Le projet d’exploitation de sables minéralisés dans la région Sud-Ouest a été suspendu par l’État malgache après vingt années d’activités. La suspension officielle pour une durée indéterminée a été prise en conseil des ministres le 6 novembre 2019. Une décision qui fait à la fois le bonheur des uns et les appréhensions des autres. Les défenseurs du projet y voient une opportunité économique pour la région renommée pour être un cimetière de projets. Ceux qui sont contre, estiment être en droit d’obtenir du respect pour leurs terres. Projet en péril. Les tensions sociales ont été évoquées comme la première raison qui a conduit l’État à suspendre le projet d’exploitation de sables minéralisés dans la région Sud-Ouest. Les distensions ont été très vives quand des individus ont saccagé en avril 2019, le site d’exploitation du projet minier à Ranobe, situé à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Toliara. Les fauteurs de troubles ont été emprisonnés à Fianarantsoa. Ce qui n’a pas plu aux communautés des « saccageurs ». « C’était un signal fort que nous voulions émettre aux responsables du projet qui ne nous respectent pas, ne respectent pas les vécus de notre communauté ni nos appréhensions sur les destructions environnementales engendrées par l’extirpation des minerais sous notre terre », explique Marcel dit Tsiamby, habitant du fokontany de Benentsy, commune rurale d’Ankilimalinike, une des cinq communes touchées directement par l’exploitation minière. [caption id="attachment_95302" align="aligncenter" width="959"] Marcel dit Tsiamby, de Benentsy, commune rurale d’Ankilimalinike craint pour sa survie et celle des générations futures.[/caption] Il est à la fois membre de l’association de protection des baobabs Fimabi (Fikambanana miaro ny ala indrindra fa ny baobab). « La société Base Toliara nous a proposé d’acheter nos terres et de déplacer les tombeaux de nos ancêtres et nous a même indiqué de signer un papier blanc. Ce que nous avons refusé. Les terres sont sacrées car nos ancêtres y ont vécu et nous y vivons encore. Quelle assurance la société Base Toliara peut-elle nous donner, que nos forêts, nos cultures dont nous dépendons depuis des générations resteront intactes après l’exploitation du minerai ? Jusqu’ici, aucune », fustige-t-il. « En retour, la société Base Toliara nous envoie les forces de l’ordre pour arrêter nos enfants et les emprisonne à Fianarantsoa », proteste-t-il. Une autre membre de l’association Fimabi, Tiana Yvette Rasoanomamy se soucie quant à elle du devenir de l’eau, source de vie. Le projet, explique-t-elle, entend utiliser beaucoup d’eau encore réservée sous terre. « Que restera-t-il pour nous autres habitants ? ». [caption id="attachment_95304" align="aligncenter" width="960"] Tiana Yvette Rasoanomamy avec des membres de son association (FIMABI) dénonce les accaparements de terrain dans la commune d’Ankilimalinike.[/caption] Un membre de l’association, venu assister à une formation de renforcement de capacités sur les industries extractives à Toliara, le 9 décembre, a même avoué avoir mené un « combat ». « Depuis deux ans, je milite personnellement pour que ce projet ne voie pas le jour. J’ai ainsi arrêté de cultiver mes terres. Et là, mes ressources tarissent tellement que je vais jusqu’à vendre mes ustensiles de cuisine », révèle-t-il. Une source fait alors savoir que certains de ces « militants » sont soutenus par quelques bras longs de la région, qui, à leur tour, reçoivent des sommes importantes d’entités basées à l’étranger. L’objectif étant la protection de l’environnement et la préservation de la biodiversité. Un projet de taille La société Madagascar Ressources NL a découvert le gisement en 1999. Un permis de recherche lui a été octroyé en 2001. Une étude de préfaisabilité a eu lieu entre 2003 et 2009. En 2011, le World Titanium Ressources reprend le projet et le dénomme Toliara Sands. Un permis minier pour exploitation et transformation a été obtenu en 2012. D’autres évaluations environnementales suivies de consultations publiques se sont déroulées entre 2014 et 2015. Un permis environnemental 55-15 / MEEF/ ONE/DG/PE