Budget - Réduction en perspective du déficit budgétaire


D’après les projections effectuées par les économistes de la Banque mondiale, après une hausse à 7,2% du PIB en 2022, le déficit budgétaire devrait descendre à 5% en 2024. Si l’on se réfère aux données fournies dernièrement par la Banque Centrale de Madagascar (BCM), depuis le début de l’année, le déficit de l’État a été financé essentiellement par la mobilisation de ressources locales, à hauteur de 0,5 % du PIB, y compris le recours de l’État auprès du système bancaire à hauteur de 0,9 % du PIB. Sur cette période, l’État s’est aussi désengagé sur les Bons du Trésor par Adjudication (-6,2 milliards d'ariary), et a levé des fonds sur les Bons du Trésor Fihary (+18,1 milliards d'ariary). Le financement extérieur, via les tirages sur les prêts projets, s’est chiffré pour sa part à 52,8 milliards d'ariary. C’est certainement sur la base de ces chiffres que les experts des institutions de Bretton Woods estiment que la Grande île a le s moyens de réduire son déficit budgétaire. Ils avancent également que cette baisse prévue du déficit budgétaire de Madagascar reposera sur une reprise attendue des recettes fiscales. En face, les niveaux d’endettement projetés restent relativement modestes par rapport à d’autres pays à faible revenu et les risques de surendettement sont jugés modérés, en supposant des réformes pour stimuler la mobilisation des recettes intérieures et une gestion prudente des finances publiques. Mais selon la Banque mondiale, la prudence est cependant de mise car l’expérience d’autres pays à faible revenu suggère que les risques liés à la soutenabilité de la dette peuvent rapidement s’amplifier une fois que la dynamique commence à se détériorer. Un tiers des pays qui ont connu une augmentation des risques de surendettement de faibles à modérés auraient observé une nouvelle détérioration vers des risques élevés en l’espace de trois ans. On note en outre que Madagascar doit accorder une attention particulière à la gestion des investissements publics, la capacité institutionnelle à gérer les passifs éventuels et les pressions financières croissantes auxquelles sont confrontées les principales entreprises publiques, notamment la Jirama et Air Madagascar. Par ailleurs, les bailleurs de fonds traditionnels souhaitent que des éclairages soient apportés concernant le projet de l’État de mettre sur les rails un fonds souverain. Besoin de réformer Si le déficit budgétaire du pays ne constitue pas une réelle source d’inquiétude, la Banque mondiale soutient qu’il est important de mettre à profit cet avantage pour accélérer les réformes pour rattraper le retard de développement du pays. « Sur la base des tendances d’avant la crise, il faudrait environ 10 ans de croissance ininterrompue pour inverser la perte de revenus moyens survenue pendant la crise de 2020- 2022 », indique cette institution. Madagascar doit donc maitriser ses finances publiques tout en maintenant une croissance bien supérieure à ses moyennes historiques pour renverser la tendance. Mais cela ne peut se produire que si le gouvernement lance des réformes de grande envergure qui permettront de nouveaux investissements dans les secteurs essentiels à la création d’emplois et à la transformation structurelle, un meilleur accès aux services et infrastructures de base, une plus grande résilience aux chocs, une amélioration de la mise en œuvre des politiques publiques... Des recommandations allant dans ce sens ont été présentées dans le récent Diagnostic-Pays de la Banque mondiale, dont les mesures dites urgentes comme l’accélération de la vaccination contre la COVID19 pour renforcer les chances de reprise durable. Du côté de l’équipe du FMI, on confirme la probabilité de cette baisse progressive du déficit budgétaire. Mais on rappelle également que, du fait de la crise sanitaire, la situation budgétaire de Madagascar a été affectée par une forte réduction des recettes fiscales, faisant passer le solde primaire intérieur d'un léger excédent en 2019 à un déficit d'environ 3% du PIB en 2020, tandis que le déficit du compte courant s'est creusé à 6% du PIB. « Le nouveau programme vise à reconstituer un espace budgétaire pour les dépenses et les investissements sociaux indispensables, à faire progresser le programme de réformes structurelles, y compris le renforcement du cadre monétaire et de la surveillance financière, et à améliorer la gouvernance. Il est aussi attendu que l’appui financier du FMI contribue à stimuler le s investissements du secteur privé et à catalyser le soutien financier des partenaires du développement », a indiqué le Fonds dans son dernier communiqué.
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