La qualité d’une élection


Le terme qualité s’entend conformément à la définition de ISO/CEI. « Aptitude d’un ensemble de caractéristiques intrinsèques d’un objet à satisfaire des exigences ». Les exigences dont il est question, sont celles implicites ou expresses des clients et les dispositions légales. Les clients sont les électeurs, destinataires des services d’élection fournis par la CENI, notre organisme électoral. La question qui se pose est : l’élection organisée par la CENI peut-elle donner satisfaction aux électeurs qui délèguent leur pouvoir de citoyens aux édiles, à travers le scrutin du suffrage universel égal direct ? En d’autres termes, les édiles sont-ils légitimes ? L’Organisation Internationale de Normalisation – ISO, s’est penchée sur la gouvernance publique au cours de la décennie en cours : Iso 37000 sur la Corruption – ISO 18 091 sur les Collectivités locales – ISO 17582 « Systèmes de management de la qualité — Exigences particulières pour l’application de l’ISO 9001:2008 aux organismes électoraux à tous les niveaux du gouvernement ». Cette dernière norme est en cours de révision pour mieux s’aligner sur la nouvelle génération de normes de management en 2015. La CENI de Madagascar ne déclare pas appliquer cette norme. Une évaluation des écarts par rapport à cette norme serait rédhibitoire. Néanmoins, soulever quelques points critiques semble nécessaire face aux risques élevés sur l’atteinte des objectifs ultimes de l’élection. Les informations sont exploitées à partir du site de la CENI. Le nombre d’électeurs pour cette année est établi à 9 903 913. En comparant ce nombre à la distribution et à l’effectif estimés de la population, un écart important est constaté surtout dans la tranche d’âge des jeunes entre 18 et 34 ans. Ceteris paribus, les résultats du dernier recensement montreraient encore certainement un écart plus conséquent. On ne dispose pas encore des détails statistiques. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a des citoyens qui n’exprimeront pas leur volonté. Les deux triangles à la base de la pyramide constatent les écarts. Cette anomalie doit exister depuis au moins une décennie pour donner une telle situation. Il n’est pas normal que le nombre d’électeurs soit largement inférieur à l’effectif de la population dans la tranche d’âges considérée. Nous sommes en face du paradoxe du passager clandestin. Les jeunes, les plus nombreux, et propriétaires des risques sur l’avenir, démissionnent face à leur devoir de citoyens ! Ce phénomène n’est pas propre à Madagascar. L’élection présidentielle au Mali se fait dans les mêmes conditions. Nous sommes tous responsables de cette défection, mais le leadership pour mener l’action corrective de cette non-conformité reste néanmoins à l’organisme électoral. Les révisions des listes électorales n’ont pas donné les résultats attendus. Dans certains pays, le fait de ne pas accomplir son devoir électoral est passible de pénalités. Sans aller aussi loin, on pourrait imaginer la perte de certains droits comme l’accès aux services publics moyennant l’interdiction de posséder des documents comme le passeport, la carte d’identité, le permis de conduire, le certificat de résidence … On est encore loin du big data, mais une centralisation de certaines données pourraient aider. La sensibilisation uniquement ne sera pas efficace. Le suffrage universel direct égal reste un service de mauvaise qualité en Afrique, d’abord à cause des conditions matérielles (coût, enclavement, télécommunication), mais aussi à cause des mauvaises pratiques politiques. La performance de cette méthode, en termes d’efficacité et d’efficience pour instaurer la démocratie en Afrique, est faible. Les Etats Unis ne choisissent-ils pas leur Président autrement ? Le manque de légitimité ouvre la voie aux conflits politiques. Le système est favorable aux populistes et autres démagogues. On peut toujours espérer son amélioration, Mais la route est encore longue et les risques élevés. Le client est loin d’être satisfait. par Rakotomanjaka José
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