pour l’exploitation du site de Ranobe est délivré. En 2017, Toliara Sands demande la fusion de deux permis pour deux périmètres miniers, profitant de la reprise du prix de l’ilménite sur le marché mondial. En janvier 2018, World Titanium Resources vend le projet au groupe Base Titanium Resources, une autre société australienne. Base Titanium Resources crée Base Toliara, une société de droit malgache et investira dans un premier temps, 560 millions de dollars dans le projet d’exploitation. En mai 2018, celle-ci procède à un addendum de prospection minière d’ilménite dans le cahier de charges, et demande un permis d’études géotechniques et marines en août 2018. Les sables minéralisés de Ranobe sont indiqués de classe mondiale. Le gisement s’étend sur 15 km, soit 4 400 ha et 12 millions de tonnes de minerais sont exploitables. Une production annuelle d’ilménite, de zircon et de rutile de 600 000 tonnes, est prévue et servira notamment à la production de pigments blancs pour la peinture, le plastique, le papier, la céramique et la métallurgie. Le projet dirigé actuellement par Jean Bruno Ramahefarivo, un originaire d’Androy qui a grandi à Toliara, gestionnaire de formation, se pose comme leitmotiv de « minimiser les impacts tout en conservant la biodiversité, encourageant un comportement respectueux de l’environnement, dans la transparence et l’inclusion ». Le chronogramme préétabli prévoit de procéder à l’extraction proprement dite en 2021. La pêche en danger Les études géophysiques et marines menées par Toliara Sands et Base Toliara envisagent de mettre en place la jetée au niveau d’Andabohy. Cette année, la construction de la jetée à La Batterie d’Andabohy ainsi que de nouvelles routes parallèles à la RN9 au départ de Ranobe, pouvant supporter des camions wagons de 100 000 tonnes, est prévue. D’antan, La Batterie a été un site touristique réputé pour ses vastes plages. Les pêcheurs d’Andabohy investissent actuellement les lieux et craignent pour leur avenir avec l’installation de la jetée au niveau de leur zone d’activités. L’association Zanadriake regroupant seize associations de pêcheurs, allant de Mahavatse au littoral nord de la région Sud-Ouest à Morombe, lutte pour que ces infrastructures ne soient pas installées dans leur domaine. [caption id="attachment_95305" align="aligncenter" width="960"] Georges Ratovo, président de l’Association Zanadriake, milite pour le sort de ses pêcheurs.[/caption] Andabohy est, par ailleurs, un site sacré et une source de bénédictions pour des communautés locales. « Cet endroit fait vivre Toliara et ses environs et même les autres régions. Des milliers de pêcheurs dépendent de cette zone de pêche. Nos produits sont écoulés sur le marché local et s’exportent. Où voulez-vous qu’on aille alors ? Si on nous repousse à aller plus au nord, c’est risqué. Déjà, le changement climatique a contraint nos membres à aller plus au large, là, on ne peut aller plus loin. Les pêcheurs de la ville qui travaillent du côté des quartiers de Tsimenatse, Anketraka, Besakoa, Kihembe, Mahavatse vont loin car les poissons se déplacent. Je ne vous parle pas de la perturbation que ces infrastructures et ces bateaux causeront sur les poissons », explique Georges Ratovo, président de l’Association Zanadriake. Vingt mille pêcheurs adhèrent à l’Association Zanadriake. Motivation… Le président de l’Association dit avoir résisté à la pression malgré les approches de Base Toliara. « Ils m’ont proposé du travail dans leur société avec un salaire intéressant, mais j’ai refusé. Je pense à l’avenir des pêcheurs de la région », révèle-t-il. Et de préciser que la cérémonie du 31 juillet 2019 à Andabohy, pendant lequel un pacte communautaire a été scellé entre Base Toliara et l’Association Zanadriake, n’a pas eu l’approbation de tous les membres de l’association. « Quelques-uns ont été tentés par la couleur de l’argent », livre-t-il. Enjeux et erreurs d’approche Transparency International appuie sur le manque défaillant d’approbation populaire dans les projets extractifs dans le pays. « La consultation populaire justifiée par le consentement éclairé de la population