Réinventer la roulette


La réouverture des frontières s’est accompagnée de mesures aussi cocasses que contraignantes. Les opérateurs touristiques s’attendaient à des mesures incitatives après deux ans de disette, ils ont eu droit à des mesures anti-trafics qui vont plus freiner les rares et braves candidats au voyage pour la destination Madagascar. Eh oui, le secteur privé concerné par le tourisme attendait des mesures d’allégement du protocole Covid-19 pour les passagers, on leur a présenté des restrictions sur le bagage à mains sous prétexte que 90% des trafics se feraient avec cet accessoire de voyage. Désormais donc les valisettes à roulettes sont interdites en cabine. Le raisonnement du ministère des Transports est qu’avec les roulettes il est plus facile de transporter des lingots d’or sans se faire remarquer, sans les roulettes il faut mettre à contribution les biceps et on devient tout de suite suspect. Pas mal comme astuce sauf que tous les bagages qu’ils soient à mains ou à soute sont censés devoir passer par toutes les étapes de contrôle de l’aéroport dont le scanner, les fouilles dans la salle d’embarquement et sur le tarmac. À priori, aucun bagage ne peut échapper à ce contrôle opéré d’ailleurs par la police, la douane, la société chargée de la sûreté aérienne et l’ACM. Si tous ces organes de contrôle fonctionnent comme il faut et assument bien leur tâche, il est inutile de recourir à d’autres mesures supplémentaires sources de désagréments et de dénigrement. L’adoption de nouvelles mesures signifie que tous ces organes de contrôle sont défaillants. Il est étonnant que les scanners tombent souvent en panne au moment des trafics ou sont incapables de détecter des tortues et des lingots. Le fait est que souvent les valises interceptées n’ont pas passé les contrôles classiques mais se trouvent directement dans l’avion. Dans ce cas, l’interdiction d’une valise à roulettes ne sert pas à grand chose. L’autre mesure notifiée par le ministère des Transports à l’Aviation civile de Madagascar et certainement aux compagnies aériennes concerne la fouille opérée dans l’avion et à l’arrivée par des douaniers malgaches. On ignore de quelle manière cela va se faire et si toutes les compagnies vont accepter cette procédure inévitablement désagréable pour les passagers. La dernière mesure prise par le ministère des Transports oblige les passagers à envoyer en soute les tablettes et portables dont les batteries sont remplacées par des plaquettes d’or selon le ministre des Transports. Ce qui est totalement en contradiction avec les dispositions de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale publiées en avril 2016 interdisant les tablettes et portables en soute. Heureusement que le ministre s’est ravisé hier soir à la TVM. On se complique ainsi la vie en voulant réinventer la roulette alors qu’il existe des dispositions internationales sous lesquelles on ne peut que se soumettre. Les dimensions et le poids d’un bagage à mains est strictement réglementé de même que son contenu. On n’a qu’à renforcer le contrôle à l’embarquement. Engager des chiens pisteurs, mettre des scanners ultra performants, engager des policiers et douaniers irréprochables, crédibiliser l’ACM…S’il le faut passer un grand coup de balai dans tout le système de contrôle de l’aéroport. Hélas, les passagers sont les seuls à devoir faire des sacrifices pour une faute commise par les trafiquants invétérés. C’est juste une question de bagage… intellectuel.
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