Des nouveaux riches dans la famille de Ranavalomanjaka


Après la mère de Radama,  Rambolamasoandro, et son neveu Rakotobe, une des premières hautes personnalités à être victimes des partisans de Ranavalona Ire, sinon de la reine elle-même, est Ralala. C'est le Premier ministre du roi défunt depuis 1816 et il ne trempe pas dans la conjuration, bien au contraire. D'ailleurs, il est hors de la capitale quand on l'assassine, ayant accompli une inspection de son bétail à la frontière nord de l'Imerina. Selon Raombana, le dimanche 2 août 1828, sans demander l'avis de la reine, Andria­mambavola envoie trois hommes le tuer. Ces derniers le rencontrent aux environs d'Ambohimanga, alors qu'il rentre chez lui. Comme Ralala voyage en palanquin, les « trois tueurs » ordonnent aux porteurs de s'arrêter sous prétexte de nouvelles à lui transmettre. Et tandis que l'un d'eux l'occupe en lui racontant des balivernes, les deux autres se glissent derrière lui et le poignardent. Ralala croit d'abord que ce sont ses porteurs qui l'assassinent. Mais l'un des tueurs le contredit: « Ce ne sont pas vos esclaves qui vous exécutent, mais les hommes envoyés  par Ranavalomanjaka qui règne à la place de Radama. » Et Raombana précise: « À ces mots, le vieil homme ramena un pan de son lamba autour de sa tête, et mourut sans gémissement sous les coups répétés de ses assassins. » La nouvelle de la mort de Ralala, « assassiné par des brigands sur le chemin du retour vers Tananarive », se répand aussitôt et vient aux oreilles de la reine. Elle s'en montre peinée et ordonne d'arrêter les brigands et d'enterrer avec les honneurs le corps du ministre. Mais Andriamambavola entre sur ce fait dans le Palais. Alors « avec passion », il lui explique que le coup de main meurtrier s'est fait sur son ordre parce que Ralala est un ardent défenseur de la famille royale. « S'il avait été là, à Tananarive, au moment de la mort du roi, vous ne seriez pas reine à l'heure qu'il est, vous seriez peut-être dans le tombeau. » Ces mots ont l'effet escompté sur la reine. Elle se souvient, en effet, qu'au début du règne de Radama, Ralala a été le principal instigateur de la mort de ses parents et de son frère. Aussi modifie-t-elle ses ordres et fait proclamer à travers la ville « que Ralala, s'étant rendu coupable d'un grave délit, avait été exécuté sur son ordre et qu'en raison de son crime, ses nombreux esclaves, ses biens et ses rizières seront confisqués ». Ainsi les esclaves de Ralala et son argent sont distribués entre les parents de la reine et les conspirateurs. Une partie de ses rizières sont réparties entre la reine et les chefs de la conjuration, Andriamambavola, Rainiharo et Rainijohary, une autre entre Rainiharo et son frère Rainimaharo. Et ses fiefs sont attribués à Ravalontsalama. Grâce  à ces confiscations sans nombre, en particulier à « l'immense troupeau d'esclaves » de Rambolamasoandro, de Rakotobe  et de Ralala, « les conspirateurs qui étaient, à l'exception d'Andriamambavola, misérablement pauvres, devinrent en un clin d'œil riches et florissants ». Il en est ainsi des deux sœurs de la reine, Rafara­manjaka et Ramasindrazana, ou de ses neveux, Ramboasalama, Ramahatra et Ramonja, ou encore de sa nièce Rabodo. Mais qu'en est-il de la fille de Radama, Raketaka, et de ses deux sœurs, Ratsiadala et Ramarivelo toujours à Antananarivo  Ranavalona ne les fait pas tuer, mieux elle ne leur cause aucun tort, les jugeant inoffensives. Notamment Raketaka, trop jeune et trop peu soutenue en pays merina pour pouvoir lui porter ombrage. En outre, la reine a d'autres raisons de l'épargner et de ménager sa mère, la princesse du Menabe, Rasalimo. Elle se rappelle de la politique sakalava de Radama et juge nécessaire de la poursuivre. Toujours d’après Raombana, si Ralala s'est trouvé dans la capitale au moment de la mort du roi, la révolution de palais ne se serait pas produite. Attaché à la famille royale, homme fin et rusé, selon Raombana, il aurait connu, avant les femmes de Radama, la gravité de la maladie du roi et il aurait pris sans tarder les mesures nécessaires pour assurer la succession au bénéfice de Raketaka. « Car il était aimé et craint des Tsimandoa et de tout le peuple, des civils comme des militaires. » Pela Ravalitera
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