n’est pas suffisamment encadrée par les textes. La réalité montre les contestations a priori en l’absence d’une approbation populaire. Il faut impliquer les communautés environnantes dans le processus de mise en œuvre pour que les répercussions positives soient partagées », estime Christian Ihariantsoa, chargé de projet du secteur minier auprès de Transparency International. L’OSCIE estime, de son côté, que Base Toliara a été défaillante dans ses approches locales. « Tout n’est pas clair pour la population locale. Le permis social et environnemental est à revoir en incluant toutes les dimensions. Le partage des richesses reste également flou pour beaucoup, redevances minières, frais d’administration… », explique Clément Rabenandrasana, secrétaire exécutif de l’Organisation de la société civile sur les industries extractives. Engagements sociaux Vingt-cinq jeunes tuléarois sont en formation au Kenya depuis le mois de septembre. Des séries de formations sont organisées par Base Toliara incluant des jeunes, des femmes et des hommes, issus des cinq communes concernées par le projet à savoir, Toliara, Belalanda, Maromiandra, Tsianisiha, Ankilimalinike. [caption id="attachment_95306" align="aligncenter" width="959"] Des jeunes tuléarois suivent des formations au Kenya pendant deux ans.[/caption] Les déplacements des tombeaux, situés dans des endroits utiles à l’exploitation minière, auraient dû commencer au mois de décembre ; 96 cas sont en suspens. Séraphin Rajebaly, propriétaire d’un tombeau, se dit préoccupé de la situation car tout a déjà été organisé jusque dans les cérémonies coutumières, le projet Base Toliara, l’achat du terrain et les frais de déplacement funéraire. Des projets de forage à Tsianisiha, des activités de protection de l’environnement telles des projets d’agriculture et de reboisement avec des associations féminines, tombent à l’eau. [caption id="attachment_95307" align="aligncenter" width="958"] Le déplacement des tombeaux aurait dû avoir lieu le mois dernier.[/caption] L’Office national pour l’Environnement (ONE) fait savoir qu’une Commission d’enquête et d’audience publique sous décret MECIE existe. Celle-ci dans son premier rapport fait part qu’un sondage a été mené en 2014, et qu’à cette époque, 58% des consultés ont été d’avis favorable au projet minier Base Toliara. Cette commission émet périodiquement des recommandations sur la préservation des biens culturaux, de la biodiversité, des impacts d’éventuelle radioactivité, les mesures à prendre sur le tarissement des sources d’eau et du processus de recrutement, et l’élaboration d’un plan de gestion environnementale spécifique portant sur les mines, les routes minéralières et les voies d’accès. La Commission agit en étroite collaboration avec l’Organisation de la société civile sur les industries extractives (OSCIE). Explications de l’INSTN sur la radioactivité « Tout projet d’exploitation minière est soumis à une règlementation stricte sur le plan radioactif. Avant le démarrage d’une exploitation, l’INSTN-Madagascar est saisi par les autorités compétentes pour effectuer une étude d’impact de la radioactivité environnementale naturelle dans son état initial (état zéro). Ensuite, pendant et après l’exploitation, des études d’impact de la radioactivité environnementale sont effectuées périodiquement (État 1, État 2, etc.) à titre de contrôle pour éviter que la radioactivité ambiante ne s’éloigne de la radioactivité environnementale initiale, durant l’exploitation. En outre, toute société d’exploitation doit suivre impérativement les normes de protection radiologique nationales et internationales pour la protection du public et des travailleurs, sous le contrôle de l’INSTN-Madagascar. L'état zéro a été réalisé dès le dépôt de la demande de permis d'exploitation de la société Base Toliara. La prochaine étude d'impact environnemental, appelé État 1, se fera au début de l'exploitation. Si la société prend toutes les précautions recommandées par les législations nationale et internationale, il ne devrait pas y avoir de problème. Pour le moment, ils n'en sont qu'à la phase d'étude de faisabilité. »
