Question sur le régime semi parlementaire


Après trente ans de régime présidentiel fort, Madagascar a basculé vers un régime semi-parlementaire. Il faut noter que 1993 ont été une année de rupture. Pour la première fois, le Président de la République n’était pas connu dès le premier tour, selon les résultats de l’élection présidentielle du 25 novembre 1992, ci-dessous Candidats    Pourcentage Albert Zafy     45,16% Didier Ratsiraka     29,22% ManandafyRakotonirina    10,21% Marson Evariste    4,60% Ruffine Tsiranana     3,51% Jacques Rabemananjara    2,87% Nirina Andriamanalina    2,25% TovonanaharyRabetsitonta    2,19% Les deux premiers ont affronté le second tour le 10 février 1993, que le Pr Albert Zafy a gagné avec 67,80% contre32,20% à l’Amiral Ratsiraka. Avant l’investiture du nouveau Président de la République, le 27 mars 1993, Didier Ratsiraka a reconnu la victoire de son adversaire par un télégramme de félicitations. À Madagascar, cet acte d’alternance démocratique reste unique jusqu’à présent. Le début de la III°République, sous le Président Zafy, a marqué la fin du régime présidentiel et le début d’un régime semi-parlementaire. Conduit par le pasteur Richard Andriamanjato, le Hery Velona (Forces vives) a dominé l’Assemblée Nationale à plus de 70%. Élu au suffrage universel sur un programme, le Président n’avait pourtant pas le chef de gouvernement qui lui convenait. Cette dualité au sein d’un exécutif à deux têtes a fragilisé le Président. Ainsi, malgré la présence massive des compagnons de lutte du Président Zafy à la Chambre basse, le 5 septembre 1996, l’empêchement définitif du Président de la République a été voté par sa propre majorité. Durant les tractations précédant ce vote, les « mallettes » ont fait leur première  apparition à l’Assemblée Nationale. Revenu au pouvoir en 1997, le Président Ratsiraka a amendé la Constitution : abrogation des dispositions sur l’empêchement du Président de la République, et pouvoir revenu au président de choisir le Premier ministre. En bref, le retour au régime présidentiel. Par la suite, le mouvement orange dirigé par Andry Rajoelina est revenu à un régime semi-parlementaire. Après moins d’un an et demi au pouvoir, le Président Hery Rajaonarimampianina a fait l’objet d’un vote d’empêchement définitif voté par 121 députés sur 151, en juillet 2015, mais il a été sauvé par la Haute Cour Constitutionnelle. Ainsi, en 1993 comme en 2014, Madagascar a tenté l’expérience d’un régime semi parlementaire qui, à chaque fois, devient source de corruption au sein de l’Assemblée Nationale et de crise institutionnelle pour la République. Pendant ce temps, la décentralisation tant attendue par les régions n’est toujours pas mise en œuvre. Dans le contexte actuel de pauvreté et de défaillance de l’État de droit, le régime semi-parlementaire est-il adapté   Faudrait-il plutôt améliorer un régime présidentiel, par la mise en œuvre d’une véritable décentralisation   Ou, comme le propose l’ADN, adopter un « federalisma sahaza » (fédéralisme adapté), un risque d’éclatement du pays pour certains   La question est ouverte. La réconciliation communautaire, à travers la libération de la parole à la base, dans son volet « refondation de la République », pourrait donner aux Malgaches l’occasion de donner des réponses à la question. Par André Rasolo
Plus récente Plus ancienne