cas, en début d'année, lorsque la gestion des affaires au ministère de la Pêche et celle de la Culture ont été assurées durant plusieurs semaines par des ministres intérimaires. Ahmad et Brigitte Rasa­moelina, les anciens premiers responsables des ces départements respectifs ayant été nommés sénateurs. Il a fallu attendre le changement du gouvernement qui a vu le remplacement du général Jean Ravelo­narivo, par Solonan­drasana Olivier Mahafaly, à la primature pour revoir un effectif gouvernemental au complet. Seulement, cette fois-ci, la vacance concerne un ministère qui gère un dossier particulièrement brulant, le redressement de la société Jirama, une conditionnalité du programme de référence validé par le Fonds monétaire international (FMI), tout en apaisant les supplices des longues et fréquentes coupures de courant. Selon les informations, deux autres ministères seraient aussi dans le collimateur d'un remaniement. Le premier est le ministère de la Communication et des relations avec les institutions, où le ministre Andrian­jato Vonison Razafidambo, mais surtout, son directeur de cabinet Nivo Ratiarison, ne seraient plus en odeur de sainteté auprès du personnel des médias publics. Bien qu'ayant réussi à faire passer au forceps le code de la communication, la complaisance du membre du gouvernement face aux frasques de son bras droit dans la gestion des finances de l'Office de la radio et télévision publique de Madagascar (ORTM), motiverait son éviction du team Mahafaly. Le commissaire divisionnaire Norbert Anandra, ministre de la Sécurité publique, serait également sur la sellette. Sa santé fragile en serait le motif. Mais il y a aussi la difficulté qu'il rencontre dans la composition de son cabinet. Une situation qui entraînerait des tensions entres les gradés de la police nationale. Estimant probablement que la conjoncture gouvernementale n'impose aucune prise de décision immédiate, le locataire d'Iavoloha semble prendre son temps. Si l'on s'en tient à certaines indiscrétions, le président de la République se verrait proposer d'autres scénarios. Un courant de ses collaborateurs effectuerait un lobbying pour pousser le premier ministre Mahafaly vers la sortie. Tandis que d'autres souhaiteraient que d'autres ministres soient évincés. Les luttes d'influences à Iavoloha n'est pourtant pas une nouveauté. Choisir parmi les scénarios et les personnalités présentées pourrait expliquer ce long moment de cogitation. Quoique ne rien changer semble, pour l'heure, l'option privilégiée. Garry Fabrice Ranaivoson
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