Le projet d’exploitation de sables minéralisés dans la région Sud-Ouest a été suspendu par l’État malgache après vingt années d’activités. La suspension officielle pour une durée indéterminée a été prise en conseil des ministres le 6 novembre 2019. Une décision qui fait à la fois le bonheur des uns et les appréhensions des autres. Les défenseurs du projet y voient une opportunité économique pour la région renommée pour être un cimetière de projets. Ceux qui sont contre, estiment être en droit d’obtenir du respect pour leurs terres. Projet en péril. Les tensions sociales ont été évoquées comme la première raison qui a conduit l’État à suspendre le projet d’exploitation de sables minéralisés dans la région Sud-Ouest. Les distensions ont été très vives quand des individus ont saccagé en avril 2019, le site d’exploitation du projet minier à Ranobe, situé à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Toliara. Les fauteurs de troubles ont été emprisonnés à Fianarantsoa. Ce qui n’a pas plu aux communautés des « saccageurs ». « C’était un signal fort que nous voulions émettre aux responsables du projet qui ne nous respectent pas, ne respectent pas les vécus de notre communauté ni nos appréhensions sur les destructions environnementales engendrées par l’extirpation des minerais sous notre terre », explique Marcel dit Tsiamby, habitant du fokontany de Benentsy, commune rurale d’Ankilimalinike, une des cinq communes touchées directement par l’exploitation minière. [caption id="attachment_95302" align="aligncenter" width="959"] Marcel dit Tsiamby, de Benentsy, commune rurale d’Ankilimalinike craint pour sa survie et celle des générations futures.[/caption] Il est à la fois membre de l’association de protection des baobabs Fimabi (Fikambanana miaro ny ala indrindra fa ny baobab). « La société Base Toliara nous a proposé d’acheter nos terres et de déplacer les tombeaux de nos ancêtres et nous a même indiqué de signer un papier blanc. Ce que nous avons refusé. Les terres sont sacrées car nos ancêtres y ont vécu et nous y vivons encore. Quelle assurance la société Base Toliara peut-elle nous donner, que nos forêts, nos cultures dont nous dépendons depuis des générations resteront intactes après l’exploitation du minerai ? Jusqu’ici, aucune », fustige-t-il. « En retour, la société Base Toliara nous envoie les forces de l’ordre pour arrêter nos enfants et les emprisonne à Fianarantsoa », proteste-t-il. Une autre membre de l’association Fimabi, Tiana Yvette Rasoanomamy se soucie quant à elle du devenir de l’eau, source de vie. Le projet, explique-t-elle, entend utiliser beaucoup d’eau encore réservée sous terre. « Que restera-t-il pour nous autres habitants ? ». [caption id="attachment_95304" align="aligncenter" width="960"] Tiana Yvette Rasoanomamy avec des membres de son association (FIMABI) dénonce les accaparements de terrain dans la commune d’Ankilimalinike.[/caption] Un membre de l’association, venu assister à une formation de renforcement de capacités sur les industries extractives à Toliara, le 9 décembre, a même avoué avoir mené un « combat ». « Depuis deux ans, je milite personnellement pour que ce projet ne voie pas le jour. J’ai ainsi arrêté de cultiver mes terres. Et là, mes ressources tarissent tellement que je vais jusqu’à vendre mes ustensiles de cuisine », révèle-t-il. Une source fait alors savoir que certains de ces « militants » sont soutenus par quelques bras longs de la région, qui, à leur tour, reçoivent des sommes importantes d’entités basées à l’étranger. L’objectif étant la protection de l’environnement et la préservation de la biodiversité. Un projet de taille La société Madagascar Ressources NL a découvert le gisement en 1999. Un permis de recherche lui a été octroyé en 2001. Une étude de préfaisabilité a eu lieu entre 2003 et 2009. En 2011, le World Titanium Ressources reprend le projet et le dénomme Toliara Sands. Un permis minier pour exploitation et transformation a été obtenu en 2012. D’autres évaluations environnementales suivies de consultations publiques se sont déroulées entre 2014 et 2015. Un permis environnemental 55-15 / MEEF/ ONE/DG/PE