Permissif


Le couperet est tombé. Les permis de conduire, biométriques ou pas, délivrés à Madagascar ne peuvent plus être échangés en France. Pour la simple et bonne raison que leur délivrance ne suit pas les normes européennes. Les autorités françaises ont mis du temps pour le réaliser. Cela fait un siècle que ces permis auraient dû être interdits. Des autoécoles de fortune, des instructeurs douteux , des véhicules en lambeaux, des examinateurs véreux font que les permis de conduire ont perdu toute crédibilité. Le cas a empiré lorsque la corruption s’en est mêlée pour délivrer des permis de conduire à des personnes qui n’ont jamais fait d’auto-école ni passé des examens. On en arrive à des conducteurs de transport en commun illettrés ou handicapés dont les membres inférieurs ne peuvent pas toucher les pédales d’embrayage ou de freins. Pire, les conducteurs de camion foisonnent alors que les écoles de conduite pour poids lourds sont plutôt rares sinon inexistantes dans certaines contrées. La fréquence des accidents en est la conséquence directe. Comme dans beaucoup de secteurs, l’anarchie, l’absence totale de contrôle et de rigueur ont fini par faire sombrer les écoles de conduite dans la médiocrité, le nivellement par le bas. Jadis, il n’était pas facile d’avoir son permis de conduire du premier coup alors qu’il n’y avait pas beaucoup de circulation. Les gens étaient disciplinés, les routes étaient belles. On peut épuiser le nombre d’examens prévu dans un pack d’une école de conduite sans être assuré de décrocher le fameux sésame. Beaucoup de candidats ont fini par jeter les gants alors qu’à l’époque, les cours dans une école de conduite ne dépassaient pas 2000 ariary dont le billet n’existait pas encore. On se demande où les conducteurs de camion de Bejangoa ont appris à conduire, passé l’examen. Quelle est l’entité qui délivre un permis à Masomeloka ? Autant de lacunes qui font que le permis de conduire est juste un document propre au contrôle routier, sans plus. C’est la raison pour laquelle même certaines banques remettent en cause sa validité. Mais le système D trouvera une parade à cette mesure prise par les autorités françaises. Il suffit d’échanger le permis dans un autre pays africain francophone et le tour est joué. Élémentaire.
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