Mahamasina - Tanjombato : Deux meetings, deux styles


Fin de semaine sous le signe de la politique à Antananarivo. Dans un style diamétralement différent, le pouvoir et l’opposition ont tous deux été de sortie, samedi. Gala évangélique à Mahama­sina, rapport d’acti­vité parlementaire à Tanjombato. Selon leurs obédiences et selon leurs attentes, le public avait le choix entre deux rendez-vous, samedi. Deux événements dans deux formules différentes. Celui de Maha­masina s’est voulu religieux, tandis qu’à Tanjombato, la séance a été résolument politique. À quelques heures d’intervalles, l’opposition et le pouvoir ont tenu un face-à-face à distance. Ayant obtenu le feu vert de la préfecture de police, les députés du parti Tiako i Madagasikara (TIM), ont rencontré leurs partisans sur la place du Magro Tanjombato. Après plusieurs tentatives donc, ils ont pu tenir leur fameux rapport d’activité parlementaire. Les choses sérieuses ont démarré lorsque à l’arrivée des élus de l’opposition, vers 11 heures 30 minutes. Durant près de trois heures, les parlementaires d’opposition se sont succédés au micro, après un moment de prière comme coup d’envoi. Les discours en cascade ont été ponctués par une cérémonie de pose des écharpes des députés TIM élus dans les six arrondissements d’Antananarivo. Sur le fond, « les failles et incohérences », qu’ils ont constatées dans la loi de finances 2021, ont particulièrement été pilonnées à dans les prises de parole des élus d’opposition. Bien que le ton des discours ait été véhément, dans les mots, les députés ne sont pas allés au-delà des limites légales. Le général Angelo Ravelonarivo, préfet de police, vendredi, a justement, mis en garde contre « les propos séditieux ou insultants ». Après avoir essuyé des refus de la part des autorités, les partisans de l’opposition s’en sont donnés à cœur joie durant le meeting politique, à Tanjombato. Victoire de la démocratie Au palais des sports Mahamasina, le gala évangélique a eu pour objectif de demander la bénédiction divine pour la nation. L’évé­nement a vu la présence du couple présidentiel, auréolé par le Premier ministre, des membres du gouvernement et les deux chefs des deux institutions parlementaires. « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien ». Ce verset biblique a été le thème du gala évangélique à Mahamasina. Des mots repris sur la page Facebook de Andry Rajoelina, président de la République. L’arrivée du couple présidentiel au palais des sports, aux alentours de 15 heures 30 minutes, a donné le coup d’envoi à l’événement. Sous l’impulsion des artistes et des groupes qui se sont succédés sur scène, la ferveur religieuse a été au rendez-vous. Avec le père Perdo Opeka à sa droite, le couple présidentiel a, à quelques reprises levé les mains au ciel, ou poser les genoux au sol, pour prier pour la nation. Le public a été au rendez-vous samedi, en réponse à l’appel de la présidence de la République de communier pour demander la faveur des cieux pour la nation. Les chants ont été repris en cœur jusqu’au sur les esplanades du palais des sports. Les personnes n’ayant pas pu entrer à l’intérieur ont pu profiter du spectacle par le biais d’écrans géants et hauts parleurs disposés à l’extérieur. Il n’y a eu aucun discours politique à Maha­masina. La présence massive des tenants du pouvoir a, cependant, donné une dimension étatique et politique à l’événement. Les éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS), fortement déployés pour encadrer la manifestation du TIM, ou encore, sécuriser les centres névralgiques du pays et de la ville des mille n’ont quasiment rien eu à faire. Sur le terrain, les rassemblements des rouges, à Tanjombato, et des blancs à Mahamasina, n’a eu aucun impact sur la quiétude du début de week-end. Les hostilités ont plutôt été sur les réseaux sociaux. Se narguant ou s’invectivant dans une guerre de communication, les partisans des deux camps ont inondé la toile de photos pour démontrer ou démentir le taux d’affluence du public aux deux événements. Alors que certains chipotent et s’écharpent sur qui a fait exploser la billetterie, une partie de l’opinion publique voit en la journée de samedi, « une victoire de la démocratie ». Les deux événements ont démontré que des réunions politiques publiques peuvent être organisées dans le respect des normes démocratiques et du cadre légal. Que les citoyens peuvent jouir d’une liberté politique, sans que les divergences de vue ne virent aux insultes ou intimidations mutuelles, ou à des affrontements pouvant mettre en danger la stabilité du pays et la paix sociale. Même la météo a joué le jeu. La pluie s’est tue le temps d’une journée pour laisser les citoyens exprimer publiquement leurs aspirations ou ce qu’ils estiment être le mieux pour la nation et leur foyer. Samedi, la nation a vu une belle image de la démocratie. Aux leaders des différents camps politiques de faire preuve de maturité et responsabiliser leurs partisans afin que le scénario de samedi, ne soient plus des faits exceptionnels.
Plus récente Plus ancienne