pour l’exploitation du site de Ranobe est délivré. En 2017, Toliara Sands demande la fusion de deux permis pour deux périmètres miniers, profitant de la reprise du prix de l’ilménite sur le marché mondial. En janvier 2018, World Titanium Resources vend le projet au groupe Base Titanium Resources, une autre société australienne. Base Titanium Resources crée Base Toliara, une société de droit malgache et investira dans un premier temps, 560 millions de dollars dans le projet d’exploitation. En mai 2018, celle-ci procède à un addendum de prospection minière d’ilménite dans le cahier de charges, et demande un permis d’études géotechniques et marines en août 2018. Les sables minéralisés de Ranobe sont indiqués de classe mondiale. Le gisement s’étend sur 15 km, soit 4 400 ha et 12 millions de tonnes de minerais sont exploitables. Une production annuelle d’ilménite, de zircon et de rutile de 600 000 tonnes, est prévue et servira notamment à la production de pigments blancs pour la peinture, le plastique, le papier, la céramique et la métallurgie. Le projet dirigé actuellement par Jean Bruno Ramahefarivo, un originaire d’Androy qui a grandi à Toliara, gestionnaire de formation, se pose comme leitmotiv de « minimiser les impacts tout en conservant la biodiversité, encourageant un comportement respectueux de l’environnement, dans la transparence et l’inclusion ». Le chronogramme préétabli prévoit de procéder à l’extraction proprement dite en 2021. La pêche en danger Les études géophysiques et marines menées par Toliara Sands et Base Toliara envisagent de mettre en place la jetée au niveau d’Andabohy. Cette année, la construction de la jetée à La Batterie d’Andabohy ainsi que de nouvelles routes parallèles à la RN9 au départ de Ranobe, pouvant supporter des camions wagons de 100 000 tonnes, est prévue. D’antan, La Batterie a été un site touristique réputé pour ses vastes plages. Les pêcheurs d’Andabohy investissent actuellement les lieux et craignent pour leur avenir avec l’installation de la jetée au niveau de leur zone d’activités. L’association Zanadriake regroupant seize associations de pêcheurs, allant de Mahavatse au littoral nord de la région Sud-Ouest à Morombe, lutte pour que ces infrastructures ne soient pas installées dans leur domaine. [caption id="attachment_95305" align="aligncenter" width="960"] Georges Ratovo, président de l’Association Zanadriake, milite pour le sort de ses pêcheurs.[/caption] Andabohy est, par ailleurs, un site sacré et une source de bénédictions pour des communautés locales. « Cet endroit fait vivre Toliara et ses environs et même les autres régions. Des milliers de pêcheurs dépendent de cette zone de pêche. Nos produits sont écoulés sur le marché local et s’exportent. Où voulez-vous qu’on aille alors ? Si on nous repousse à aller plus au nord, c’est risqué. Déjà, le changement climatique a contraint nos membres à aller plus au large, là, on ne peut aller plus loin. Les pêcheurs de la ville qui travaillent du côté des quartiers de Tsimenatse, Anketraka, Besakoa, Kihembe, Mahavatse vont loin car les poissons se déplacent. Je ne vous parle pas de la perturbation que ces infrastructures et ces bateaux causeront sur les poissons », explique Georges Ratovo, président de l’Association Zanadriake. Vingt mille pêcheurs adhèrent à l’Association Zanadriake. Motivation… Le président de l’Association dit avoir résisté à la pression malgré les approches de Base Toliara. « Ils m’ont proposé du travail dans leur société avec un salaire intéressant, mais j’ai refusé. Je pense à l’avenir des pêcheurs de la région », révèle-t-il. Et de préciser que la cérémonie du 31 juillet 2019 à Andabohy, pendant lequel un pacte communautaire a été scellé entre Base Toliara et l’Association Zanadriake, n’a pas eu l’approbation de tous les membres de l’association. « Quelques-uns ont été tentés par la couleur de l’argent », livre-t-il. Enjeux et erreurs d’approche Transparency International appuie sur le manque défaillant d’approbation populaire dans les projets extractifs dans le pays. « La consultation populaire justifiée par le consentement éclairé de la population