COMMÉMORATION DU 7 FÉVRIER 2009 - Rajoelina appelle au pardon


La tragédie d’Ambohitsorohitra, le 7 février 2009, a été commémorée hier. Quatorze ans après les faits, Andry Rajoelina appelle ses partisans à pardonner, sans pour autant oublier les objectifs et ce qu’ils doivent à “la lutte” et à ses victimes. Pardonner sans pour autant oublier. En substance, tel est le message adressé par Andry Rajoelina, président de la République, à sa famille politique, durant la commémoration de la tragédie du 7 février 2009, hier, à Ambohi­tsorohitra. Quatorze ans après les faits, les militants des premières heures du mouvement Orange, et les partisans du chef de l’État se sont donné rendez-vous devant la stèle d’Ambohitsorohitra. Une stèle érigée en mémoire des quarante-neuf victimes des rafales de balle dirigées contre les manifestants qui se sont rués vers les grilles du palais d’État d’Ambohitso­rohitra, ce samedi 7 février 2009. Jusqu’ici, les débats sur la responsabilité de ce drame divisent les partisans et les opposants de l’administration Rajoelina, mais surtout, les partisans et les opposants du mouvement populaire de 2009. Pour le camp Orange, le premier responsable est Marc Ravalomanana, président de la République de l’époque. Ce dernier a été déclaré coupable par contumace à l’issue d’un procès sur cette affaire, le 28 août 2010. Cela ne l’a cependant pas empêché de se présenter à la présidentielle de 2018. La cérémonie de commémoration d’hier a été conduite par le chef de l’Etat, lui qui a été le fer de lance du mouvement Orange, en 2009. Un grand nombre des figures de sa famille politique, mais aussi, des militants ont été présents à Ambohitsorohitra. Quatorze ans après les faits, Andry Rajoelina a appelé ses partisans à pardonner. “Aujourd’hui, nous allons pardonner à tous ceux qui nous ont offensés. Cela nous apaisera (...)”, déclare-t-il en empruntant les mots de la prière “Notre Père”. De prime abord, le locataire d’Iavoloha pardonne à son principal rival politique, et demande à ses ouailles de faire de même. En cette année électorale, la commémoration du 7 février 2009, hier, a aussi été une occasion pour le camp présidentiel de resserrer ses rangs. L’appel au pardon de Andry Rajoelina pourrait également s’adresser aux membres de sa famille politique. Diverses péripéties, ces derniers mois, font tanguer dangereusement le vaisseau orange. Décision politique Les tensions entre certains élus et des responsables désignés débordent jusque dans les rues. Cet appel au pardon pourrait aussi être une manière de dire qu’à l’orée de la présidentielle, Marc Ravalomanana n’est plus le seul adversaire politique qui se dressera sur la route de celui qui est aussi surnommé TGV, dans sa quête d’un second mandat. La conjoncture socio-économique difficile offre du grain à moudre pour les potentiels adversaires du locataire d’Iavoloha à la prochaine course à la magistrature suprême. “Ne nous laissons pas diviser. Ne nous laissons pas non plus décourager. Restons debout pour développer le pays”, lance le président de la République, s’adressant à ses partisans. La commémoration du 7 février 2009 a été l’occasion pour Andry Rajoelina d’appeler à l’union sacrée au sein de sa famille politique. “Le jour que nous commémorons aujourd’hui ne peut pas être oublié. Il ravive notre patriotisme dans chacun de nous et nous guide dans nos actions pour développer le pays, qu’importe les difficultés et les obstacles”, déclame-t-il. La participation aux manifestations de 2009, en particulier, la présence à Ambo­hitsorohitra, le 7 février, sont pourtant les principaux arguments martelés dans les querelles intestines des Oranges. Des arguments de ceux qui se targuent d’être “des compagnons de lutte légitimes”, du Chef de l’État et qui pestent contre ceux qu’ils qualifient de “parvenus”. Pour taire ces disputes, Andry Rajoelina a ainsi rappelé à ses partisans, “élus ou désignés”, de ne pas oublier que les événements de 2009 les ont conduits où ils en sont aujourd’hui. “Si nous sommes debout ici aujourd’hui, c’est parce qu’il y a eu des personnes qui ont donné leur vie. Il y a eu du chemin parcouru. Nous nous devons de respecter nos engagements. (...) Nous vaincrons la pauvreté et nos ennemis et développerons le pays”, soutient ainsi le locataire d’Iavoloha. Sur sa lancée, le président de la République affirme que “le sang versé ne sera pas vain”. À l’entendre, il a érigé cette conviction en précepte qui guide ses prises de décision politique. “Lorsque je dois prendre des décisions c’est la lutte que nous avons mené dont je me rappelle en premier. Le sang versé ne sera pas vain. Et c’est cela qui guide dans mes prises de décision, surtout politiques”, soutient Andry Rajoelina. Cette année, la principale décision politique qu’il aura à prendre est sa candidature ou non à l’élection présidentielle.  
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