Transport aérien - Air Madagascar change de manettes


Le ministre des Transports et de la météorologie annonce avoir été chargé par le chef de l’État de prendre les manettes des vols longs courriers d’Air Madagascar. Le feuilleton continue. Silencieux et discret durant quelques semaines sur le dossier Air Mada­gascar-Madagascar Airlines, le ministre des Transports et de la météorologie Rolland Ranjatoelina est remonté au créneau hier lors d’une conférence de presse tenue au siège de l’ADEMA à Ivato. Il a ainsi déclaré avoir été mandaté par le président Andry Rajoelina pour prendre en charge le développement des vols longs courriers d’Air Madagascar. «J’ai eu une longue discussion avec le chef de l’État. Il a été décidé que lui et moi-même allons reprendre les manettes des vols longs courriers d’Air Madagascar. Je ne vous dévoilerai pas les détails mais je peux dire, par contre, que nous avons des solutions pour remettre cette compagnie aérienne sur l’orbite de la croissance mais il existe encore des obstacles à franchir », a-t-il déclaré. Même si le ministre ne l’avait pas explicitement annoncé, parmi ces obstacles majeurs figure évidement le camp de Rinah Rakoto­manga, fervent défenseur de Madagascar airlines et non moins adjoint du président du conseil d’administration de cette dernière. Après la mise sous tutelle judiciaire pour faillite d’Air Madagascar en octobre 2021, Madagascar Airlines est annoncée comme étant l’exploitant légal des licences de transport aérien d’Air Madagascar et de Tsara­dia, comprenant donc les vols longs courriers internationaux. Une information que le ministre de tutelle rejette de manière catégorique, affirmant qu’il s’agit d’un simple montage financier et que Madagascar airlines n’a pas encore le statut d’une compagnie aérienne pouvant exercer le métier de transporteur aérien. D’où le conflit ouvert par médias interposés entre les deux parties et qui dure depuis des mois, le ministre ayant menacé même de fermer les bureaux de Mada­gascar Airlines. Échec des négociations Mais jusqu’ici, rien n’a été fait, mettant en évidence l’impuissance du ministre face à l’ancienne directrice de communication de la présidence de la République. Jointe par téléphone, Rinah Rakotomanga ne semble pas d’ailleurs être plus impressionnée par les propos du ministre Ranjatoelina. Elle affirme « ne pas être au courant d’une telle décision ». «C'est vous qui me l’apprenez», a-telle déclaré. Pour en revenir à la « solution » Rolland Ranja­toelina, elle devrait tenir compte de plusieurs points importants. D’abord la question sur le renouvellement de la flotte et l’acquisition de nouvel avion. Avec la faillite d’Air Madagascar, son manque de crédibilité financière ne lui permet pas de négocier avec les avionneurs. C’est d’ailleurs l’une des causes de l’échec des négociations avec l’avionneur brésilien Embrayer. L’autre point concerne le retour obligatoire d’Air Mada­gascar dans le système BSP (Billing and settlement plan) qui facilite les ventes des billets Air Madagascar par les agences de voyages et les compagnies aériennes dans le monde et vice versa. «Madagascar doit payer cinq millions de dollars si elle veut réintégrer dans le giron du BSP. Je suis satisfait de l’engagement du président Rajoelina pour sensibiliser sur le retour d’Air Madagascar dans le radar du BSP », souligne le ministre Ranjatoelina. Ranjatoelina a également proposé la piste des Special process agrement ou SPA. Selon ses explications, Madagascar en possède à l’heure actuelle 98 alors que cette procédure permettrait de réduire le prix des billets d’avion jusqu’à 60%. «Pour­quoi ne pas l’activer », s’interroge-t-il, avant de s’embarquer dans le vol à destination de Maputo où il participera à une réunion organisée par les Nations unies sur les cycles cycloniques.
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