n’est pas suffisamment encadrée par les textes. La réalité montre les contestations a priori en l’absence d’une approbation populaire. Il faut impliquer les communautés environnantes dans le processus de mise en œuvre pour que les répercussions positives soient partagées », estime Christian Ihariantsoa, chargé de projet du secteur minier auprès de Transparency International. L’OSCIE estime, de son côté, que Base Toliara a été défaillante dans ses approches locales. « Tout n’est pas clair pour la population locale. Le permis social et environnemental est à revoir en incluant toutes les dimensions. Le partage des richesses reste également flou pour beaucoup, redevances minières, frais d’administration… », explique Clément Rabenandrasana, secrétaire exécutif de l’Organisation de la société civile sur les industries extractives. Engagements sociaux Vingt-cinq jeunes tuléarois sont en formation au Kenya depuis le mois de septembre. Des séries de formations sont organisées par Base Toliara incluant des jeunes, des femmes et des hommes, issus des cinq communes concernées par le projet à savoir, Toliara, Belalanda, Maromiandra, Tsianisiha, Ankilimalinike. [caption id="attachment_95306" align="aligncenter" width="959"] Des jeunes tuléarois suivent des formations au Kenya pendant deux ans.[/caption] Les déplacements des tombeaux, situés dans des endroits utiles à l’exploitation minière, auraient dû commencer au mois de décembre ; 96 cas sont en suspens. Séraphin Rajebaly, propriétaire d’un tombeau, se dit préoccupé de la situation car tout a déjà été organisé jusque dans les cérémonies coutumières, le projet Base Toliara, l’achat du terrain et les frais de déplacement funéraire. Des projets de forage à Tsianisiha, des activités de protection de l’environnement telles des projets d’agriculture et de reboisement avec des associations féminines, tombent à l’eau. [caption id="attachment_95307" align="aligncenter" width="958"] Le déplacement des tombeaux aurait dû avoir lieu le mois dernier.[/caption] L’Office national pour l’Environnement (ONE) fait savoir qu’une Commission d’enquête et d’audience publique sous décret MECIE existe. Celle-ci dans son premier rapport fait part qu’un sondage a été mené en 2014, et qu’à cette époque, 58% des consultés ont été d’avis favorable au projet minier Base Toliara. Cette commission émet périodiquement des recommandations sur la préservation des biens culturaux, de la biodiversité, des impacts d’éventuelle radioactivité, les mesures à prendre sur le tarissement des sources d’eau et du processus de recrutement, et l’élaboration d’un plan de gestion environnementale spécifique portant sur les mines, les routes minéralières et les voies d’accès. La Commission agit en étroite collaboration avec l’Organisation de la société civile sur les industries extractives (OSCIE). Explications de l’INSTN sur la radioactivité « Tout projet d’exploitation minière est soumis à une règlementation stricte sur le plan radioactif. Avant le démarrage d’une exploitation, l’INSTN-Madagascar est saisi par les autorités compétentes pour effectuer une étude d’impact de la radioactivité environnementale naturelle dans son état initial (état zéro). Ensuite, pendant et après l’exploitation, des études d’impact de la radioactivité environnementale sont effectuées périodiquement (État 1, État 2, etc.) à titre de contrôle pour éviter que la radioactivité ambiante ne s’éloigne de la radioactivité environnementale initiale, durant l’exploitation. En outre, toute société d’exploitation doit suivre impérativement les normes de protection radiologique nationales et internationales pour la protection du public et des travailleurs, sous le contrôle de l’INSTN-Madagascar. L'état zéro a été réalisé dès le dépôt de la demande de permis d'exploitation de la société Base Toliara. La prochaine étude d'impact environnemental, appelé État 1, se fera au début de l'exploitation. Si la société prend toutes les précautions recommandées par les législations nationale et internationale, il ne devrait pas y avoir de problème. Pour le moment, ils n'en sont qu'à la phase d'étude de faisabilité. »