Y’en a marre


«LU ËPP TURU » phrase en wolof qui signifie « tout ce qui est plein va se verser ». Ils ont en marre de l’instrumentalisation de la justice qui est devenue partiale au profit de ceux qui sont proches du pouvoir. Ils prennent conscience que de plus en plus la restriction des libertés fondamentales est tout à fait réelle et permet à la classe politique de museler progressivement le peuple. Annonce de la fin des décennies de dictateurs à vie en Afrique. Les mouvements de contestation dans les Nations conscientes se multiplient mais il semble que la patrimonialisation du pouvoir veut reprendre de la place au pays après Wade. Les terres sont bradées au profit de ceux qui peuvent se payer le « luxe » de la belle vue du littoral. Monsieur et madame tout le monde peuvent aller voir ailleurs s’ils espèrent profiter de l’environnement que Dieu a donné gratuitement. Car la nature se vend également à coup de milliards et n’est plus un bien commun. Ce pouvoir prêté par le peuple monte à la tête des gouvernants au point d’entretenir une arrogance et une surdité démocratique. « LU ËPP TURU, tout ce qui est plein va se verser ». Un million de citoyens sur la place de l’obélisque tel est le mot d’ordre lancé par le mouvement citoyen sénégalais « Y’en a marre » pour mettre fin à cette justice partiale qui sert ceux qui ont de quoi payer et protègent ceux qui vampirisent les biens du pays. Ils sont prêts, ils ont demandé l’autorisation et ils l’ont obtenu malgré la réticence des dirigeants. Et les coups bas sont attendus. Gros bras pour faire tourner la manifestation pacifique en un mouvement de violence afin de discréditer et tuer l’initiative. Appel à toutes les forces citoyennes engagées dans le combat pour la Démocratie et l'Etat de Droit. Car la bataille pour dénoncer les dérives de Maky Sall et ses acolytes ne sera pas facile. Y’en marre. « Toa tsy miraraka izay feno   » pourquoi ce qui est plein ne se déverse-t-il pas en terre malgache   Il suffit de quelques valises, d’une mise en scène de passe-passe dans le circuit judiciaire pour qu’un prévenu s’évapore comme de l’eau sous le soleil. Quand les manipulations au nom des ethnies ne marchent plus, quand les gros bras n’ont pas pu faire leur sale boulot et quand un Ministre de la justice n’a pas eu raison de ses soi-disant craintes, il suffit de s’évanouir pour bluffer et essayer de recouvrer la liberté sous le nez de tout le monde. Il y a des moments où on en a marre de tout cela. Lassé de voir les espoirs de justice, d’État de droit et d’une gouvernance propre et citoyenne, s’effriter à chaque effort. Et des fois, on serait tenté de dire que si le langage de la non-violence ne parle plus, n’est-il pas « normal » que des personnes aient envie d’en finir directement avec les présumés coupables ?  Loin de nous l’idée d’être d’accord avec ce genre de pratique mais le fait est que celui qui veut s’exfiltrer peut le faire et retourner dans la nature, blanc comme une colombe. Quand les citoyens Sénégalais criaient « LU ËPP TURU » hier à quinze heures sur la place de l’obélisque pour défier le pouvoir de Maky Sall de se remettre en question, au même moment, nos concitoyens Malgaches poussaient des soupirs de « Y’en a marre » face au tour de magie des détenteurs du pouvoir en place pour échapper au juste retour de leurs actes. Oui, « Y’en a marre ». Par Mbolatiana Raveloarimisa
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