Des grandes mutations géopolitiques


Une heure trente avant la conférence, la file d’attente devant l’Institut Français de Madagascar (IFM) commençait à être longue. Une envie de pousser la chansonnette « La maladie d’amour » de Michel Sardou nous a pris en voyant cette belle brochette d’assistance. « Elle court, elle court, la maladie d'amour, dans le cœur des enfants de 7 à 77 ans. Elle chante, elle chante, la rivière insolente qui unit dans son lit les cheveux blonds, les cheveux gris ». Oui, elle court, elle court la maladie d’amour pour de nouvelles connaissances et jeunes et anciens jeunes étaient au rendez-vous pour entendre ce grand spécialiste de la géopolitique mondiale. Pascal Boniface, Directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) a tenu une conférence sur les grandes mutations géopolitiques. Il dirige La Revue internationale et stratégique et L’Année stratégique qui a des parutions annuelles depuis 38 ans. C’est une grosse pointure qui a écrit ou dirigé la publication d’une soixantaine d’ouvrages sur les relations internationales, les questions nucléaires et de désarmement, les rapports de forces entre les puissances, la politique étrangère française, le conflit du Proche-Orient et ses répercussions en France. Mais aussi, et cela nous a singulièrement surpris, l’impact du sport dans les relations internationales. Il est la personne qui a développé le concept de géopolitique du sport. Pascal Boniface est aussi membre du Conseil national de l’éthique de la Fédération française de football. Il est par ailleurs consultant pour les questions géopolitiques du Musée de l’Olympisme et consultant géopolitique pour l’ONG Peace and Sport. Pour faire simple, c’est une super star des intellos des relations mondiales. Pendant cinquante-sept minutes, l’intervenant a décortiqué d’une manière simple et intelligible par tous comment marche le monde, pourquoi le monde marche ainsi et qu’est-ce qui pourrait se passer dans le futur proche et à long terme. Sans langue de bois, d’une manière rationnelle il a décrit sa vision de la géopolitique. La vidéo de son intervention est accessible à tous sur la page Facebook de l’IFM. Nous nous abstiendrons de résumer ce qui a été dit car nous ne pourrions mieux dire que le maitre lui-même. Par contre, c’est un réel plaisir de faire les quelques constats suivants. Premièrement, il est intéressant de voir que des sujets pointus comme la géopolitique mondiale ravit toutes les générations. Nous avons vu une assistance d’anciens ministres, des hauts dignitaires de l’administration, des universitaires de tous niveaux, de leaders traditionnels, des gens des médias, de toutes nationalités dans une communion intellectuelle rare. Nous avons même vu une vingtaine d’étudiantes d’une école privée avec leur enseignante aux premiers rangs de la salle. Nous osons donc croire que tout n’est pas perdu et que le monde intellectuel malgache ne demande qu’à être nourri de débats de haut niveau. Il a mis en exergue trois points importants qui conditionnent la possibilité d’un tel pouvoir citoyen. Premièrement le niveau d’alphabétisation. La mobilisation et l’engagement politique d’une population est faible quand elle ne peut ni lire ni écrire. Deuxièmement, le PIB du pays. Plus les gens sont pauvres, plus les chances qu’ils s’engagent s’appauvrissent. Quand la survie est le maitre mot le jour le jour, l’idée de révolution n'est pas prioritaire. Finalement, un élément qui pourrait venir apporter des variations dans les deux premiers constats, l’ADN de chaque pays. En effet, les mêmes contextes dans deux pays différents ne produisent pas toujours les mêmes effets. Nous pouvons ainsi en tirer des leçons pour le cas de Madagascar. Espérant que de telles conférences de haut niveau se multiplient, nous applaudissons l’initiative.
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