L’oligarchie hova merina prend de l’importance


La politique traditionnaliste de Ranavalona Ire favorise l’oligarchie hova militaire et commerçante, et donc les intérêts des grandes familles bourgeoises. La reine commence à renvoyer les missionnaires de la London Missionary Society qu’elle considère comme des étrangers dangereux. Toutefois, les réalisations du tisserand Canham, du forgeron Chick et celles de Cameron enrichissent le royaume, un double aspect de l’activité des assistants techniques qui n’échappe pas à la reine. D’après les auteurs de l’ Histoire de Madagascar destinée aux classes Terminales, avec ses conseillers, elle imagine une formule nouvelle qui « tout en éliminant la Mission, lui permettait de conserver seulement les missionnaires utiles ». Elle offre ensuite un contrat individuel à Cameron et à Chick alors que son administration fait le vide autour des simples éducateurs. « L’élimination de l’influence anglaise s’accomplit au cours des sept premières années de son règne. » Ainsi, en 1828, quatre mois après la mort de Radama, Ranavalona dénonce les traités anglo-malgaches de 1817 et 1820. Les missionnaires sentent la menace et s’efforcent d’accélérer la publication des textes saints. « Dans cette atmosphère difficile, l’évangélisation parut progresser. » Le 26 février 1835, la reine adresse aux Européens un message dans lequel elle précise sa pensée : liberté pour les étrangers de suivre leurs coutumes et leurs religions, « à condition qu’ils se plient aux lois du royaume » ; interdiction aux Malgaches de pratiquer le christianisme ; seul l’enseignement technique reste possible. Et un édit interdit aux Malgaches de fréquenter des Européens. Les missionnaires anglais rembarquent pour Maurice. En fait, peu d’Européens participent à l’œuvre de rénovation. Cependant, le départ des Anglais favorise les entreprises privées, en particulier celles des commerçants français. De plus, l’intervention militaire de Gourbeyre en 1829, sur la côte betsimisaraka, ne porte aucun préjudice à Rontaunay, De Lastelle et leurs traitants. La même année, un contrat commercial leur donne pour vingt ans, le monopole de fabrication de l’arak sur tout le territoire de Madagascar. La reine perçoit la moitié du produit de la vente, dit-on, et des contributions directes. La formule est, très vite, étendue à tous les échanges. De Lastelle, installé à Toamasina et à Mananjary, devient l’importateur-exportateur officiel du royaume. Les commerçants hova, avec l’accord de la reine, échappe aux traitants non agréés par le gouvernement. À partir de 1832, très soucieuse de renforcer la puissance de son armée, Ranavalona Ire n’accepte plus de céder de la viande et du riz, autrement que contre des fusils et de la poudre. « Il parvint à créer une véritable industrie à Mantasoa avec des moyens relativement limités. » La production de la poudre et des fusils donne au gouvernement une certaine autonomie et renforce le caractère autarcique du système. Jean Laborde développe la fabrication des briques, enseignée quelques années auparavant par Cameron. Il fabrique aussi du verre, du savon, des bougies et des produits chimiques. « De Lastelle et Jean Laborde, indispensables, devinrent citoyens malgaches ! » Les auteurs du livre d’Histoire de 1967, mettent en exergue la réaction des gouvernements étrangers. Depuis quelques années, le gouvernement de la reine Victoria et celui de Louis-Philippe vivent dans une Entente cordiale de principe. De ce fait, l’opposition franco-anglaise à Madagascar s’atténue et Ranavalona Ire profite de cette situation. Ainsi de 1836 à 1853, le gouvernement malgache peut imposer sa loi aux traitants étrangers et résiste même, à Toamasina, à une attaque franco-anglaise en juin 1845. Mais les relations extérieures, surtout commerciales, de la Cour d’Antananarivo avec La Réunion et Maurice sont rompues après cet incident. Les deux iles ne sont plus approvisionnées en riz et en viande par les ports de Ranavalona. De même, le trafic des « engagés » est interrompu. Selon les mêmes auteurs cités plus haut, on désigne par le terme « engagés », les Malgaches de la côte que, bon gré mal gré, on « engageait sous contrat » pour les conduire dans les iles des Mascareignes. Les Européens s’efforcent de se ravitailler dans la partie de la Grande ile qui échappe au contrôle de la reine, notamment dans le Sud et le Sud-ouest. Les populations indépendantes, enrichies par ce commerce, mieux armées, deviennent alors plus dangereuses.
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