Ravahiny, une reine pleine d’autorité et de prestige


Comme de nombreux royaumes malgaches, celui du Boina a aussi sa grande souveraine, en la personne de Ravahiny, l’héritière de la lignée d’Andria­mandisoarivo et du royaume. Arrivée sur le trône du Boina vers 1780, selon les auteurs de l’ouvrage sur l’ Histoire de Madagascar destiné aux lycéens des classes terminales, elle s’avère être « le dernier grand souverain sakalava ». Sa richesse provient de l’importance du commerce antalaotra et arabe dans le Nord-ouest de l’ile, au cours de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Depuis près de cinquante ans, Mahajanga enrichit, en effet, les rois du Boina qui se sont installés à Marovoay. D’après les mêmes historiens, les commerçants doivent s’y rendre avant de traiter leurs affaires.La Cour sakalava fascine les étrangers et les autres souverains malgaches, et excite les convoitises. Le Français Dumaine, en voyant la Cour de la reine Ravahiny, ses vassaux, ses esclaves en 1792, « peut mesurer son autorité et son prestige car Majunga lui appartient ». D’apparence libérale avec les commerçants majungais, elle nomme leurs chefs, contrôle leur trafic et prélève sa part. « Ses troupes, mieux armées, mieux récompensées, maintiennent par la force l’Ambongo montagneux et le Sambirano dans le royaume. »Si Ravahiny parait si puissante, la turbulence des clans et des chefs, l’humeur belliqueuse des Ampanjaka (rois vassaux) et de leurs enfants, les Anankandriana, demeurent un réel danger pour la cohésion du grand royaume ». Ce serait la raison qui la pousse à accepter l’amitié de son homologue de l’Imerina, le grand Andrianam­poinimerina. Les commerçants de cet autre grand royaume, au centre de l’ile, viennent jusqu’à Mahajanga, s’y établissent même, pour échanger, au compte de leur roi, des esclaves contre des bœufs.Ravahiny meurt en 1808, deux ans avant Andrianampoinimerina. « Elle est le dernier grand souverain sakalava, car les forces de désagrégation l’emportent après sa mort, alors que la puissance du royaume merina s’affirme. » Et d’après les auteurs du livre d’Histoire pour les classes terminales, sur les Tampoketsa, pratiquement déserts, se prépare l’affrontement des deux armées, l’un des épisodes essentiels de la grande marche vers l’unité du pays.En outre, au Nord du Boina, il existe des groupes indépendants, tels les Tsimihety et surtout les Antankarana que les Notes ont déjà présentés dans leur précédente série sur les grands royaumes. Du seuil de l’Androna au cap d’Ambre s’étend au Nord de la Grande ile, un triangle des Hautes-terres montagneuses constitué par le massif de Tsaratanàna et le massif d’Ambre. Comme le soulignent les mêmes historiens, la bordure littorale est occupée dès les premières immigrations humaines. Cependant, « l’influence des Antalaotra au nord-ouest, celle des Iharaniens au nord-est, se limitaient à la côte et à l’arrière-pays proche ».Pourtant à l’intérieur, des groupes s’accrochent aux contreforts montagneux. Les Tsimihety au Sud et les Antankarana au Nord vivent comme les autres clans du tavy et de l’élevage nomade. Ils sont isolés dans ces montagnes hostiles, mais ils prennent l’habitude de liberté sur ces pentes et s’efforcent, pendant le XVIIIe siècle, d’échapper aux entreprises des rassembleurs de terres sakalava.Les Tsimihety réussissent à éviter le joug des conquérants du Boina. Au cours du XVIIe siècle, ils passent lentement, du versant oriental (Nord du pays betsimisaraka) sur le versant occidental par le seuil de l’Androna. S’ils acceptent des princes Volafotsy, ils luttent contre les Volamena conquérants, qui tiennent du roi les fiefs les plus importants. La terre qui, dans cette société de pasteurs, est la richesse essentielle, nourricière du troupeau et des hommes, marque l’autorité et la puissance. Les clans royaux ne parviennent pas à développer chez les Tsimihety des institutions semblables à celles de la royauté sakalava. « Mobiles sur les contreforts de Tsaratanàna, ces farouches pasteurs furent la terreur des convois de bouviers qui conduisaient leurs bêtes vers l’Est pour en ramener des esclaves. »Les Antankarana, eux, finissent par accepter la suzeraineté des Sakalava. Dans la première partie du XVIIe siècle, le prince Volafotsy Kozobe arrive à réunir les groupes de la Mahavavy du Nord et les Antankarana de la montagne d’Ambre. Ils contrôlent alors la dépression qui conduit du delta et de la plaine moyenne dans la vallée de l’Irodo et sur le versant oriental. Ainsi, les montagnards imposent tribut aux commerçants de Vohémar et menacent la sécurité des Antalaotra. L’expansion sakalava les chasse du Sambirano. Les descendants de Kozobe, le rassembleur des Antankarana, doivent payer tribut à leur tour, mais ils gardent Ambilobe, leur capitale.
Plus récente Plus ancienne